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Stella Jean : pionnière dans la lutte contre le racisme dans la mode

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Écrit par Anaïs Lucien-Belliard
Publié le 16 août 2021, mis à jour le 13 février 2024

Et si le monde de la mode se montrait plus inclusif ? C’est le combat de Stella Jean, créatrice de mode italo-haïtienne, engagée dans la lutte contre les discriminations ethniques dans cette industrie ô combien sous les feux des projecteurs, et des critiques. Découvrez aujourd’hui le parcours de cette talentueuse protégée de Giorgio Armani.

 

C’est à Rome que débute l’histoire de Stella Jean, en 1979. Née d’une mère haïtienne, Violette Jean, et d’un père Italien, Marcello Novarino, elle grandit dans la Cité Éternelle où elle poursuit des études de sciences politiques, à l'Université Sapienza de Rome, avant d’être séduite par le mannequinat. Devenue modèle pour le prince et styliste Egon von Fürstenberg, la jeune femme développe un intérêt pour la confection de vêtements et s’exerce en autodidacte au métier de créatrice de mode. En 2011, la styliste voit sa carrière basculée, après sa participation à « Who Is On Next ». Arrivée en deuxième position de ce concours organisé par le Vogue Italia, elle collabore dès lors avec les plus grands artistes de la fashion sphère.

 

Stella Jean

 

Reconnue comme étant la toute « première styliste italienne noire », bien qu’elle soit métisse, Stella Jean, c’est tout d’abord un style raffiné et haut en couleur. Fière de son héritage Italo-Créole, ses pièces allient élégance à l’italienne et savoir-faire traditionnels venus du monde entier. Maison de couture féministe et avant-gardiste, Stella Jean travaille à construire une chaîne de production que l’on pourrait qualifier d’ « équitable, » où le caractère éthique d’un vêtement fait intégralement partie de sa conception. Membre de la prestigieuse Chambre nationale de la mode italienne (Cnmi), la créatrice romaine fut en 2019, adoubée par le New York Times, styliste la plus convaincante de toute la nouvelle génération de designers italiens. Elle est aujourd’hui une figure incontournable du « Made in Italy ». Pourtant, bien que son talent soit désormais mondialement reconnu, son engagement contre le racisme et les discriminations dans l’industrie, n’est pas toujours regardé d’un très bon œil.

 

« Est-ce que la vie des noirs compte dans la mode italienne ? »

 

À l’origine de l’initiative « Black Lives Matter In Italian Fashion » aux côtés d’Edward Buchanan, et de Francine Ngomo, fondatrice de l’Afro Fashion Week de Milan, Stella Jean avait lors de la manifestation antiraciste du 7 juin 2020, interrogé le rapport de l’Italie à « l’autre », qu’il soit arrivé par la mer, ou né dans la péninsule de parents étrangers. Déjà, en 2019, la styliste s’était adressée à la Cnmi dans une vidéo où elle critiquait le manque de diversité ethnique lors des semaines de la mode, et surtout, l’absence pendant deux années consécutives de créateurs de couleurs lors de la Fashion Week de Milan.

 

Stella Jean

 

Dans un premier temps agacé par les revendications de Stella Jean, le président de la Cnmi, Carlo Capasa a déclaré qu’il ne comprenait pas pourquoi elle s’en prenait à eux. « Le racisme dans l’industrie de la mode n’est pas de notre ressort. Vous devriez vous adresser au Parlement Italien ou quelque chose du genre ». Revenant aussi sur l’absence de stylistes noirs à la Fashion Week de Milan, Capasa avait également ajouté que s’il n’y avait pas de créateurs noirs au programme, « c’est qu’aucun d’eux n’était prêt », ou plutôt qu’ils étaient « suffisamment intelligents pour leur préférer le marché de la mode africaine ».

Finalement, au terme de longs pourparlers que Carlo Capasa a reconnus « constructifs » et « sans animosité », la Chambre nationale de la mode italienne a rédigé un Manifeste de la diversité et de l’inclusion. Parmi les mesures prises, elle a notamment approuvé la mise en place d’un comité qui appuierait la lutte contre le racisme. Le conseil a également accepté d’offrir des bourses, ainsi qu’un programme de mentorat permettant d’accompagner les étudiants en mode, issus des minorités ethniques. Cependant, pour Stella Jean, le chemin pour écrire l’histoire d’une Italie plus métissée reste encore long.

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