Comme l’a exprimé ce lecteur surnommé Dawala : « Pourvu que cette crise nous ouvre les yeux à tous et que l'humanité ne se contente pas de recommencer "comme avant". Moi, en tous cas, je change. C'est décidé. » Alors si elle est loin d’être finie, quels sont les enseignements de cette crise sans précédent ? Entre prise de conscience et changements radicaux, lepetitjournal.com fait le point sur ce que la Covid-19 nous a appris, en négatif comme en positif.
La distance avec nos proches
Tous les expatriés en font la douloureuse expérience. Partir à l’étranger signifie s’éloigner de ses proches. Lors de cette crise, cette constatation fut encore plus cruelle. Dans l’impossibilité de rentrer en France, de nombreux expatriés ont utilisé des outils qu’ils connaissaient déjà bien. Skype, WhatsApp ou encore Zoom nous ont permis de nous rassurer, de maintenir le lien familial et même de prendre l’apéro ensemble. Les petits enfants ont pu partager leurs anecdotes de confinement avec leurs grands parents. Les amis d’anciennes expatriations, autrefois noyés dans nos listes Facebook, ont pu reprendre de nos nouvelles et tisser de nouveaux liens.
Apprécier le télétravail
De nombreux expatriés avaient l’habitude du télétravail mais cette pratique s’est largement généralisée. Les rendez-vous physiques ont été remplacés par des appels téléphoniques et les conférences par des réunions zoom. La folie des meetings digitaux s’est heureusement un peu calmée et on peut désormais se sentir productif depuis le confort de son salon. Si votre patron rechigne à autoriser quelques jours de télétravail par semaine, vous pourrez toujours lui rétorquer que vous avez pu effectuer vos tâches avec brio ces trois derniers mois et ce sans mettre un pied au bureau.
Apprendre en ligne
Avec la fermeture d’une très grande majorité des établissements français à l’étranger, les enseignants ont exercé derrière leurs écrans et les parents ont dû s’improviser tuteurs. Si le retour en classe en a soulagé plus d’un, l’enseignement à distance a fait un bond en quelques semaines. Que ce soit via la plateforme du CNED Ma classe à la maison, par les plateformes mises en place par les établissements de l’AEFE ou de la Mission laïque, ou bien par les grandes écoles, l'e-learning s’est fait une place de choix dans l’enseignement post-crise.
S’occuper de soi
Pour ceux qui n’ont pas pu continuer leur activité ou qui ont dû fortement la réduire, ce moment de pause dans le rythme effréné de la vie moderne n’a pas eu que des mauvais côtés. On a appris ou réappris à prendre soin de soi, de son corps et/ou de son esprit. Reprendre le sport, se mettre au yoga, à la méditation, se faire un masque ou écouter des podcasts, cette période de repos forcé nous a montré qu’il était possible de se recentrer et surtout d’apprécier de ne rien faire.
Se divertir autrement
Il n’était pas facile de sourire ou de s’évader dans ce contexte pesant de confinement généralisé. Les librairies francophones, points névralgiques des communautés expatriées, ont cherché des moyens pour survivre aux fermetures et continuer à apporter de petits bouts de francophonie partout dans le monde. Les artistes tout comme les institutions culturelles ont dû innover pour continuer à exprimer leurs talents malgré les contraintes logistiques. Cette crise a inspiré de nouveaux moyens de nous divertir via les réseaux sociaux et plateformes de partage et une nouvelle façon d’aider les artistes malgré la distanciation sociale. Eric John Kaiser, artiste expatrié à Portland aux Etats-Unis, nous confirme : « Comme beaucoup de personnes je suis actuellement confiné à la maison. Cette pandémie a complètement bouleversé mon quotidien puisque tous mes concerts ont été annulés en une semaine et pour l'instant je ne sais pas quand je pourrais de nouveau jouer "en live". J'ai donc perdu la principale source de mes revenus et je ne peux plus travailler comme avant. Par ailleurs, je devais également retourner en studio pour enregistrer un 6ème album. Cela aussi a dû être annulé. J'essaie donc de m'adapter et de partager davantage ma musique en ligne en proposant des concerts et des vidéos de nouvelles chansons. Avant le "Lockdown" je faisais aussi dans des universités et des "high-school", des concerts éducatifs qui permettaient d'apprendre la langue française grâce à la chanson et le hip hop. J'essaie aussi dorénavant de proposer cela en ligne. A mon avis, ces outils sont là pour durer. »
Aider les autres
Une fois le bouton « reset » pressé et le stress du quotidien évanoui, il est grand temps d’utiliser notre temps et/ou nos économies pour aider ceux qui ont été frappés par la crise. L’union faisant la force, de nombreuses associations ont décidé de travailler main dans la main pour venir au secours des personnes les plus vulnérables. Vous pouvez en faire autant à votre échelle, en les soutenant financièrement mais aussi en contribuant à l’élan de solidarité de votre ville ou de votre voisinage. Les Français de l’étranger l’ont particulièrement démontré lors de l’opération SOS un toit.
Redécouvrir la nature
Cela faisait bien longtemps que vous n’aviez pas été réveillé par le chant des oiseaux. Le ciel semble plus dégagé et votre asthme beaucoup moins préoccupant. La réduction des activités humaines et notamment des transports a redonné sa place dans l’espace urbain à la faune et la flore. Les problèmes de braconnage d’animaux exotiques, comme le désormais célèbre pangolin, ont fait ressurgir une conscience écologique. Une simple phase ? On ne l’espère pas.
Changer de vie
Nous avons eu tout le temps du confinement pour faire un point sur notre vie et sur les choix faits tout au long de notre parcours. Des regrets ? Besoin d’un nouveau départ ? La crise peut être le déclic d’une nouvelle vie, que vous changiez de carrière, deveniez survivaliste ou que vous larguiez les amarres pour vivre sur une île. Comme nous le confiait un expatrié à Madrid : « Les déplacements en voiture privée ne me manquent pas. Ni les voyages de longue distance pour les vacances par exemple. Encore une fois la proximité me procure une qualité de vie supplémentaire, il n'y a plus de perte de temps dans les transports. En fait et principalement je ne suis pas consumériste donc ce nouveau système de fonctionnement est pour moi un allègement, une satisfaction, un bien-être, un bienfait. Du côté social, davantage de civisme, d’empathie. » Etes-vous prêt.e à changer de vie ?
La difficulté de l’expatriation
Pour certains, la crise s’est révélée être une vraie claque pour le moral mais aussi pour les finances. La dévalorisation de certaines monnaies, le manque d’aides locales, la fermeture des frontières, le déclin du tourisme ou encore la fermeture des commerces ont plongé de nombreux Français dans de grandes difficultés financières. Nous avions d’ailleurs recueilli les témoignages de ces Français qui souhaitent ou doivent revenir en France après la fin de la crise.
Les expatriés français, des citoyens comme les autres
Nous le savions déjà mais n’avions peut être pas toujours cette impression. Les expatriés français, de par le travail des parlementaires et des Ambassades et consulats, ont pu mesurer leur place essentielle dans la société française. Le président Emmanuel Macron l’avait d’ailleurs martelé sur RFI : « La France protège tous ses enfants ». Avec un plan de 240 millions d’euros destiné en particulier à l’enseignement français à l’étranger mais aussi aux expatriés les plus démunis, la France a mis en place un fonds ambitieux pour aider ses citoyens du bout du monde. De nombreuses interrogations persistent cependant que ce soit sur le cas inquiétant des entrepreneurs français à l’étranger, les conséquences de la crise pour la mobilité internationale, la survie du réseau d’influence à l’étranger ou encore les couples binationaux séparés. Les députés et sénateurs des Français de l’étranger ont en tout cas répondu présent dans nos colonnes pour répondre à des questions parfois épineuses sur cette crise sans équivalent. Nous continuerons de les solliciter et de vous informer au mieux des évolutions.