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Catherine Colonna "Les liens entre la France et la Pologne sont profonds et amicaux"

Catherine Colonna en PologneCatherine Colonna en Pologne
Capture twitter.com Ministre Colonna
Écrit par Valentin Jay
Publié le 8 juin 2022, mis à jour le 24 septembre 2024

Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a effectué le 31 mai 2022, un déplacement en Pologne, à la suite de sa visite en Ukraine du 30 mai. 

Pour rappel, le 20 mai dernier, Catherine Colonna, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes et porte-parole de l’Elysée sous Jacques Chirac a succédé à Jean-Yves Le Drian, à la tête du Quai d’Orsay depuis cinq ans. Un défi de taille pour celle qui était jusqu’à présent ambassadrice à Londres.

C’est après sa visite surprise à Kiev dix jours après sa nomination, que Mme la ministre a fait une escale à Varsovie pour discuter avec son homologue polonais M. Zbigniew Rau. Une brève rencontre pour un programme chargé : la guerre en Ukraine, sa possible adhésion à l’UE et l’épineuse question des réformes judiciaires qui ont gravement détérioré les relations entre Varsovie et ses alliés ces dernières années.

 

 

 

Transcription de l'intégralité de la conférence de presse du 31 mai dernier, réunissant Mme Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et son homologue polonais M. Zbigniew Rau

 

Zbigniew Rau : [...] C'est avec un enthousiasme sincère que j'ai accueilli madame la ministre Colonna [...]. Par les paroles de Madame Marie Curie Skodowska qui a écrit « Rien dans la vie n'est à craindre, tout doit être compris. C'est maintenant le moment de comprendre davantage, afin de craindre moins ». Ce sont les paroles de Marie Curie Skodowska. Je pense que ces mots pourraient être la devise des relations franco-polonaises.

Les deux nations, les deux sociétés, les élites politiques des deux pays devraient vouloir mieux se comprendre. Nous avons beaucoup de choses en commun mais aussi souvent l'appréciation de certaines affaires importantes nous différencient. Nous sommes cependant des alliés et au nom de notre alliance nous devons nous traiter mutuellement avec respect et estime, ce qui signifie la volonté de comprendre nos politiques, nos traditions et nos motivations.

Je désire que notre coopération politique et nos relations personnelles avec madame la ministre Colonna contribuent à l'intensification de la communication politique franco-polonaise, à l'accroissement et à l'approfondissement de nos relations économiques, et avant tout à la meilleure compréhension possible des intérêts de la Pologne en France et des intérêts de la France en Pologne. 

 

 Ce cœur doit faire partie à l'avenir de l'UE. 

Je me réjouis beaucoup que la visite de madame la ministre à Varsovie ait lieu suite à sa première visite officielle à Kiev. L'ordre des premières visites a toujours une signification politique supplémentaire. Il n'y a pas de question plus importante dans le monde d'aujourd'hui que la guerre défensive ukrainienne contre l'agression russe non provoquée et injustifiée. C'est un moment décisif dans l'histoire de l’Europe. A la suite de cette expérience, rien ne sera plus jamais comme avant la guerre, que ce soit en termes institutionnels ou politiques.

Aujourd'hui, si le monde libre ne commence pas à défendre la liberté, il cessera de pouvoir porter ce nom. Si l’UE et l'OTAN créent cette communauté de valeurs, ils ne peuvent pas ignorer les menaces que créent pour ces valeurs la Russie. Elles doivent fournir l'aide à l'Ukraine qui défend ses droits les plus fondamentaux. Celui qui ne veut pas aujourd'hui la marginalisation politique doit se mettre du côté de l'Ukraine qui lutte pour la liberté, pour l'égalité et pour la fraternité entre les nations.

Votre visite d'hier à Kiev montre que vous êtes parfaitement consciente de l'endroit où bat le cœur moral et politique de l'Europe aujourd'hui. Ce cœur doit mesdames et messieurs faire partie à l'avenir de l'UE. C'est pourquoi la Pologne se prononce pour donner le statut de candidat à l'Ukraine et par conséquent pour que l'Ukraine entame les négociations avec l'UE pour son adhésion à cette organisation. 

Nous escomptons que la France aussi soutiendra ce processus. Je dirais plus : nous escomptons que grâce à l'engagement de ce processus, la France va profiter de sa grande chance stratégique pour revenir activement au sein de l'Europe centrale et orientale. Je voudrais ici souligner que la Pologne regarde avec une grande reconnaissance les fournitures des équipements militaires fournies à l'Ukraine. Souvent c'est un équipement de la plus haute qualité mondiale. C'est un pas vers le bon sens et nous espérons que le nombre d'équipements fournis à l'Ukraine croitra. 

Nous sommes également conscients que les forces armées françaises sont orientées vers des missions expéditionnaires, nous apprécions d'autant plus l'engagement croissant de la France dans la dissuasion et la défense du flanc oriental de l'OTAN contre la Russie. Pour des raisons évidentes, la priorité de la Pologne doit être de défendre son propre territoire et celui de ses alliés sur le flanc oriental de l'OTAN. 

 

Poutine a réintroduit des méthodes criminelles dans l'arsenal politique. 

En ce qui concerne la Russie, toujours de façon réaliste nous avons jugé les processus politiques qui s'y déroulaient et d'après nous, nous n'avons pas commis de fautes. Il ne faut pas avoir d'illusions et donner à la Russie des crédits de confiance. C'est pourquoi la Russie est aujourd'hui la plus grande menace pour la paix en Europe. 

Le président Poutine, en attaquant de force l'Ukraine veut liquider l'Etat ukrainien, la souveraineté ukrainienne mais aussi le peuple ukrainien. Poutine a réintroduit des méthodes criminelles dans l'arsenal politique. L'Europe doit en tirer des conclusions politiques. Aucun cessez-le-feu, aucun Minsk 3-4-5 ne fera que le président Poutine devienne soudainement un promoteur de la diplomatie et un défenseur de la paix. 

Dans l'avenir le plus proche rien ne changera, ce qui signifie que la Russie constituera une menace existentielle directe pour tous ses voisins. Face à une telle menace toutes les autres questions politiques institutionnelles doivent passer au second plan. Pour la Pologne il n'y a pas de questions plus importantes que la défaite de l'agresseur. Pour nous, il n'y a rien de plus important que la victoire d'une Ukraine démocratique et libre. Cette question déterminera l'attitude de la Pologne à l'égard des politiques de nos partenaires.

Si l'un d'entre eux prétendra soutenir l'Ukraine, feindra la solidarité et fournira de l'aide pour finalement la retirer, les Polonais considéreront un tel comportement de manière très critique ce qui aura nécessairement un impact sur l'attitude de l'Etat polonais à l'égard d'une telle politique et de tels partenaires. 

 

La France est perçue en Pologne […] comme une puissance qui se prononce pour la liberté. 

Mesdames et messieurs, dans six mois nous célébrerons le 160e anniversaire de l'insurrection de janvier, la dernière insurrection commune des Polonais, des Lituaniens et des Ukrainiens au nom de la reconstruction de la Grande République des Trois Nations. Une insurrection contre l'impérialisme, le despotisme et la politique d'extermination russe. 
Nous nous souvenons que de nombreux combats pour notre liberté, beaucoup de volontaires français participèrent.

 

L'un des héros de ce soulèvement pour la défense de la liberté fut le colonel François Rochebrune qui a créé une force insurrectionnelle internationale composée de volontaires surnommés les Zouaves de la mort (Żuawi śmierci). C'est grâce à lui que la France est perçue en Pologne, en Lituanie et en Ukraine comme une puissance qui se prononce pour la liberté, contre le despotisme et la tyrannie.

Je vous souhaite Madame la ministre, je te souhaite chère Catherine qu'en entamant ta mission de ministre des Affaires étrangères tu puisses le plus souvent possible te référer à ses traditions françaises de liberté. Aujourd'hui je tiens à t'inviter à te joindre à nous pour honorer les grands français qui ont rejoint les Polonais, les Lituaniens et les Ukrainiens dans la lutte pour la liberté. La vôtre est la nôtre : pour notre tradition et nos valeurs communes polonaises et françaises. 

Permettez-moi, Madame la Ministre, de conclure en citant un passage d'une chanson de Władysław Żeleński qui composait en l'honneur des volontaires français de l'insurrection de 1863 contre l'impérialisme russe et la tyrannie russe.

 

Le poète a constaté que le soldat français « parmi les traditions, tient à la Pologne libre ».

Je suis persuadé qu'aujourd'hui vous pourrez répéter les paroles de ce chant par rapport à l'Ukraine. Nous tenons à l'Ukraine libre et indépendante d'intégrer également l'Union européenne. Je déclare mon soutien total pour une telle politique. Madame la Ministre je vous remercie beaucoup de votre attention.

 

Catherine Colonna : Merci beaucoup Monsieur le Ministre. Monsieur le Ministre, mesdames et messieurs, dzien dobry. Je suis heureuse d'être aujourd'hui à Varsovie à l'occasion de ma première visite comme ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Vous l'avez rappelé Monsieur le ministre, c'est la deuxième fois en une semaine que nous nous voyons : d'abord en haut des marches de [chez] notre collègue Annalena Baerbock brièvement (la ministre des Affaires étrangères allemandes, NDLR), et puis aujourd'hui chez vous et je trouve cela très bien. 

Nous avons eu notre premier entretien, je suis sûre que nous en aurons beaucoup d'autres tant les liens entre la France et la Pologne sont profonds et amicaux. Vous avez eu la bienveillance de les rappeler à travers l'histoire tant de choses nous ont unis.

 

J'ai confirmé notre détermination collectivement, ensemble, à intensifier notre soutien. 

Vous l'avez dit Monsieur le Ministre, une étroite coopération entre nos deux pays au sein de l'Union européenne et de l’OTAN est indispensable, en particulier dans le contexte dramatique de l'agression de l’Ukraine par la Russie. Le rôle de la Pologne est essentiel pour renforcer la posture de l'Alliance Atlantique sur le flanc oriental, et la France est à ses côtés dans cet effort.

Jour après jour, nos Rafales, nos AWACS sont mobilisés pour protéger l'espace aérien polonais et 300 de nos soldats ont récemment été déployés aux côtés des vôtres Monsieur le Ministre, dans le cadre de l'exercice de l’OTAN Defender Europe.

J'étais à Kiev hier, je tenais à m'y rendre au plus vite et je veux rappeler que j'ai eu l'occasion de dire à notre homologue Dmytro Kouleba comme au président Zelensky une nouvelle fois le plein soutien de la France, de l'Union européenne, de tous nos pays dans le combat de l’Ukraine pour sa souveraineté. C'est un combat que nous soutenons. 

J'ai confirmé notre détermination collectivement, ensemble, à intensifier notre soutien et à le prolonger si nécessaire dans la durée et dans toutes ses dimensions : questions humanitaires, militaires, diplomatiques, économiques, financières.

Au retour de Kiev c'est donc avec beaucoup de plaisir et tout naturellement que je suis aujourd'hui à Varsovie. La Pologne est la voisine et l'ami de l’Ukraine, elle le montre tous les jours. Elle joue un rôle d'appui et de soutien qui est un rôle exceptionnel. 

Je veux remercier la Pologne de cette solidarité remarquable. 

Et je veux commencer par rendre hommage à ce grand élan de solidarité qui a permis à la Pologne et aux Polonais d'accueillir à bras ouverts en trois mois à peine plus de trois millions et demi de réfugiés ukrainiens dont encore près de deux millions sont encore chez vous. Votre pays joue un rôle clé aussi pour l'aide humanitaire, qu'elle provienne d'ici ou qu'elle soit en transit. C'est indispensable, c'est capital et je veux remercier une nouvelle fois la Pologne de cette solidarité remarquable qu'elle a démontrée.

La France prend toute sa part à cet effort. De nombreux convois - vous les avez vus - ont traversé votre pays pour arriver en Ukraine. Nous avons nous-mêmes accueilli et nous accueillons des réfugiés. Au total ce sera plus de 2 milliards de dollars d'assistance sous toutes ses formes que la France a déjà mobilisé pour l’Ukraine. 

Nous devons - je le redis - nous mettre en situation les uns et les autres de soutenir cet effort dans la durée. A cet égard je veux rappeler le nouveau pas fait par l'Union européenne hier : 9 milliards d'euros d'aides, c'est un signal fort de notre détermination à rester aux côtés de l’Ukraine et du peuple ukrainien. C'est un effort qui ne doit pas faiblir et qui ne faiblira pas. Nous avons pu le montrer tous ensemble hier. 

Notre entretien aurait pu durer encore plus longtemps Monsieur le ministre, mais il nous a permis d'aborder beaucoup de sujets déjà : la situation en Ukraine, sa candidature, la crise alimentaire mondiale, un certain nombre de questions bilatérales. 

Nous avons commencé par échanger sur la situation en Ukraine, comparé nos analyses et tenter de réfléchir sur les perspectives, je crois que nos analyses sont proches et notre action l'ait également et elle le demeurera.

Nous voulons espérer que la Russie comprendra qu'elle s'est engagée dans une impasse. 

Vous avez mentionné la Russie. A cet égard nous souhaitons et devons renforcer encore la pression, notamment au moyen des sanctions. Le sixième paquet de sanctions adoptées par le Conseil européen - en tout cas au niveau politique hier, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement - est majeur.

Ce sera d'ici la fin de l'année plus de 90% des importations de pétrole en provenance de la Russie qui sont concernées par cet accord. Cela aura un impact fort, ce sont des sanctions historiques parce que ça signifie que cela va priver la Russie d'une très large part des revenus qu'elle tire des hydrocarbures et qui lui permettent de poursuivre son effort de guerre.

C'est donc majeur, ne sous-estimons en rien le pas qui a été franchi hier. Et puis au-delà de l'impact direct qu'auront ces sanctions, nous voulons espérer que la Russie comprendra qu'elle s'est engagée dans une impasse. 

C'est donc un paquet important et je voudrais aussi souligner devant vous que même lorsque des décisions difficiles sont à prendre par les Européens qui affectent leur capacité d'approvisionnement, qui affecteront peut-être leur mode de vie, eh bien nos Etats sauront être au rendez-vous. Ils ont su trouver un accord pour faire face à l'agression russe une fois encore, parce que ce n'est pas la première fois que nous réussissons à démontrer notre détermination. Et puis je veux à cet égard saluer également les décisions qui avaient été prises auparavant à titre national sur ce sujet par la Pologne. C'était une courageuse et bonne décision.

Notre unité en tant qu'Européens fait notre force.

Nous en avons parlé Monsieur le ministre : c'est un levier puissant. Nous devons l'utiliser et cette exigence d'unité nous guide sur tous les volets de cette crise, qu'il s'agisse de notre soutien à l’Ukraine, du sixième paquet de sanctions, de la réduction de notre dépendance énergétique, du développement de la défense européenne - sujet que nous avons à peine esquissé mais qui tient à cœur notre pays - et d'une façon générale de notre action collective sur tous les sujets.

L'un d'entre eux est à la fois important et urgent, vous venez de le mentionner : il s'agit de ce que nous pouvons faire et devons faire pour limiter les risques de crise alimentaire mondiale. Nous sommes d'accord sur le fait qu'il y a urgence, nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut être en appui des autorités ukrainiennes. Quelles que soient les options qui seront étudiées, nous devrons nous efforcer de les soutenir. Le président de la République s'est exprimé aujourd'hui même de façon extrêmement claire en ce sens et toutes les options doivent continuer d'être étudiées.

Nous espérons que ce Conseil européen permettra d'adresser un geste positif à l’Ukraine.

Nous avons aussi évoqué la place qui revient à l’Ukraine dans la famille européenne, vous l'avez dit Monsieur le Ministre en donnant le point de vue de la Pologne.

C'est une question qui sera discutée au Conseil européen les 23 et 24 juin prochains, notamment au regard de la demande faite par l’Ukraine de se voir reconnaître le statut de candidat.

Sur ce point je redis que nous espérons que ce Conseil européen permettra d'adresser un geste positif à l’Ukraine, qui fait partie de la famille européenne et qui nous rejoindra un jour. 

Nous attendons bien sûr l'avis de la Commission - nous ne le connaissons pas encore - il doit être rendu d'ici le 15 juin. Et sur la base de cet avis qui portera sur la demande d'adhésion de l’Ukraine nous espérons que les Européens pourront donner des réponses dans l'esprit positif que nous appelons l'un et l'autre de nos vœux. 

Mais d'ores et déjà comment créer des solidarités concrètes ? Nous en avons parlé avec le ministre, nous en parlons avec tous nos partenaires. La France a pris une initiative qui consiste à demander que l'on réfléchisse pour offrir aux différents pays qui ne sont pas encore dans l'Union européenne ou qui n'ont plus voulu y être ou qui n'y seront pas parce qu'ils ne sont pas candidats, réfléchir aux moyens de renforcer concrètement et dès maintenant les coopérations que l'Union européenne peut entretenir avec elle dans un intérêt mutuel qu'il s'agisse des secteurs des transports, de l'énergie, des communications, des infrastructures. 

Nous trouverons j'en suis certaine et je veux être à nouveau aussi claire que possible comme je l'étais hier : ce n'est pas une alternative à l'adhésion, c'est quelque chose que nous devons faire rapidement et dès maintenant de façon à préparer davantage la marche vers l'adhésion et gagner du temps. Je l'ai expliqué hier en Ukraine, et je l'ai redit aujourd'hui auprès de vous, Monsieur le Ministre.

Je salue les efforts qui ont été faits par la Pologne dans le cadre de la réforme de son système judiciaire. 

Nous avons également évoqué comme nous le faisons toujours dans ce cadre bilatéral la nécessaire unité des Européens dans nos valeurs et je pense là évidemment aux questions relatives à l'Etat de droit. Et à ce titre - je vous l’ai dit Monsieur le Ministre - je salue les efforts qui ont été faits par la Pologne dans le cadre de la réforme de son système judiciaire, ce sont de premiers pas.

Je forme l'espoir que vous saurez poursuivre sur ce chemin de façon à ce que le plan de relance puisse être mis en œuvre aussi rapidement que la marche de vos décisions le permettra. 

Enfin, nous avons échangé sur l'accélération de notre indépendance énergétique, le renforcement de nos capacités de défense, la transition écologique, quelques autres sujets bilatéraux. Je crois que nous avons une bonne entrée en matière, une atmosphère chaleureuse. 

Nous avons encore tant à échanger Monsieur le Ministre, et donc en votre honneur - je tiens à le dire aux journalistes qui sont là - je porte le petit cadeau que vous avez bien voulu m'offrir et qui n'est pas du tout un cadeau protocolaire. C'est un geste d'amitié, et pour ma part, j'en ai fait un, dont j'espère qu'il répond à vos souhaits et à nos relations franco-polonaises, que nous voulons poursuivre dans la continuité de ce qu'elles ont été historiquement en regardant vers l'avenir. 
Merci beaucoup Monsieur le Ministre.

 

Questions de la presse

 

1/ Sur l’impact du sixième paquet de sanctions venant d’être décidé par le Conseil européen

Question de la Télévision polonaise : Bonjour Monsieur le Ministre, je voudrais vous demander un commentaire à propos du sixième paquet de sanctions. Monsieur le Ministre : pouvons-nous dire directement que les activités diplomatiques ont des effets et que ce sera aussi une révolution économique ? Merci beaucoup. 

 

Zbigniew Rau : Certainement. Les efforts diplomatiques polonais, dès la première journée de l'agression russe en Ukraine, visaient à faire en sorte que les sanctions soient adéquates aux besoins complexes mais aussi efficaces. Vraiment, il faut traiter le sixième paquet comme un élément très important d'une part dans l'œuvre commune d'affaiblir la Russie et de ne pas lui permettre de vaincre, et d'autre part comme l'a indiqué madame la ministre c'est le début d'un processus beaucoup plus vaste qu'a toujours voulu la Pologne. C'est-à-dire un mouvement d'indépendance des fournitures énergétiques en provenance de la Russie. Nous avons déjà effectué des efforts afin de devenir indépendant il y a des années mais maintenant nous avons la satisfaction que nos partenaires au sein de l'Union européenne suivent la même voie et tâchent d'agir lentement mais sûrement pour pouvoir parvenir à une telle indépendance. Grâce à cela, l'Union européenne sera beaucoup plus indépendante et beaucoup plus en sécurité, cela est dans l'intérêt de nous tous : non seulement de la Pologne ou de la France mais aussi de tous ceux qui habitent en Europe. Madame la Ministre ?

 

Catherine Colonna : Je ne peux que confirmer ce qu'a dit le ministre de son côté, nous avons une unité de point de vue sur ce point. La Pologne avait pris des décisions courageuses, la France pour sa part a beaucoup milité pour que les Européens, quelle que soit la difficulté objective de prendre ce type de décision puissent l'adopter aussi rapidement que possible. Nous ne sommes pas pour notre part aussi dépendants des hydrocarbures russes que d'autres pays européens mais nous avons vraiment voulu que tous ensemble nous puissions adopter une décision. C'est une décision importante : il faut bien réaliser que cela va priver la Russie d'une partie de ses revenus rapidement d'ici la fin de l'année et la prive ainsi d'une partie de sa capacité à financer la guerre. J'ajoute comme je l'ai fait tout à l'heure que ça doit être aussi pour elle un message, elle doit comprendre qu'elle s'est engagée dans une impasse, que cette agression que rien ne justifiait doit cesser et qu'elle doit revenir à des comportements d'Etat membre de la communauté internationale respectant ses obligations - ce qu'elle ne fait pas - respectant le droit international - ce qu'elle ne fait pas - ayant mené une guerre d'agression qui doit cesser le plus rapidement possible et respectant aussi le droit international humanitaire - ce qu'elle ne fait pas. Voilà notre message et nous sommes unis pour le porter.

 

2/ Sur les réformes qu’ils restent à mener pour préserver l’Etat de droit en Pologne

 

Question d’une journaliste de RFI : Vous avez mentionné la question de l'Etat de droit. Ursula von der Leyen est attendu ce jeudi à Varsovie pour signer le plan de relance national polonais. Vous avez parlé de la réforme judiciaire adoptée par la chambre basse du Parlement, est-ce que vous pensez qu'elle est suffisante pour donner des gages pour débloquer l'argent du plan de relance sachant que les défenseurs de l'Etat de droit dénoncent un leurre ?

 

Catherine Colonna : On ne peut pas contester Madame que des changements législatifs sont en train d'être introduits. Ce sont ceux que la Pologne a souhaité faire. J'ai formé tout à l'heure à la fois l'expression de notre satisfaction de voir que des progrès avaient été faits et celle d'un espoir que ces progrès se poursuivent. Alors si dans quelques heures ou dans quelques jours la Commission dans son appréciation considère que ces pas sont suffisants, bien sûr c'est l'évaluation qui lui sera propre mais c'est celle que nous suivrons en tant qu'Européens ,après avoir je crois clairement marquer nos différences de point de vue. Je ne suis pas venu - et je l'ai dit au ministre - pour souligner nos différences. Il les connaît, elles sont assumées de part et d'autre. Mais pour trouver une voie, et nous sommes en train de progresser pour nous réunir sur les valeurs européennes permettant d'avancer sur notamment le plan de relance. Mais il n'y a pas que des sommes d'argent à la clé, il y a beaucoup plus.

 

Cet article est la transcription de la conférence de presse donnée le 31 mai dernier entre les deux ministres des Affaires étrangères. Vous pouvez retrouver la vidéo source  ici.

 

 
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