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France-Italie, deux pays dans le miroir, sous la loupe de l’Ipsos en 2024

Dans le cadre du Forum annuel des Dialogues franco-italiens pour l’Europe, arrivés à leur 7e édition et organisés les 11 et 12 juin à Paris, la nouvelle enquête Ipsos réalisée pour The European House – Ambrosetti a été dévoilée. Dans la lignée du sondage de 2019, les Français manifestent toujours plus de sympathie pour l’Italie que l’inverse.

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Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 16 juin 2024, mis à jour le 17 juin 2024

Relations bilatérales, compétitivité industrielle, inégalités, identité méditerranéenne, environnement et énergie… L’Ipsos a passé à la loupe l’opinion des Français et des Italiens sur des thématiques essentielles aux Dialogues franco-italiens pour l’Europe, une initiative créée par les universités Sciences Po et Luiss Guido Carli en collaboration avec The European House - Ambrosetti. L’enquête 2024, intitulée « France-Italie, deux pays dans le miroir », a été présentée lors du Forum annuel des Dialogues les 11 et 12 juin 2024 à Paris, par Nando Pagnoncelli, président de Ipsos Italia et Marc Lazar, Professeur émérite à Sciences Po et titulaire de la chaire BNL – BNP Paribas "Relations franco-italiennes en Europe" à la Luiss Guido Carli.

 

nando pagnoncelli marc laza
Nando Pagnoncelli (à gauche) ;  Marc Lazar (au centre)


Relations France-Italie : une asymétrie persistante entre l’opinion française et italienne

Après le sondage de 2019, cette année encore, on constate une forte asymétrie entre l’opinion française et italienne sur la relation entre les deux pays. La perception des Français à l’égard de l’Italie est positive : 79% des Français estiment que les relations franco-italiennes sont assez bonnes, soit 5 points de plus que l’année dernière. C’est surtout 23 points de plus que la perception italienne à l’égard des relations avec la France, limitée à 56%.

Les Français manifestent toujours plus de sympathie pour l’Italie que l’inverse. L’enquête recense 62% de sympathie française pour l’Italie, contre 30% de sympathie italienne pour la France. Néanmoins, le sentiment d’antipathie des Italiens à l’égard de la France diminue en 2024 (16% cette année contre 33% en 2019). En France, ce sentiment reste bien faible, et stable à 7% en 2024 contre 6% en 2019.
Progression de l’indifférence côté italien pour la France
Notons toutefois une progression de l’indifférence côté italien pour la France : 54% en 2024 contre 42% en 2019. Côté français, le sentiment d’indifférence à l’égard des Italiens reste pourtant stable, à 31%.
« Ces sentiments sur les relations franco-italiennes sont à prendre en considération dans les activités entre les entreprises », souligne le professeur Marc Lazar, en présentant les résultats de l’enquête.

D’ailleurs, concernant le rapport entre les entreprises françaises et italiennes, 32% des Français interviewés considèrent que le rapport est à la collaboration, contre seulement 23% pour les Italiens. Ils estiment également le rapport moins concurrentiel que ne le pense les Italiens (respectivement 29% et 36%) et surtout moins conflictuel que ne le pensent les Italiens.

 

Diapositive projetée sur écran dialogues franco-italiens


Concernant le volet « Compétitivité industrielle », les citoyens des deux pays s’accordent sur le rôle significatif de la France dans la croissance et le développement du continent, tandis que la perception du rôle de l’Italie est plus partagée. Cependant, Français et Italiens s’accordent à dire que la collaboration entre les deux pays peut apporter des bénéfices économiques, respectivement à 35% et 34%.
Interrogés sur la perception des inégalités dans chacun des pays, Français comme Italiens constatent une présence significative d’inégalités économiques, sociales, territoriales et de genre, avec une perception légèrement plus élevée en Italie, notamment en ce qui concerne les inégalités économiques et territoriales.

Par ailleurs, l’Ipsos s’est attachée à interroger les citoyens français et italiens sur leur identité méditerranéenne. Premier constat : chacun se sent plus proches des pays d’Europe du Nord que de ceux d’Afrique du Nord. Les deux pays considèrent davantage la Méditerranée comme un lieu de partage culturel que comme une frontière (63% des Italiens contre 54% des Français). Les Italiens apparaissent toutefois plus enclins au développement des rapports et des partenariats avec la Méditerranée, 39% en matière économique (contre 29% pour les Français), 34% en matière d’éducation (contre 26% côté français) et 42% en matière d’énergie, contre 29% des citoyens français interrogés.
Une différence qui résulte logiquement de la situation géographique de l’Italie, de son histoire et de sa culture.

Comme lors des éditions précédentes, l’Ipsos a sondé les citoyens français et italiens sur la transition énergétique. En cinq ans, la connaissance du concept de transition énergétique progresse dans les deux pays : 27% déclarent bien connaître le concept en Italie (contre 19% en 2019) et 30% côté français (contre 24% en 2019).
La mise en œuvre de la transition énergétique et ses conséquences sont perçues de manière plus positive en Italie. Pour 42% des Italiens, elle représente une opportunité de croissance et de développement contre 33% des Français. D’ailleurs, 44% des Italiens voudraient que leur pays accélère le processus de développement de la transition énergétique, contre près de 10 points de moins pour les Français. Les énergies renouvelables ont la préférence dans les deux pays et le soutien à l’énergie nucléaire diminue. 41% des Italiens interrogés se déclarent malgré tout favorables à la construction de centrales dans leur pays (où l’énergie nucléaire n’est pas présente), mais 45% sont contre ; alors que 53% des Français se déclarent favorables à l’extension de centrales dans leur pays, mais seulement 26% sont contre. 

 

Autre thème abordé, l’impact de la transition démographique sur le travail. Rappelons que l’Italie traverse un inquiétant hiver démographique depuis plusieurs années, et s’illustre comme le deuxième pays le plus vieux au monde après le Japon (un Italien sur cinq est âgé de plus de 65 ans). La France, l’un des pays européens au taux de fécondité les plus élevés, assiste quant à elle à un léger fléchissement des naissances depuis 3 ans.

Aussi, les deux pays prévoient des pressions sur les systèmes de retraite et une réduction de la population active, mais aussi une augmentation de la demande de services de santé et d’aide à la personne. Les Français se disent plus inquiets pour les questions de santé alors que les Italiens s’inquiètent davantage de la réduction de la main d’œuvre en Italie. En outre, les Italiens apparaissent plus pessimistes : 38% estiment que leur pays gérera moins bien le problème démographique que les autres pays, contre 26% des Français.
Les deux pays reconnaissent donc l’importance de s’attaquer à ces questions, soulignant la nécessité d’une collaboration et d’une compréhension mutuelle accrues.

Un témoignage de l’amitié franco-italienne

Et c’est notamment à cet égard qu’œuvrent les Dialogues franco-italiens pour l’Europe depuis leur première édition en 2018. Sous le patronage de l’Ambassade d’Italie en France et de l’Ambassade de France en Italie, chaque année, la plateforme de discussions réunit des dirigeants français et italiens, et favorisant les échanges avec les institutions publiques autour de questions prioritaires. L’objectif : renforcer les liens bilatéraux au niveau économique, académique et culturel, dans une perspective européenne, pour l’avenir de l’Europe et des jeunes générations.
La septième édition - France et Italie : l'Europe et la Méditerranée - a ainsi discuté les résultats des élections européennes, leur impact sur les deux pays et sur leur relation bilatérale, l'autonomie énergétique, les infrastructures et les transports, la durabilité sociale et les jeunes.

 

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