La collaboration entre la France et l’Italie a été passée à la loupe dans le cadre d’une étude réalisée par Ipsos et la Chambre de commerce française en Italie, présentée jeudi dernier à Milan. Premier constat : 94% des dirigeants interrogés ont un sentiment positif et confiant pour le futur.
L'Italie et la France sont de plus en plus proches dans la collaboration économique, scientifique et culturelle : non seulement un « savoir-faire » commun, mais aussi une volonté de « faire ensemble », dans une collaboration jugée « gagnant-gagnant » et stratégique.
C’est ce que confirme l'étude : "Relations Italie-France - Développement de la collaboration pour générer de la valeur", réalisée par la CCI France Italie - Chambre de Commerce avec IPSOS, présentée le 25 mai à Milan au siège de Havas Village, en présence de Nicola Neri, CEO d’Ipsos. L’enquête menée entre le 12 avril et le 5 mai 2023, est née d'un travail d'analyse sur 101 C-Level et personnalités managériales d’entreprises italiennes et françaises ayant leur siège opérationnel en Italie ou en France et actives dans les secteurs des services, de l'industrie et du commerce.
L’Observatoire sur le climat relations France-Italie a vocation à devenir annuel, et pas seulement dans le secteur économique, mais aussi dans les domaines de l’innovation, la durabilité, ou encore les projets culturels.
Volonté de renforcer la collaboration entre les entreprises franco-italiennes
L'étude menée par Ipsos montre que pour 78% des personnes interrogées, la collaboration actuelle entre les entreprises italiennes et françaises est positive, tout comme le sentiment sur l'évolution de l'activité, évalué avec satisfaction par 94% des personnes interrogées, avec une perception dominante (82 %) d'une amélioration supplémentaire dans les 2-3 prochaines années.
Les trois domaines dans lesquels une plus grande proximité entre les deux pays émerge sont : la qualité des produits/productions (90% de sentiment positif) ; l’attention aux enjeux ESG (83%) ; l’attention à l'environnement (82%). Les deux pays sont plus éloignés, mais toujours en terrain positif, en ce qui concerne l'attention portée aux questions sociales (68%), la transition énergétique (61%) et la capacité à se rapporter à l'Europe (55%).
« La collaboration entre l'Italie et la France est plus vivante et efficace que jamais, et les données de l'enquête Ipsos le confirment », a commenté Denis Delespaul, Président de la CCI France Italie. Et d’ajouter : « Il existe une large synergie et complémentarité entre les systèmes économiques et productifs des deux pays, mais, surtout, il y a la perception que le renforcement de cette collaboration peut apporter des avantages importants pour les deux, également dans les relations avec les institutions européennes. »
France-Italie : discordance sur les facteurs d'attractivité des investissements
Les évaluations des facteurs d'attractivité des investissements dans les deux pays sont plus discordantes. L'Italie n'est favorisée par rapport à la France que pour les coûts salariaux (35% contre 22% en France), mais la comparaison avec Paris est beaucoup plus critique sur d'autres aspects cruciaux : transition numérique (38% vs 14%), logistique et transports (40% vs 12%), transition énergétique (37% vs 16%).
C'est surtout dans les relations avec le secteur public qu'apparaissent les plus grandes différences : en matière de bureaucratie et de simplification, les Français apparaissent nettement en avance (49% contre 12%), ainsi que dans la compréhension des lois et règlements (46% vs 7%), en présence d'incitations publiques (44% vs 17%), au niveau de la fiscalité (34% vs 13%). L'accès au crédit est également plus favorable côté français (33% vs 10%). Si dans la perception des interviewés il existe un écart important entre l'Italie et la France par rapport à la capacité des secteurs public et privé à collaborer, en faveur de ces derniers, là où la collaboration réussit à s’établir, les effets semblent garantir de bons résultats dans les deux pays.
Du côté des entreprises privées, la collaboration entre entreprises italiennes et françaises conduirait à un pouvoir de négociation plus important par rapport à l'Union européenne (63%), à une augmentation de la solidité financière des entreprises (43%), à un avantage concurrentiel (62%) et à des conditions favorables à la croissance des échanges (55 %) pour les deux pays. Par ailleurs, la quasi-totalité des personnes interrogées affirment qu'une plus grande proximité apporterait également des bénéfices importants pour la RSE, un domaine stratégique pour l'économie de demain. Cela, notamment en favorisant l'égalité des sexes (44 %), en encourageant le développement de chaînes d'approvisionnement durables (42 %), en luttant contre le changement climatique (40 %), en garantissant des relations équitables et respectueuses avec les partenaires commerciaux (fournisseurs, distributeurs, consultants : 40 %).
Impulsion vers une plus grande coopération
Dans ce contexte, l'échange entre les entreprises italiennes et françaises est déjà en cours mais il pourrait être amélioré au cours de cinq prochaines années pour ajouter davantage de valeur et garantir un effet gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes.
Les secteurs dans lesquels il existe déjà une forte collaboration aujourd'hui sont le secteur de la mode, le secteur automobile et le commerce/grande distribution pour lesquels, cependant, il y aurait encore de la place pour un développement plus poussé de la coopération.
Il existe par ailleurs certains secteurs où la collaboration est présente mais de manière plus limitée. Une impulsion vers une plus grande coopération est notamment souhaitée dans les domaines du transport et logistique (65% des entreprises interrogées déclarent que même si elles trouvent une collaboration, la poursuite du développement est fondamentale), chimie/pharmacie (58%), mécanique/machines (55%) et agro-alimentaire (54%).
103,8 milliards d'euros d’échanges commerciaux bilatéraux
Selon le rapport économique Italie-France 2022 produit par le ministère français de l'Économie, l'Italie et la France sont le deuxième client l'une de l'autre. Un commerce bilatéral qui a une valeur totale de 103,8 milliards d'euros et qui souligne l'impact et l'importance des relations et des échanges économiques italo-français. En France, il existe environ 2.000 entreprises italiennes représentant 80.000 emplois directs tandis qu'en Italie, selon les données de l'Istat, il existe plus de 2.000 filiales françaises représentant 290.269 emplois.
Rappelons que 2022 a été une année record pour les investissements italiens en France avec le lancement de 139 projets, soit une augmentation de 45% par rapport à 2021. La France quant à elle, s'affirme comme le premier investisseur étranger en Italie.
Une collaboration franco-italienne qui sera à nouveau célébrée lors du gala de remise des prix « Farnèse d'or », organisé par la CCI France Italie, qui se tiendra à Rome au Palazzo Farnèse, siège de l’Ambassade de France en Italie le 22 juin prochain.