L’actrice italienne, coprésentatrice du festival de chansons italiennes de Sanremo qui se tenait du 1er au 5 février derniers, a tenu un discours dénonçant le racisme dont elle a été victime sur les réseaux sociaux après l’annonce de sa nomination comme hôte du festival.
Une actrice confrontée aux réactions racistes sur les réseaux sociaux
L’actrice, après avoir été repérée dans la rue, a débuté le cinéma avec le film Arance e martello, et a été véritablement révélée avec son rôle dans la série italienne Suburra. Elle a été choisie comme coprésentatrice de la deuxième soirée du festival de Sanremo, aux côtés du présentateur Amadeus. Cette décision a suscité un grand nombre de remarques racistes sur les réseaux sociaux. Elle a choisi de ne pas ignorer ces insultes, mais de les exposer face à l’auditoire du festival, pour mieux les dénoncer. Elle s’est d’abord présentée en décrivant son parcours : sa naissance à Dakar de père italien et de mère sénégalaise, son enfance et sa jeunesse à Rome, ses études universitaires en histoire contemporaine, puis ses débuts comme actrice, et sa nomination pour la présentation du festival de Sanremo. Elle a alors lu certaines des remarques dégradantes dont elle a été victime : « Elle ne le mérite pas, ils l’ont appelée parce qu’elle est noire ! », ou encore « Ils ont dû l’appeler pour laver les escaliers et arroser les fleurs ».
Un discours émouvant contre le racisme
Depuis la scène du théâtre de l’Ariston, où le festival se déroule depuis 1977, l’actrice a tenu un discours prônant la tolérance, interrompue quelques fois par l’émotion, et exprimant son incompréhension face aux réactions insultantes : « Pourquoi ? Pourquoi certaines personnes ressentent-elles le besoin de publier certains posts ? Pourquoi s’indignent-elles ? Pourquoi y a-t-il quelqu’un qui a un problème avec ma couleur de peau ? ».
Ne se sentant pas légitime de faire un discours didactique sur le racisme, Lorena Cesarini a choisi de citer l’ouvrage de l’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille publié en 1998, et toujours d’actualité, comme elle l’a montré en lisant des passages à son auditoire. Cet ouvrage prend la forme d’un dialogue entre un père et sa fille, cette dernière, curieuse, questionnant son père sur le racisme : un texte idéal à lire pour dénoncer la haine de certains.
Lorena Cesarini était d’autant plus touchée par le racisme dont elle a été victime qu’il s’agissait d’une découverte pour elle, à l’âge de 34 ans. Elle pensait avoir une « vie plutôt tranquille comme tant de filles italiennes », mais cet évènement et les réactions ayant suivi lui ont rappelé que la couleur de sa peau pouvait être problématique pour certains : « après cette annonce, je découvre que je ne suis pas seulement une fille italienne, je suis aussi noire. ».
L’actrice a clos son discours par un appel à la curiosité, la faculté de se poser la question du pourquoi, fondamentale pour acquérir la liberté, dans son cas « la libération des étiquettes, des phrases préétablies, des insultes ».
Le discours de Lorena Cesarini est visible en intégralité sur RaiPlay.
Eléné Pluvinage