L'art et le surnaturel : Fata Morgana de la Fondation Trussardi, au Palazzo Morando
La nouvelle exposition de la Fondation Nicola Trussardi est un voyage dans le mystère installé dans le Palais de la comtesse Lydia Caprara Morando Attendolo Bolognini, le Palazzo Morando.


Découvrir des lieux cachés, porter l'art contemporain dans des lieux différents, vivants et inattendus est une mission que la Fondation Nicola Trussardi mène depuis 23 ans et qui trouve son dernier aboutissement dans l'exposition "Fata Morgana : souvenirs de l'invisible", récemment inaugurée au musée Palazzo Morando.
Cette exposition fait suite au succès des grands projets d'exposition organisés par la Fondation Nicola Trussardi en collaboration avec d'autres institutions milanaises, qui ont marqué la vie culturelle de la ville au cours des vingt dernières années : La Grande Madre (Palazzo Reale, 2015) et La Terra Inquieta (Triennale Milano, 2017).
La Fondation Trussardi s’immisce dans la Palais de la comtesse Lydia Caprara Morando
Fata Morgana : Mémoires de l'Invisible a été conçue par la Fondation Nicola Trussardi spécifiquement pour les espaces du Palazzo Morando et prend forme à partir d'un dialogue avec le palais – un élégant bâtiment baroque situé au cœur du quartier de la mode –, son histoire et ses collections. Aujourd'hui musée dédié à la mémoire historique et aux coutumes de la ville de Milan, le Palazzo Morando était en réalité la demeure de la comtesse Lydia Caprara Morando Attendolo Bolognini (1876-1945), figure marquante de la société milanaise de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Femme de culture et mécène, la comtesse a construit une bibliothèque extraordinaire consacrée à des disciplines alors considérées comme excentriques et marginales : l'alchimie, la théosophie, le spiritisme, l'ésotérisme et l'occultisme. Cette collection est aujourd'hui conservée aux Archives historiques civiques et à la Bibliothèque Trivulziana.
Le titre du projet évoque la figure mythologique de la Fée Morgane, figure légendaire du cycle arthurien, gardienne de secrets et d'illusions, souvent associée à des lieux mystérieux comme l'île d'Avalon, porte d'entrée entre le monde des vivants et celui des morts. Dans l'imaginaire collectif, elle est une puissante sorcière, tantôt bienveillante, tantôt impitoyable, capable de lancer des sorts, d'enchantements et de tromperies, mais aussi, dans des interprétations plus récentes, une femme libre, indépendante et atypique, qui vit sans se plier aux règles de la société.

Un musée dans un musée
L'exposition s'inspire du poème « Fata Morgana », composé par André Breton en 1940, lors de son exil à Marseille, fuyant l'avancée nazie. Dans ces pages visionnaires, ponctuées d'apparitions soudaines et d'oracles énigmatiques, Breton évoque un ailleurs où le visible et l'invisible se confondent, où le rêve et la réalité s'entremêlent jusqu'à la dissolution de leurs frontières. C'est à partir de cette imagerie, suspendue entre enchantement et révélation, que prend forme « Fata Morgana : Mémoires de l'invisible », conçu comme un musée dans le musée, en lien avec les espaces évocateurs du Palazzo Morando.
Un atlas de l’invisible
À travers plus de deux cents œuvres (286) comprenant peintures, photographies, films, documents, dessins, sculptures et objets rituels, l'exposition présente une constellation de soixante-dix-huit figures – médiums, mystiques, visionnaires, artistes contemporains – qui ont tenté d'ouvrir des passerelles entre le monde terrestre et les dimensions invisibles. L'exposition explore les contaminations entre les arts visuels et le mysticisme, les phénomènes paranormaux, le spiritualisme, l'ésotérisme, la théosophie et les pratiques symboliques, démontrant comment des recherches considérées comme excentriques ou marginales ont eu le pouvoir de saper des conventions établies, redéfinissant ainsi le rôle de l'art dans la société.
Il en résulte un véritable atlas de l'invisible, peuplé d'extases, d'apparitions et de visions médiumniques, traduisant la puissance imaginative d'expériences capables de redéfinir les frontières mêmes de l'art. Loin de chercher à démontrer la véracité du surnaturel, Fata Morgana explore plutôt comment, du XIXe siècle à l'époque contemporaine, ces pratiques ont reflété les angoisses et les désirs collectifs, interrogeant les relations entre savoir et mystère, foi et science, mémoire et imagination.
Informations pratiquesFini le4janv.
Jusqu'au 4 janv. à 19:00
Adresse
via Sant'andrea 6
MI
milano
Horaires
Mardi - Dimanche, 10h00 - 19h00 Fermé le lundi ENTRÉE GRATUITE




