Le jardin de la Villa Reale de Milan, transformé avec « Under the Sun, Beyond the Skin »

Les sculptures géantes de Sara Enrico meublent et colorent le parc de la Villa Reale de Milan.

Spécialement conçues pour le contexte particulier du parc de la Villa Reale, la série Under the Sun, Beyond the Skin est née d'une réflexion sur le jardin comme lieu où la nature est fonctionnelle au projet paysager : une construction humaine, modelée selon des canons esthétiques, philosophiques et sociaux, où s'entremêlent éléments naturels et superstructures culturelles.

Partant du dualisme entre nature et artifice, l’artiste italienne a créé « un paysage dans le paysage » : une série de sculptures qui peuplent le jardin sans se fondre dans le décor, mais au contraire en créant une tension subtile entre le règne végétal et une idée de vitalité synthétique, entre ce qui naît spontanément et ce qui est le fruit d'un geste conscient. Depuis toujours lieu de représentation et de réflexion, le jardin devient un espace de résonance où les œuvres de l'artiste dialoguent avec l'environnement qui les entoure, générant un équilibre instable qui met en jeu la continuité et les frictions entre l'œuvre, le contexte et le spectateur.

L'artiste italienne a réalisé cinq interventions réparties à différents endroits du parc, le long d'un parcours qui le traverse dans son intégralité, en suivant ses lignes architecturales, les pleins et les vides, la verticalité et l'horizontalité, rythme naturel et construit.

Sur la terrasse de la Villa, on rencontre les surprenantes sculptures de la série The Jumpsuit Theme (2023; 2024; 2025), nées d'une recherche sur la combinaison en « T » inventée par le futuriste Thayaht en 1919, et réalisées en coulant du ciment et des pigments dans un coffrage souple en tissu technique muni de fermetures à glissière.

Avec Beyond the Skin (2025), installée sur la vaste étendue de pelouse devant la Villa, on découvre une œuvre est composée de vingt-trois éléments, issus d'une série de blocs industriels en mousse nautique, et recouverts d'un tissu technique utilisé pour les vêtements de sport.

En poursuivant son chemin depuis la pelouse vers l'intérieur du jardin, le visiteur découvre Carriers (2025), une sculpture qui se concentre sur une série d'éléments préexistants dans le parc, à savoir les fragments du tronc d'un arbre monumental abattu par une tempête. L'artiste récupère ici les morceaux du tronc et modifie leur « posture », les soulevant partiellement du sol à l'aide de supports colorés en fer qui semblent leur redonner vie. Les supports métalliques captivent le regard et l'accompagnent sur la surface de l'écorce, où prolifèrent mousses, champignons et moisissures, évoquant la verticalité désormais perdue et suggérant en même temps le début d'un nouveau cycle de vie.

Enfin, les deux sculptures Bodiless Observer (2025), qui clôturent le parcours de l'exposition, sont issues d'une réflexion sur l'acte même de regarder et du désir de l’artiste de créer une relation avec l'espace à travers un regard devenu physique. Réalisées en verre et en ciment, ces œuvres ont une forme circulaire et concave, comme des coquilles dont on peut observer l'intérieur et l'extérieur.