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"Hadrien et le jeune chasseur" et "Le jardin d'Hippolyte" par Janine Magnani

Vue sur la villa d'Hadrien à TivoliVue sur la villa d'Hadrien à Tivoli
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 7 juin 2021, mis à jour le 7 juin 2021

Il y a quelques semaines, le Petit Journal de Rome faisait la connaissance de Janine Magnani, l'une des lauréates du concours de nouvelles "Écriture des Sept Monts". Lors de la remise des prix, elle s'est confiée à nous et nous a avoué avoir un bon nombre d'histoires à partager. Nous vous proposons de découvrir aujourd'hui deux nouvelles inspirées par la villa d'Hadrien à Tivoli : "Hadrien et le jeune chasseur" et "Le jardin d'Hippolyte".

 

 

HADRIEN  ET  LE  JEUNE  CHASSEUR

         Un lièvre, que mon jeune chasseur avait apprivoisé, fut déchiré par les chiens : ce fut le seul malheur de cette journée sans ombre.

Antinoüs était attaché à l'animal qu'il prenait souvent dans ses bras  caressant longuement son pelage gris. Devant la pauvre dépouille il n'avait pu, l'espace d'un instant, retenir l'émotion et une larme, que j'aurais voulu boire, avait pointé au bord de ses longs cils. Je lui promis un autre animal, des chasses,  de l'or, tout ce qu'il voudrait, pourvu qu'il sorte du silence et cesse de bouder.  Mais sa jeunesse et son insouciance avaient vite repris le dessus et ses yeux leur éclat d'obsidienne.

         Rassuré, je passai une partie de la journée dans mon refuge, la minuscule  villa  entourée d'eau comme une île, tout près de la grande bibliothèque. Je pouvais en retirer le petit pont de bois et personne ne pouvait m'y déranger. J'y jouissais alors de la plus grande tranquillité pour écrire des vers et m'exercer à la flûte traversière.  La poésie et la musique ont toujours été pour moi source de joie et de sérénité.    

         Il serait bien temps, demain, de penser à notre départ pour Athènes. J'avais de grands projets pour cette ville que j'aimais, j'y avais fait mes études et passé de longues années. Je la ferai sortir de sa torpeur, je lui redonnerai l'éclat qu'elle a perdu.

         La présence de mon jeune ami renvoyait très loin les soucis liés à Rome et me comblait d'un tel bonheur que, pour la première fois peut-être, je me sentais en paix avec moi-même.

         Le soir, alors que nous regardions côte-à-côte le firmament, j'avais remercié les étoiles que mon grand-père Marullinus m'avait appris à connaître et dans lesquelles il m'avait prédit l'empire.

         Mais ce soir l'empereur était tout simplement un homme. Un homme heureux.

 

Villa d'Hadrien

 

 

LE JARDIN D'HIPPOLYTE

         Hippolyte s'apprête à descendre dans les jardins. Il s'arrête un instant pour contempler la nymphe endormie près de l'entrée. C'est elle qui va l'introduire dans le monde au-delà du réel qu'il a créé dans sa villa et ses sublimes jardins. 

         Il aime la musique et la première perception est auditive, sonore. La musique de l'eau lui parvient dans toutes ses variations, différente d'une fontaine à l'autre. Joyeuse et bondissante, crépitante parfois. D'autres perceptions suivent aussitôt. Visuelles cette fois.  La lumière qui danse entre les arbres et va à la rencontre des cascades et des jets d'eau donne naissance à de multiples arcs-en-ciel et donne vie à la matière. Le spectacle est partout et fascine.

 

         Hippolyte n'est jamais seul dans ses jardins, il y côtoie Hercule, ce héros devenu dieu, ancêtre mythique de la famille d'Este, qui s'empara des pommes d'or du Jardin des Hespérides, ces pommes symbole des vertus, sérénité, générosité et chasteté, que le cardinal pense posséder. 

         L'enchevêtrement des allégories et des symboles évoqués par les décors met en scène bien des mystères. Surtout celui de l'immortalité de l'âme.

         Des heures durant il médite à l'ombre des arbres, ou bien dans le jardin secret, oubliant ses soucis et aussi ses déceptions, il aurait tant aimé siéger sur le trône de Saint-Pierre.

         Dans son jardin il accorde son âme à l'harmonie du lieu. Il y cherche la sagesse qui lui fera approcher la Lumière.

         Le jardin exulte et sa joie exubérante touche et élève l'âme sensible d'Hippolyte.

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