À écouter sur France Culture, à l’occasion des 20 ans de l’accession de la Pologne dans l’Union européenne : le nouveau documentaire, en 4 parties produit par Dominique Prusak et réalisé par Laure-Hélène Planchet, « La Pologne ne répondu plus, 13 décembre 1981 » pour « Ils l’ont vécu ». Dominique Prusak, capte habilement les sons et les voix de la vie et de l’histoire polonaise, il est également réalisateur des documentaires « Ghetto de Varsovie, les archives d’Emanuel Ringelblum », « Ginette Kolinka, rescapée des camps : contre l’oubli ! » et « l’affaire Herschel Grynszpan : le prétexte de la nuit de Cristal ». À l’aube du 13 décembre 1981, journée tragique pour la Pologne, le pays se réveille coupé du monde suite à la déclaration du général Wojciech Jaruzelski, président de la République populaire de Pologne, de l’état de siège, aussi appelée la loi martiale, Stan Wojenny.
Le général Wojciech Jaruzelski proclame l'état de guerre en Pologne
Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1981, la Pologne se fige : les frontières terrestres et aériennes sont bloquées et les communications coupées. En quelques heures, l’armée et la police ont pris le contrôle du pays. C’est l’application de la loi martiale, instaurée par le général Wojciech Jaruzelski, qui est mise en place.
Stan Wojenny : il y a 41 ans la loi martiale était proclamée en Pologne
Le parti communiste polonais en guerre contre Solidarność
Pour comprendre l’instauration de la loi martiale, il faut remonter quelques années en arrière. Forte inflation et pénuries sont les moteurs d’une grogne sociale qui se cristallise dans les chantiers navals de Gdańsk. Le leader du mouvement syndical baptisé Solidarność, Lech Wałęsa, réussit à faire accepter ce syndicat aux autorités communistes.
« Nous avons enfin des syndicats indépendants et autonomes ! Notre droit de grève devient aussi légal ! Nous gagnerons plus de liberté tous ensemble même si ce ne sera pas facile !» Lech Wałęsa, 31 août 1980, face aux grévistes du chantier naval Lénine de Gdańsk.
Rapidement, Solidarność n’est plus seulement un syndicat, mais devient également un mouvement social et culturel à l’échelle nationale.
Si le chemin vers la libéralisation du pays semblait tracé, cet espoir de liberté est mal perçu par les élites politiques communistes au pouvoir, qui préparent une riposte : le syndicat est placé sur écoute. Les dissensions internes au syndicat le fragilisent également.
La police politique réussit à infiltrer l’organisation ouvrière pendant une réunion à Gdańsk, le 12 décembre 1981. Les préparatifs de l’état de siège s’accélèrent alors : à minuit, l’opération militaire, pilotée au plus haut sommet de l’État est lancée. Les chars se positionnent dans les rues et les premières arrestations des opposants au régime communiste ont lieu.
Après l’instauration de la loi martiale, la résistance polonaise s’organise
Passée la phase de stupéfaction, la résistance des Polonais s’organise : des bougies posées sur le bord de la fenêtre sont le marqueur de l’opposition. Maria Michalowska, documentaliste à l’Institut français de Varsovie explicite ces actions de résistance, discrètement ancrées dans le quotidien des Polonais « Que peuvent les autorités contre des bougies ? »
Bien que le syndicat Solidarność soit dissout et son leader, Lech Wałęsa, isolé dans une résidence surveillée, la résistance des Polonais s’organise en cachette dans la clandestinité.
Le prix de la liberté est sanglant
La Résistance du pays s’organise, partout : les travailleurs s’enferment sur leur lieu de travail, notamment les ouvriers du chantier naval Lénine de Gdańsk. Le gouvernement communiste réprime la contestation dans le sang. Dans la mine de Wujek près de Katowice, les policiers tirent sur les mineurs barricadés dans les souterrains.
La loi martiale est suspendue le 31 décembre 1982 puis annulée le 22 juillet 1983. C’est alors le temps des questionnements, notamment sur le rôle du général Jaruzelski. Avec l’ouverture des archives polonaises, les Polonais découvrent que la loi martiale n’était pas imposée par l’URSS, comme le général Jaruzelski l’avait toujours affirmé, mais par lui-même. Son procès, qui s’ouvre en 2008, montre les divergences de la société polonaise quant à son rôle dans la chute du régime communiste en Pologne.
Pour écouter les 4 podcasts
Un documentaire de Dominique Prusak, diffusé pour la première fois le 30 avril 2024.
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