Retour sur les moments forts de la conférence de presse donnée à deux voix par le Premier ministre polonais Donald Tusk et le président français Emmanuel Macron, suite à la signature du Traité pour une coopération et une amitié renforcées entre la République de Pologne et la République française. Verbatim détaillé pour un traité à forts enjeux stratégiques qui panse aussi les plaies de l’Histoire : le Président Macron est très clairement revenu sur cette « page sombre qui s’est ouverte dans les années 30 du siècle passé, lorsqu’à l’ouest de l’Europe on a cru un moment que la progression nazie ne nous touchait pas et que nous ne sommes pas intervenus ».
Traité de Nancy : une coopération bilatérale à forts enjeux stratégiques et déclarations historiques
Le Traité pour une coopération et une amitié renforcées entre la République de Pologne et la République française, signé le 9 mai 2025 à Nancy, « vise à renforcer les liens particulièrement denses existant entre la France et la Pologne [...] et va permettre de porter nos relations à un niveau inédit, 34 années après la signature du premier traité, alors que la Pologne recouvrait sa liberté ».
💡 De 1991 à 2025, deux traités, deux époques différentes
- Un tout premier traité a été signé à Nancy en 1991 entre la France et la Pologne, formalisant un partenariat stratégique visant à renforcer la coopération politique, économique, culturelle et de défense entre les deux pays, mais il est devenu obsolète.
- La version paraphée le 9 mai 2025 comporte 19 articles, dont 15 d’entres eux, portent sur la mise en place d’une réelle collaboration entre la France et la Pologne dans de nombreuses thématiques - culture, environnement, sport avec un accent tout particulier sur les enjeux de défense et de sécurité ainsi que le nucléaire.
- Les 4 derniers articles portent sur des aspects juridiques - l’entrée en vigueur, le règlement des différends, les modifications, la durée et la dénonciation.
Comme annoncé par Emmanuel Macron lors de sa visite à Varsovie en décembre 2024, le Traité de Nancy « permettra également de sceller des liens encore plus forts entre les deux pays, dans tous les domaines stratégiques, l’énergie, la défense, l’économie, l’industrie, la coopération scientifique, linguistique, ou culturelle ».
Le traité signé par les deux puissances européennes, que sont la France et la Pologne, « fixe des objectifs ambitieux et met en place des mécanismes de concertation, à commencer par des sommets annuels entre nos dirigeants » tout en visant à impliquer « l’ensemble de nos citoyens qui font la force de la relation franco-polonaise » grâce à l’instauration d’ « une journée de l’amitié franco-polonaise qui sera célébrée chaque année le 20 avril ».
Que contient le Traité de Nancy entre la Pologne et la France signé le 9 mai ?
💡 Quid de la date de sa signature, le 9 mai ?
- Le Traité pour une coopération et une amitié renforcées entre la République de Pologne et la République française a été signé le 9 mai, lors de la journée de l’Europe qui commémore la Déclaration Schuman du 9 mai 1950 actant la naissance de la Communauté économique européenne et considérée comme le texte fondateur de l’Union européenne.
- Le 9 mai succède également à l’anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie face aux forces alliées, le 8 mai 1945, qui a un goût bien différent en France et en Pologne, puisque, pour le pays de l’aigle blanc, 3 mois après, le 16 août 1945, le gouvernement polonais signait un traité avec l’URSS lui concédant ses territoires.
- Comme un contre-pied à l’Histoire, le Traité de Nancy ouvre une nouvelle page, entre enjeux sécuritaires et ambitions européennes.
Le Traité de Nancy ou l’ouverture d’une nouvelle page de l’Histoire entre la France et la Pologne, la Pologne et la France
Emmanuel Macron a déclaré : « Nous venons d’ouvrir une nouvelle page, qui seule rendra possible l’histoire européenne de demain, en fermant une page sombre qui s’est ouverte dans les années 30 du siècle passé, lorsqu’à l’ouest de l’Europe on a cru un moment que la progression nazie ne nous touchait pas et que nous ne sommes pas intervenus. Y compris lorsqu’une ville qui vous est chère, Monsieur le Premier Ministre, Gdańsk était attaquée. Et dans un deuxième temps, lorsqu’en 1947, nous avons laissé tomber un rideau de fer, qui a privé l’Europe centrale d’une prospérité à laquelle elle avait droit. [...] Avec ce traité nous ouvrons, une nouvelle page, celle par laquelle nous bâtissons une solidarité irréversible, une confiance bâtie à travers les crises et en particulier celle de ces dernières années et une volonté d’assumer à l’égard de nos peuples et pour l’Europe, le fait que de Brest à Cracovie, l’Europe se tient ensemble. Et ce traité d’amitié c’est aussi ça ».
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Amitié et coopération franco-polonaise et polono-française au coeur des enjeux européens
Emmanuel Macron : « L’amitié franco-polonaise est une alliance de cœur, qui plonge ses racines à travers les siècles, et qui est au fond constitutive de l’histoire européenne. »
Donald Tusk : « Je suis profondément convaincu que la France et la Pologne pourront compter l’une sur l’autre dans toutes les circonstances, les bonnes et les difficiles. Et nos deux peuples méritent cela. »
Emmanuel Macron : « Nous avons besoin d’une Europe souveraine, forte et compétitive. Et notre travail en commun, Pologne et France peut y apporter une contribution décisive. Nous avons une responsabilité centrale : la paix et la sécurité sur notre continent que l’agression de la Russie contre l’Ukraine ose remettre en question depuis plus de 3 ans, oserai-je dire depuis plus de 10 ans. Cette responsabilité passe d’abord par un soutien à l’Ukraine. »
Donald Tusk : « Il n’y aura pas d’Europe unie sans l’amitié et la coopération franco-polonaise et polono-française [...] le traité en est une preuve très forte. »
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Donald Tusk : « Nous sommes en train de construire la plus grande armée en Europe pour être un allié fiable pour tous ceux qui auront besoin où au moment où la Pologne en aura besoin aussi. Il s’agit de garanties de sécurité mutuelle. »
Emmanuel Macron : « Nous avons décidé d’assumer une plus grande part de responsabilité pour notre défense [...] Cette indépendance, cette autonomie stratégique ne passera que par une capacité accrue des Européens à produire leurs propres instruments de défense, leurs propres armes, leurs propres munitions, à développer une culture commune, à procéder à des opérations conjointes, mais également dans tous les domaines de dépendance qu’ils soient de recherches, de technologie, industrielles [...] C’est en cela que le traité de Nancy contribuera grandement à renforcer celle-ci, puisqu’il fonde une coopération bilatérale sur chacun de ses points. »
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Donald Tusk : « Ce traité recouvre tous les domaines importants pour la vie et la prospérité de nos citoyens et de nos citoyennes. Et parmi ces domaines, il y a la sécurité qui revêt une importance particulière. Nous parlons ici de garanties mutuelles en matière de défense et de coopération entre les industries, la défense et la technologie, la coopération dans le domaine nucléaire. »
Emmanuel Macron : « Nous ne pouvons pas réussir tout seul et la réponse n’est pas dans un nationalisme étriqué : la paix par l’Europe, la paix pour les Européens, par une plus grande solidarité et une coopération en matière économique et militaire est plus que jamais décisive pour nos pays. »
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Emmanuel Macron : « Nos coopérations économiques vont s’intensifier avec un forum économique bilatéral, un forum annuel de haut niveau sur le nucléaire civil, une coordination industrielle renforcée, notamment en matière de défense et de transport. »
Donald Tusk : « Nous allons introduire progressivement la préférence européenne dans le domaine de l’industrie de la défense. [...] Cette coopération renforcée, notamment à travers les achats communs et la coopération de nos industries de défense, n’est pas une alternative, c’est un complément par rapport à des mesures et des efforts qui ont été entamés au sein de l’OTAN. »
Emmanuel Macron : « Notre Europe, trop longtemps, a été dépendante sur le plan de sa sécurité et de sa défense de l’allié américain. Ce n’est pas le cas de la France qui a une histoire singulière dans l’Europe et qui a une armée qui est l’une des plus efficaces du continent et qui est indépendante dans toutes ses capacités par rapport aux Etats-Unis. Ce n’est pas le cas de l’Europe dans son ensemble. Pour autant nous ne voulons pas l’autarcie [...], mais au milieu il y a un chemin, il y a cette voie médiane que nous prenons, celle de l’autonomie stratégique qui fait que sur tout ce qui est essentiel nous voulons que ce soit européen et nous souhaitons coopérer avec nos alliés américains. Mais souhaiter coopérer avec un allié ce n’est pas en dépendre.C’est exactement ce que nous devons bâtir. Et donc sur les années qui viennent, c’est le défi qui est celui de tous les gouvernements européens : bâtir l’autonomie stratégique de notre Europe. Et c’est exactement ce à quoi nous contribuons par ce texte. »
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Emmanuel Macron : « Sur les capacités d’engagement des forces armées, les modes de décision dont dispose la France par sa constitution, l’organisation de nos armées, les investissements constamment faits, et la qualité de ses hommes et de son commandement, font que je n’ai aucun doute sur le fait qu’un tel déploiement serait possible face à une agression. [...] J’en veux pour preuve que, dans cette guerre d’agression contre l’Ukraine en février 2022, nous avons pu en 5 jours déployer des troupes en Roumanie. Aucun autre pays européen n’a pu le faire aussi rapidement et avec une telle masse. Donc, nous avons cette possibilité et elle sera évidemment activée si une telle agression venait à voir le jour. »
Emmanuel Macron : « Enfin, oui, je souhaite qu’il y ait et que [nous organisions] des exercices communs entre nos armées dans les mois qui viennent. »
Emmanuel Macron : « Avec les propos du Général de Gaulle, la dimension européenne de cette dissuasion nucléaire a été affirmée [...] ce qui veut dire que dans la décision de ce que sont les intérêts vitaux, et bien les intérêts de nos principaux partenaires sont intégrés. »
Transcription de la conférence de presse du 9 mai, à Nancy donnée par le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Donald Tusk : Annwenn Levêque
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