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Adam Koniuszewski : 7.000 kilomètres sur les traces du rideau de fer #TearTheWallTour

Nous avons rencontré Adam Koniuszewski au cours de l’une de ses étapes à vélo, sur ce qu’il nomme #TearTheWallTour, un périple de 7.000 kilomètres sur l’ancien territoire du rideau de fer, à travers 20 pays, pour marquer le 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin. L’occasion, pour Adam Koniuszewski de revenir sur cet événement qui a changé la face du monde, son parcours avec ses proches ayant fui la Pologne en 1974 et ce périple, aujourd'hui, derrière le rideau de fer, comme un hommage au courage de sa famille et un moyen de célébrer le prix payé pour la liberté. Et surtout, ne jamais oublier !

Adam Koniuszewski (casquette orange) devant la Porte de Brandebourg en 1989 et en 2024Adam Koniuszewski (casquette orange) devant la Porte de Brandebourg en 1989 et en 2024
Adam Koniuszewski devant la Porte de Brandebourg en 1989 (casquette orange), puis en 2024 - Photos : #TearTheWallTour
Écrit par Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Publié le 5 novembre 2024, mis à jour le 6 novembre 2024

Le #TearTheWallTour fait écho à l'appel prophétique lancé par le président américain Ronald Reagan le 12 juin 1987 à Brandebourg à son homologue soviétique, Mikhaïl Gorbatchev pour « abattre ce mur ! ».

Lepetitjournal.com : Vous faites partie de cette génération de Polonais qui a dû se construire « ailleurs » : votre famille avait fui et ne pouvait plus rentrer en Pologne sous peine de poursuites, racontez-nous, Adam, cette « exfiltration » qui a débuté sur un air de vacances ?

Adam Koniuszewski : Mon père, ingénieur civil, était responsable de la construction d'un pont à Varsovie lorsqu'un accident sur le chantier a conduit à son arrestation. Pendant la nuit, il a été détenu et a été victime de chantage par les représentants du régime communiste : on lui a suggéré que s’il adhérait au parti, il serait libéré sur-le-champ. Il n’était pas question pour mon père de céder à une telle proposition. Cette expérience a profondément marqué mon père, mes parents plus largement.

Quelque temps plus tard, nous avons obtenu de manière inattendue un visa familial pour des vacances en Espagne et n'avons jamais regardé en arrière. Mes parents ont fait leurs bagages pour partir en emportant uniquement l'essentiel et leurs souvenirs. Nous avons vécu temporairement à Charleroi, en Belgique, pendant que mon père travaillait sur la construction de la célèbre structure métallique de la Cour de justice de l’Union européenne au Luxembourg.

 

Pourquoi le Luxembourg ? 

Le Luxembourg n'est pas arrivé sur notre chemin par hasard. Pendant la Seconde Guerre mondiale, mes grands-parents, en zmuszeni do pracy - que l'on pourrait traduire par « mission de travail forcé » - en Pologne, ont rencontré une famille luxembourgeoise, la famille Calmes, qui avait été envoyée en Pologne. Mes grands-parents, connaissant parfaitement le français, et les deux familles ont développé des liens étroits au point que Marguerite Calmes est devenue la belle-mère de mon père.

Après la Seconde Guerre mondiale, ils ont maintenu le contact. Mon père a voyagé au Luxembourg pour ses stages professionnels en tant que jeune ingénieur dans des bureaux d’architectes. C’est ainsi que, lors de notre départ de Pologne, il a travaillé sur le projet et les dessins de la fameuse structure métallique de la Cour de justice de l’Union européenne. L'objectif était de gagner suffisamment d'argent pour nous offrir un aller simple pour Montréal.

Nous avons finalement pris l'avion de Bruxelles à Montréal où nous avons tout recommencé à zéro. La première fois que nous avons pu revenir à Bruxelles, c'est lorsque le mur de Berlin est tombé en décembre 1989. Nous y sommes retournés et avons roulé jusqu'en Pologne en passant par un Berlin réunifié et nous sommes restés devant le mur de Berlin pendant qu'il était en train d'être démantelé.

Nous avons vu Checkpoint Charlie et la Porte de Brandebourg. Je me souviens de notre longue attente dans la voiture au poste-frontière, au milieu de la nuit, les projecteurs braqués sur nous tandis que des gardes armés passaient sans cesse devant nous. C’était une expérience inhabituelle et désagréable - quelque chose d’inhabituel et d’inattendu pour une personne venant de l’Occident.

 

Nous avons quitté la Pologne en 1974, il y a exactement 50 ans. Et cela peut vous surprendre, mais ce n’est que récemment que j’ai appris que mon père était enregistré dans les archives communistes comme traître à la nation. Je n’ai appris cela que bien des années plus tard, grâce aux archives de l’IPN (Institut Pamięci Narodowej ou Institut de la Mémoire Nationale). Mes parents étant partis, cet anniversaire et ce voyage à Berlin prennent un tout autre sens. C’est mon hommage à leur courage et une façon de célébrer le prix payé pour la liberté : c’est le contexte très personnel et poignant de ce projet et de mon aventure.

 

Adam Koniuszewski à Gdańsk
Adam Koniuszewski à Gdańsk | Photo : Bénédicte Mezeix-Rytwiński pour Lpj.com Varsovie

 

Vos parents voulaient que vous grandissiez dans un pays libre, racontez-nous ce parcours qui a fait de vous un Canadien de cœur, même si vous résidez en Suisse aujourd’hui et parlez parfaitement polonais ?

Mon père a toujours décrit le Canada comme le meilleur pays du monde. Les Polonais ont une sympathie de longue date pour le Canada et les Canadiens. Je suis tout à fait d’accord avec cette réputation bien méritée dont nous pouvons être fiers. La liberté est au cœur de cette histoire. Je me souviens que Pierre Elliott Trudeau, notre Premier ministre vedette de l’époque, avait élevé la liberté en l’inscrivant dans la constitution canadienne dans le cadre de la Charte des droits et libertés fondamentaux de tous les Canadiens. Cela a eu un impact profond sur moi. D’autant plus que j’ai compris la valeur de la liberté et le prix à payer lorsque la liberté est refusée, d’une manière que mes camarades de classe ne pouvaient pas comprendre. 

 

Mon oncle, Jurek Rawicz, était le président du Congrès polono-canadien à Montréal. Un véritable héros qui a survécu à Auschwitz et a servi dans trois armées différentes pendant la Grande Guerre. Il organisait les manifestations devant le consulat polonais le dimanche où nous scandions « Solidarność » et « Les slogans de la Pologne libre ». Je me souviens qu’il était en contact avec les Premiers ministres canadiens, dont Jean Chrétien et Jacques Parizeau, puis Jean Charest, mais aussi, le pape Jean-Paul II, les Brzezinski et de nombreuses autres personnalités.

 

Ce n’est qu’aujourd’hui que je peux prendre la véritable mesure de ce qui se passait, de l’importance de ces événements historiques et du véritable caractère des gens qui m’entouraient – ​​dont Wujek Jurek et mes parents. Saviez-vous que c’est à Montréal que Zbigniew Brzezinski a grandi et qu’il a écrit sa thèse sur « L’Empire du Mal » à l’Université McGill de Montréal ?

Peu de Canadiens savent que leur pays a joué un rôle important dans le processus qui a mené à la fin de la guerre froide, car les acteurs de ce changement ont tous disparu pour la plupart. Saviez-vous que le Canada était le seul pays en dehors de l’Union soviétique que Mikhaïl Gorbatchev a visité avant de devenir secrétaire général de l’URSS ? Qu’il a rencontré le Premier ministre Pierre Elliott Trudeau à plusieurs reprises et que ce voyage a inspiré ses réformes de la Glasnost et de la Perestroïka ?


 

Racontez-nous vos débuts professionnels dans l’entourage de Mikhaïl Gorbatchev ?

J’ai commencé ma carrière en tant que professionnel de la finance au Canada et j’ai rapidement été immergé dans le monde des affaires et de la finance mondiale, ce qui m’a conduit à Londres, en Angleterre, puis en Suisse et en Pologne. C’est là que j’ai rencontré ma future épouse, Margo. C’est à ce moment-là que j’ai été approché pour rejoindre l’organisation de Mikhaïl Gorbatchev à Genève, car ils cherchaient à « professionnaliser » leur réseau mondial et les activités gérées depuis Genève pour mettre en place des normes du secteur privé, afin d’améliorer les performances et la responsabilité du siège mondial à Genève. 

On m’a également demandé de développer des relations et des partenariats avec le secteur des affaires. Je n’aurais jamais imaginé que je travaillerai un jour avec une figure historique aussi imposante – l’homme qui a changé le monde et qui a permis à ma famille de se rendre à nouveau en Pologne. Je n’ai pas hésité une seconde. Peu de temps après, j’ai fait appel à Leonardo DiCaprio comme ambassadeur de bonne volonté dans le cadre d’une coopération à long terme avec LVMH et TAG Heuer.

 

Mikhaïl Gorbatchev était un homme qui inspirait confiance. Il était très agréable, accessible et sympathique. Il n’est pas surprenant qu’il ait pu gagner la confiance de personnalités telles que Margaret Thatcher, Ronald Reagan, Helmut Kohl, François Mitterrand, mais aussi du pape Jean-Paul II

Ensemble, ils ont accompli ce que personne n’avait pu faire avant eux. Ils ont réuni le monde après un siècle de guerres et de troubles qui auraient pu mettre fin à la civilisation telle que nous la connaissons. C’est quelque chose dont nous devons nous souvenir, célébrer et dont nous devons tirer des leçons. Il ne s'agit pas d'un simple détail du passé, mais d'une leçon pour l'avenir.

C’est l’ancien maire de Genève – Pierre Muller, qui a convaincu Mikhaïl Gorbatchev d’établir son siège international à Genève. Pierre est devenu un ami proche et, à travers ce projet, je souhaite également lui rendre hommage ainsi qu’à tous ceux qui m’ont aidé dans mon parcours.

 

Le #TearTheWallTour représente l'appel prophétique lancé par Reagan le 12 juin 1987 à Brandebourg à Mikhaïl Gorbatchev pour « abattre ce mur ! ». Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin est tombé et la guerre froide était sur le point de se terminer.

 

La transition est toute faite. Nous nous sommes rencontrés au cours de votre parcours à travers la Pologne, comment est née cette idée, #TearTheWallTour ?

Les graines de mon aventure ont été semées lors d'un défi avec ma femme : pouvoir faire du vélo de Genève à Varsovie l'été dernier. Après avoir traversé le Jura suisse et français, j'ai suivi le Danube depuis sa source jusqu'à Bratislava. Ce fut une expérience exaltante. Je suis arrivé à Varsovie plein d'énergie et excité d'intégrer un sens, un but au voyage en termes de ma propre vie et des célébrations mémorables à Berlin pour le 35e anniversaire de la chute du mur le 9 novembre 2024. C'est à ce moment-là que j'ai parlé à Margo de mon projet qui allait bientôt devenir une aventure commune avec elle en tant que directrice de projet. Après tout, nous ne nous serions jamais rencontrés si la guerre froide n'avait pas pris fin...

 

Bien que Genève ne soit pas située sur le rideau de fer, c’est devenu mon point de départ naturel, car c’est là que Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev se sont rencontrés pour la première fois en 1985. 

Leurs discussions ont marqué le début d’une nouvelle ère de réchauffement des relations qui culminera avec la fin de la guerre froide quatre ans plus tard. Ma prochaine étape a été Malte, car c’est là que le président Bush et Mikhaïl Gorbatchev se sont rencontrés trois semaines après la chute du mur pour se serrer la main et déclarer la fin de la guerre froide. Il est difficile d’imaginer que les 7.000 kilomètres du rideau de fer qui divisait autrefois l’Europe seraient transformés en la plus longue piste cyclable du continent, s’étendant sur une distance incroyable de 10.550 kilomètres de la pointe de la Norvège aux frontières de la Turquie. Je tiens à remercier Marisa Farrugia, Ambassadrice de la République de Malte en Pologne.

 

Adam Koniuszewski à Malte
Adam Koniuszewski à Malte | Photo : #TearTheWallTour


 

Vous alternez train et vélo, comment s’articule le circuit entre ces différents moyens de locomotion et les pays ?

Oui, car ce n’est pas seulement un voyage à vélo, mais c’est aussi une aventure avec un objectif à travers lequel j’apprends à connaître ceux qui étaient derrière le rideau de fer, la guerre froide et je célèbre l’esprit persévérant de ceux qui se sont battus pour la liberté. Je le fais en visitant des monuments de la guerre froide, des organisations clé et en discutant avec des témoins et des acteurs de l’Histoire, mais aussi avec divers responsables. 

 

Rencontrer le président Lech Wałęsa à Gdańsk ou l’ancien maire de Genève Alfonso Gomez m’a obligé à planifier en fonction de leurs emplois du temps. Lors de mon séjour à Genève, j’ai également visité l’Union cycliste internationale, le Comité international olympique et la Fondation mondiale du scoutisme, pour n’en citer que quelques-uns. C’est pourquoi j’organise mon voyage en sections en fonction du moment et du lieu où les personnes que je souhaite rencontrer sont disponibles.

 

Il est également intéressant de noter que j’ai rencontré la présidence du Comité international de la Croix-Rouge basé à Genève, à Varsovie grâce à l’ambassadeur suisse Fabrice Filliez qui a invité Gilles Carbonnier, vice-président du CICR, à une conférence organisée par l’Université de Varsovie pour commémorer le 75e anniversaire des Conventions de Genève.

 

Vous avez rencontré un problème avec votre vélo, mi-octobre, à Varsovie, comment s’est-il résolu ? Comment sont les pistes cyclables de ce côté de l’ancien rideau de fer ?

Juste après ma rencontre avec le président Lech Wałęsa et alors que je roulais de Gdańsk le long de la côte de la mer Baltique en direction de l'Allemagne ; je me suis arrêté à Ustka par une journée pluvieuse. Ma femme m'a demandé de rendre visite à la statue de la sirène sur les quais et de lui toucher le sein pour lui porter chance, comme le veut la tradition.

Peu après, le levier de vitesse droit de mon vélo s'est cassé : tout changement de vitesse était alors impossible. J'ai péniblement parcouru 40 kilomètres de plus jusqu'à Darłowo, où j'ai désespérément essayé de trouver un nouveau levier de vitesse en appelant des magasins de vélos dans toute la Pologne, et même à Berlin, tout en étant assis dans un café nommé Czarno na Bialym (Noir sur Blanc), sans succès. De plus, « Black on White » est une expression polonaise qui signifie, « c'est comme ça » et « c'est là que mon voyage s'arrête ». 

 

C'est alors qu'un homme a entendu ma situation et m'a proposé son aide. Il s'avère qu'il s'agit d'un grand entrepreneur polonais qui n'est pas étranger aux courses cyclistes puisqu'il sponsorise le Tour de Pologne

Leszek Klin a fini par me proposer de m'héberger dans l'un de ses hôtels pendant que le mécanicien du club cycliste local essayait de réparer mon vélo pendant la nuit. Nous avons passé la soirée ensemble et il m'a fait visiter son usine et ses bureaux. J'ai également rencontré sa femme, propriétaire du café où nous nous sommes rencontrés...

Voilà comment mon petit problème a ouvert la porte à des rencontres extraordinaires ! C'est aussi pour cela que je ne désespère jamais, quoi qu'il arrive. Les difficultés font ressortir le meilleur des gens et ouvrent de nouvelles possibilités : ce n'est que dans les moments difficiles que l'on apprend qui sont nos vrais amis et que l'on voit leur vraie nature. Obtenir de l'aide de quelqu'un qui n'a rien à gagner à vous aider n'est pas anodin. Je lève donc mon chapeau à Leszek et Agnieszka Klin

 

Que pouvez-vous nous dire des villes que vous avez traversées ? Quelles rencontres, lieux mémoriels, vous ont particulièrement marqué ? 

Il est impossible de dire quelle a été la rencontre la plus importante, car elles forment une mosaïque qui rend mon voyage entier. Il y a beaucoup de moments marquants qui forment cet ensemble et je me permets d’en citer quelques-uns ici que je pourrais facilement développer.

Le voyage à Gdańsk, la ville de la liberté et notre rencontre avec Lech Wałęsa resteront gravés dans ma mémoire. J’ai été impressionné par sa vivacité, son esprit et la diversité des sujets qu’il a abordés, notamment l’importance du travail, de la foi et de la famille. Mais aussi sur la révolution technologique, la sécurité mondiale et l’avenir de l’Europe et du monde. Il m’a invité à revenir quand j’aurai terminé mon voyage et a plaisanté en disant que dans 50 ans, les gens se souviendront du gars qui a traversé l’Europe à vélo jusqu’à Gdańsk !

 

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Adam Koniuszewski, Lech Wałęsa et Margo Koniuszewski | Photo : #TearTheWallTour

 

Toutes les grandes villes que j’ai vues ont tellement à offrir qu’une seule visite ne suffit pas et j’espère y retourner bientôt. Dans l’ordre de mon voyage, j’ai vu Vienne, Bratislava, Prague, Tallinn, Riga, Klaipeda et Vilnius. Je n’oublie pas les villes que je connais bien et dont je ne me lasse jamais comme Genève, Berne, Varsovie et la Triville – Gdańsk, Sopot et Gdynia. 

 

Rencontrer le père fondateur de la piste cyclable du Rideau de Fer, Michael Cramer, à Berlin sur la célèbre Potsdamer Platz a été une expérience formidable. Il a réuni tous les groupes politiques d’Europe et de tous les pays pour soutenir la transformation de l’ancien rideau de fer en piste cyclable EuroVelo 13. Sans cela, mon projet n’aurait pas été possible.

 

Vélo : à la découverte de plus de 17.000 km de pistes cyclables en Pologne

 

Je tiens également à souligner mes discussions avec Kurt Salomon Maier, 94 ans, survivant de la « Nuit de Cristal » (9-10 novembre 1938) qui se rend chaque année à Berlin pour une semaine de conférences. Croiriez-vous que depuis 1978 jusqu’à il y a quelques semaines, Kurt a travaillé comme bibliothécaire à la Bibliothèque du Congrès à Washington D.C., Kurt m’a décrit comme le cycliste de 200 kilomètres par jour qui vivra jusqu’à 150 ans !

 

 

Vous êtes arrivé à Berlin depuis quelques jours, comment est l’ambiance ? Comment avez-vous prévu de passer la journée symbolique du 9 novembre dans la ville jadis coupée en deux ?

J’ai déjà suivi le tracé de l’ancien mur de Berlin, qui fait 165 kilomètres, le week-end dernier ; ces célébrations vont être phénoménales. Par contre, les gens ne sont pas vraiment au courant... En plus, le mur a quasiment disparu : il y a encore des petits bouts de mur par-ci, par-là. 

On a voulu complètement effacer la mémoire de ce qu’il s’est passé en 1989, les jeunes ne voient pas cette réalité. Ce symbole qui a coupé la ville en deux, ils ne le sentent pas : c’est très abstrait pour eux. 

 

Et c’est la raison pour laquelle je fais ce voyage : cette mémoire est en train de s’effacer et je soutiens la préservation de l'événement qui a non seulement marqué notre génération, mais qui a également façonné le monde dans lequel on vit aujourd’hui. La Première et la Seconde Guerre mondiale sont déjà plus lointaines…

Si on s’intéresse à la guerre froide et à comment elle a commencé, alors on revient obligatoirement aux Grandes Guerres. Pour moi, c’est fondamental : si on veut comprendre le monde dans lequel on vit et la direction dans laquelle on va, et bien, on ne peut pas le faire sans avoir une connaissance au moins sommaire de ce qu’il s’est passé. 

 

Impossible de ne pas penser à l’attaque de l’Ukraine, par la Russie, alors que cet anniversaire de la Chute du mur approche…

À travers les pays que j’ai traversés, il y a une réalité de la situation dans laquelle on vit avec cette attaque russe, cette invasion contre l’Ukraine

 

 

C’est, je pense, un deuxième chapitre de cette guerre froide qui, pour certains, ne s’est jamais arrêtée : il y a certaines personnes qui ont toujours rêvé d’un retour à la situation d’avant la chute du mur, et ce sont des gens qui sont des politiciens avec beaucoup d’expérience. 

 

Adam, si nos lecteurs ont envie de venir à votre rencontre à Berlin, comment vous contacter ?

Oui, je vais assister à beaucoup d’événements pendant toute la semaine, à Berlin et principalement les 7, 9 et 10 novembre.

Je serai notamment à la projection du film de 2016 « Learn Polish. The East German Opposition and Solidarność » des réalisatrices Rosalia Romaniec et Magdalena Gwóźdź, Apprendre le polonais. Les opposants à la RDA et Solidarność », ) et à la table-ronde avec des fondateurs de Solidarność incluant Bogdan Borusewicz et Ewa Kulik-Bielińska.  

Il y aura plusieurs représentants du mouvement Solidarność, car l’historien Axel Klausmeier, directeur de la Fondation du mur de Berlin, a souligné qu’il n’y aurait pas eu la chute du mur sans les événements de Gdańsk et Gdynia. Je suis personnellement très content qu’à Berlin, on réalise que tout cela a commencé en Pologne, avec notre symbole national, Lech Wałęsa qui a marqué cette époque. 

Je serai ravi de pouvoir échanger, que les personnes intéressées me contactent via mes réseaux sociaux !

 

💡 Vous pouvez suivre et contacter Adam Koniuszewski sur :

- son compte Facebook (cliquez ici) ;
- son compte LinkedIn (cliquez ici).

Pour tout savoir sur la mémoire du mur de Berlin, rendez-vous sur le site internet du Berlin Wall Memorial (cliquez ici). 

 

 

 

 

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