Dans un contexte de crises énergétiques et géopolitiques, la Pologne a entrepris une profonde transformation de ses sources d'approvisionnement en énergie, visant à réduire sa dépendance historique envers la Russie. Cette initiative prend racine bien avant l’invasion massive de l’Ukraine, en février 2022, et trouve son origine dans l’héritage de la période communiste qui liait étroitement la Pologne et la Russie sur le plan énergétique.
Diversification de ses sources d’approvisionnement énergétique : la Pologne a en fait sa priorité
Les interconnexions énergétiques polono-russes, telles que les pipelines, ont longtemps été des symboles de cette dépendance. En 2020, environ 80 % des importations en hydrocarbures de la Pologne provenaient de la Russie. Toutefois, l’invasion russe de l’Ukraine a montré que l’atout énergétique pouvait être utilisé comme un moyen de pression dans les relations internationales, notamment envers les États importateurs. La sécurité énergétique - qui peut être définie pour les États importateurs comme l’accès ininterrompu à des ressources énergétiques à un prix raisonnable - constitue donc un véritable enjeu de souveraineté et d’indépendance nationale.
La Pologne a donc fait de la diversification de ses sources d’approvisionnement énergétique sa priorité. En 2022, le pays a réussi à se déconnecter totalement des livraisons de gaz en provenance de Russie. Varsovie s’est tournée vers d’autres fournisseurs, notamment la Norvège, le Qatar et les États-Unis. De plus, la Pologne investit massivement dans les énergies renouvelables et à bas carbone, respectivement des parcs éoliens en mer et des centrales nucléaires.
L’essentiel de la diversification des approvisionnements énergétiques de la Pologne passe par l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) et d'hydrocarbures en mer, acheminés par des méthaniers depuis les États-Unis ou le Qatar, ou par le biais de pipelines sous-marins, tels que le Baltic Pipe, qui relie les champs pétroliers norvégiens aux côtes polonaises.
Dans l’environnement maritime international dégradé, cette diversification soulève des préoccupations en matière de sécurité énergétique sur différents points
1- La sécurité des méthaniers et des transporteurs :
La Pologne doit être en mesure de protéger ces navires contre diverses menaces, notamment la piraterie dans les goulots d’étranglement mondiaux (Ormuz, Malacca), de leur porter secours en cas de catastrophes environnementales ou encore de la possibilité de leur fournir une escorte en cas de force majeure (crise régionale, guerre).
2- La sécurité des pipelines sous-marins :
La protection des installations sous-marines contre les capacités d’autres États est cruciale pour garantir un approvisionnement énergétique fiable - les exemples des fuites sur Nord Stream 2 ou Balticconnector l’illustrent bien.
3- La sécurité des infrastructures :
Les infrastructures énergétiques polonaises telles que les ports (Gdańsk, Gdynia) et les terminaux gaziers (Świnoujście), sont vulnérables en cas de conflit avec la Russie, notamment en raison de leur proximité avec l’enclave de Kaliningrad et de ses missiles Iskanders qui couvrent la région.
De plus, les menaces ne se limitent pas à la sphère conventionnelle. Les infrastructures énergétiques peuvent être vulnérables aux cyberattaques, comme cela a été démontré en Ukraine en 2015, lorsque le système de distribution électrique du Donbass a été paralysé par un virus informatique russe.
Ainsi, que doit faire la Pologne sur le plan militaire et maritime pour assurer la sécurité de ses approvisionnements ? Nous le verrons dans le prochain article sur les besoins capacitaires maritimes polonais dans sa stratégie de sécurité énergétique.
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