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Cécile Kyenge, première femme noire ministre en Italie

Céline KyengeCéline Kyenge
Photo issue du journal Repubblica.it
Écrit par Fiona Lebert
Publié le 19 février 2021, mis à jour le 19 février 2021

Cécile Kyenge, née le 28 août 1964 à Kambove au Congo-Kinshasa, a été ministre pour l’intégration sous le gouvernement Letta de 2013 à 2014. Elle est la première femme noire ministre en Italie, comme elle tient à se présenter. Le progrès et l’espoir auxquels certains ont pu croire dans cette nomination ont vite été rattrapés par les insultes, humiliations et menaces racistes, xénophobes et sexistes auxquelles Cécile Kyenge a été confrontée.

 

Le besoin d’un engagement politique après un diplôme d’ophtalmologiste

Avant toute perspective de carrière politique, Cécile Kyenge a d’abord souhaité travailler dans la sphère médicale. Elle a obtenu une bourse du Vatican pour se rendre à Rome et étudier la chirurgie. Des raisons administratives l’ont finalement  empêchée de bénéficier de cette somme, mais elle s’est tout de même rendue dans la capitale italienne pour travailler à l’université catholique du Sacré-Cœur, puis de même à Modène où elle obtient le diplôme d’ophtalmologiste. 

 

Cependant, n’ayant pas la nationalité italienne, elle n’est pas autorisée à opérer ses patients et ne peut donc pas exercer son métier comme elle l’entend. En 2004 elle se lance alors en politique, un moyen selon elle d’être actrice de changements. Pour cela, elle est d’abord élue lors des élections municipales de Modène avec le parti des Démocrates de gauche en tant que responsable du Forum de la Coopération Internationale et de l’immigration. Elle est peu de temps après élue au conseil municipal de la ville. En 2013, elle devient députée en Emilie Romagne, région de Modène. Son principal engagement est alors le soutien à une proposition de loi sur la reconnaissance de la citoyenneté aux enfants d’immigrés nés sur le sol italien. Il s’agit d’un combat qui lui tient à cœur et qu’elle veut absolument remporter. Le projet sera finalement enterré en 2017.

 

Ministre de l’intégration dans le gouvernement de Enrico Letta

Quelques mois plus tard, en avril 2013, elle est membre du gouvernement d’Enrico Letta, comme ministre pour l’intégration. Sur les 22 ministres de ce gouvernement, 7 sont des femmes, un véritable record en Italie même s’il y a toujours deux fois plus d’hommes. Lors de son arrivée au ministère, Cécile Kyenge affirme vouloir lutter « contre les violences sexistes, racistes, homophobes et de toute autre nature en Italie ». Un an après, elle est élue députée européenne de l’Italie, où elle souhaite dénoncer l’inaction des États face à l’abandon et la mort des migrants en Méditerranée.

 

Son combat pour la reconnaissance de droits et l’intégration de personnes immigrées

Cécile Kyenge s’est engagée très tôt pour la défense des droits des immigrés et leur intégration. Au-delà de son année au ministère, elle a mené son combat à travers ses actions au sein d’associations, sa coordination de la « Journée sans immigrés » chaque 1er mars pour démontrer leur poids économique et contredire certains arguments, sa fondation de DAWA en 2002 pour assurer un échange culturel, une coopération et intégration entre l’Italie et plusieurs pays du continent Africain en particulier le Congo, ou encore sa participation à des campagnes sur le droit à la citoyenneté.

 

Être une femme politique noire en Italie aujourd’hui n’est pas anodin. Moins d’une semaine après avoir été désignée ministre de l’intégration, Cécile Kyenge a été victime de racisme et de sexisme d’une extrême violence, l’obligeant en plus à vivre sous la protection de gardes du corps. Les insultes et les menaces de morts ou de viol se sont succédées, y compris par des personnalités politiques italiennes. Le vice-président du Sénat, Roberto Calderoli, l’a ouvertement comparée à un orang-outan. La pression médiatique internationale qui a suivi cette humiliation a poussé des représentants de partis politiques et l’ancien Président du Conseil Letta à demander la démission de Roberto Calderoli ; il est toujours vice-président du Sénat aujourd’hui.

 

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