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ONG, Associations : L'union pour faire face au coronavirus

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Écrit par Déborah Collet
Publié le 19 avril 2020, mis à jour le 18 février 2021

Engagées sur le territoire français et dans des zones sensibles à travers le globe, les ONG et les associations françaises adaptent leurs aides humanitaires pour accompagner les personnes les plus démunies tout en protégeant son personnel du coronavirus.

 

S’unir pour répondre aux besoins

Le collectif Alliance Urgences est né grâce à la fusion de six ONG humanitaires de terrain : Action Contre la Faim, CARE France, Handicap International, Médecins du Monde, Plan International et Solidarités International. Elles ont choisi d’unir leurs compétences pour faire face à la situation d’urgence à laquelle les pays du monde entier font face. "L’objectif commun est de renforcer la coordination, la rapidité et l’impact des réponses humanitaires des six ONG en France et à l’étranger." nous a expliqué Renaud Douci, délégué général d'Alliance Urgences.

Pour faire face à des soucis de logistique, les associations mettent en commun leurs matériels d’intervention. "Le prix des denrées ou le prix des matériels que nous achetons a été multiplié par 2, par 3, par 4, voire par 5, selon les zones et selon les types de matériels. Il faut anticiper, s’entendre et mutualiser les moyens, les achats et les déplacements entre nos ONG." témoigne Renaud Douci d’Alliance Urgences.

Les Restos du Coeur ont également décidé de collaborer avec la Croix rouge pour la livraison à domicile des denrées alimentaires auprès des personnes qui n’ont pas de quoi se nourrir. L’association travaille aussi main dans la main avec Action contre la faim et Médecins du Monde pour répondre aux besoins en termes d’hygiène, notamment envers le public à la rue.

 

Une nouvelle organisation pour la sécurité des humanitaires

Les ONG françaises ont toutes pris d’importantes mesures sanitaires pour protéger leurs personnels humanitaires contre toute éventuelle contamination au Covid-19. Renaud Douci précise "Protéger les équipes humanitaires c’est faire en sorte qu’elles ne soient pas vectrices de la maladie mais de protection."

De son côté, Action contre la faim a tenu sa première cellule de crise le 25 février dernier pour préparer le basculement en télétravail de l’ensemble de ses collaborateurs présents au siège de l’ONG à Paris."Les enjeux auxquels nous sommes confrontés reposent sur la continuité de notre travail, voire l’augmentation de nos activités tout en protégeant nos collaborateurs où qu’ils soient, en France ou dans l’un des 50 pays où nous intervenons." nous explique Jean-François Riffaud, directeur général d’Action contre la faim.

L’association les Restos du Cœur a dû réagir rapidement pour mettre en sécurité ses équipes. Patrice Douret, administrateur des Restos du Coeur, nous a expliqué "Sur le terrain, nous avons dû proposer des fonctions et des occupations différentes à tous nos bénévoles qui ont plus de 70 ans ou qui présentaient des pathologies médicales particulières, ce qui veut dire près d’un tiers de nos bénévoles." Au début de la crise sanitaire, les Restos du Coeur ont fait un appel au bénévolat pour renforcer ses équipes.

Les ONG humanitaires ont formé leurs équipes aux risques liés au Covid-19 et les programmes ont été adaptés. Renaud Douci d’Alliance Urgence nous a confié "nous avons travaillé dans des centres de traitement d’Ebola, du choléra, de la rougeole, par exemple, dans les camps de réfugiés, dans les communautés ou dans les villages pour combattre ces maladies souvent liées à l’eau. Malgré cela, le coronavirus a ses spécialités."

 

Les personnes démunies en première ligne

En France, les équipes du Secours populaire vont à la rencontre des personnes isolées notamment en zone rurale tout en respectant les consignes sanitaires. Les équipes humanitaires aident individuellement les personnes dans le besoin au sein de leurs locaux ou dans des lieux destinés. Les "Médecins du SPF" affirment que "l’aide médicale pendant cette période d’épidémie doit s’accompagner de soutien médico-social et social". Ismail Hassouneh, secrétaire national du Secours populaire souligne : "Se nourrir c'est se protéger. Si les personnes en difficulté n'arrivent plus à se nourrir convenablement, leur système immunitaire va diminuer."

Depuis le début de la crise sanitaire en France, le personnel de la Croix-Rouge s’occupe d’accueillir des personnes sans-abri au sein de structures spécifiquement adaptées et leur offre un accompagnement social, des prestations d’hébergement et d’hygiène, des repas ainsi qu’un service de conciergerie. Des médecins ainsi que des infirmières assurent, sur place, le suivi médical. Les activités de distribution alimentaire s’intensifient dans les épiceries sociales et dans les régions rurales. Dans les structures hospitalières, les bénévoles de la Croix-Rouge sont positionnés à l’accueil pour orienter les patients. Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française souligne "qu’en plus d'une urgence de santé publique, nous avons une urgence humanitaire."

 

À Calais, le Secours Catholique a dû fermer son lieu d’accueil qui prenait en charge 500 migrants. Juliette Delaplace, chargée de mission "Migrants", à Calais explique que "beaucoup de nos bénévoles ont un certain âge. Par sécurité, nous avons dû aussi arrêter la tournée des campements (…) Nous avons un lourd sentiment de responsabilité, vu que, de son côté, l’État ne fait rien pour ces personnes. Celles-ci se retrouvent encore plus vulnérables face aux risques sanitaires et psychosociaux de la vie dans les campements." Face à la situation de quasi-abandon des personnes migrantes dans la ville du Pas-de-Calais, le Secours Catholique et d’autres acteurs de terrain interpellent les pouvoirs publics. Sur le territoire français, le Secours Catholique a distribué des chèques de services à hauteur de 2,5 millions d’euros auprès des personnes à la rue. Des accueils de jour et des permanences locales ont réouvert pour assurer une aide alimentaire d’urgence par la confection de colis.

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Camp de migrants, réfugiés de la «jungle» de Calais en octobre 2015

 

Les Restos du Cœur mettent en place de nouveaux modes de fonctionnement dans leurs centres d’activités, dans leurs points de distributions et dans les centres d’hébergement. Patrice Douret des Restos du Coeur nous explique "La distribution accompagnée qui permet non seulement de fournir de l’aide alimentaire mais aussi de détecter des nouveaux besoins est désormais réalisée par la distribution de colis de nourriture et de produits d’hygiènes afin de limiter le temps de contact entre les personnes accueillies et nos équipes." En France, les Restos du Coeur alimentent les centres de confinement qui ont été mis à la disposition des personnes sans-abri notamment des hôtels et des gymnases où elles peuvent bénéficier de sanitaires et de douches. Cependant, Patrice Douret nous alerte sur la situation qu’ils traversent: "Les sans-abri ne peuvent plus aller mendier comme c’était le cas avant, ils n’ont pas accès à l’eau, les parcs sont fermés."

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Les Restos du Coeur en action.

 

En France, toutes les équipes de la Fondation ARC sont dédiées à la recherche sur le cancer. Pendant cette crise sanitaire, les experts de la Fondation insistent "Les personnes souffrantes de cancer poursuivent leurs traitements selon les recommandations des équipes médicales les prenant en charge. Le cancer continue de tuer, y compris en période Covid-19, et le confinement ne le ralentit pas !" Concernant les personnes qui ont des craintes, des symptômes liés au cancer, ils doivent continuer à consulter et si nécessaire, rentrer dans le circuit de soins. "En France, des mesures sont prises pour que les patients avec cancer et ayant développé ou non le Covid-19 soient traités dans des circuits différents, la plupart du temps au sein des mêmes hôpitaux." nous ont précisé les experts. La fondation ARC soutient des équipes qui ont réorienté leurs travaux en cette période de crise pour contribuer à des recherches sur le Covid-19. "Les conséquences des patients touchés par le cancer et le Covid-19 sont tragiquement complexes, nous réfléchissons avec notre Conseil Scientifique sur l'ensemble des implications." explique la fondation. 

Malgré la crise sanitaire actuelle, l’AFM-Téléthon entretient un lien privilégié avec les familles et les personnes souffrantes de maladies génétiques neuromusculaires. Dans une interview exclusive, Christian Cottet, directeur général de l’AFM-Téléthon nous explique comment les équipes de l’association s’organisent pour accompagner ces familles qui doivent faire face à l’épidémie de coronavirus.

 

L’ONG Life Project 4 Youth (LP4Y), quant à elle, favorise l’insertion sociale et accompagne professionnellement des jeunes défavorisées qui font face, notamment dans les bidonvilles en Asie, à des conditions de pauvreté extrême. Avec l’apparition du coronavirus, LP4Y a reçu de nombreux messages de jeunes demandant une aide de toute urgence pour eux et leurs familles qui se sont retrouvés, dû au confinement, sans emploi et sans aucun moyen de subsistance. Inès Cammoun, responsable innovation et solutions LP4Y a déclaré "chaque semaine, une indemnité calculée à partir des besoins hebdomadaires de chaque jeune est distribuée et un fonds d’urgence a été créé de façon à pouvoir aider les entrepreneurs et les stars (les alumni du réseau) qui n’auraient plus d’épargne chez LP4Y." À ce jour, les équipes de l’ONG accompagnent à distance 950 jeunes.

 

Des activités de prévention aux quatre coins du monde

Les équipes de Médecins sans frontières qui habituellement interviennent dans des zones à risques sont aujourd’hui, plus que jamais, mobilisées en Europe, dans les pays fortement touchés par le virus comme en France, en Italie, en Espagne et en Belgique. Des activités de dépistage et des consultations médicales ont été mises en place auprès des personnes qui n’ont pas de domicile fixe, auprès des migrants et des mineurs non accompagnés en île de France. L’association Médecins sans frontières a également installé une structure temporaire au sein de l’hôpital de Reims pour lui permettre d’accueillir davantage de patients.

 

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Camp de Kutupalong pour les réfugiés rohingyas au Bangladesh, janvier 2018.

 

Pour faire face à la crise sanitaire, le personnel humanitaire MSF est mobilisé dans plus de 30 pays où les équipes se préparent à faire face à la propagation du virus. C’est aussi le cas d’Action contre la faim qui soutient les 50 pays dans lesquels ses équipes humanitaires interviennent. Au sud du Bangladesh où près d’un million de réfugiés rohingyas sont depuis 1 an et demi agglutinés les uns sur les autres, sur 2 000 hectares, les équipes d’ACF ont créé des activités de sensibilisation et de formations aux gestes barrières. Dans plusieurs pays d’Afrique, les mesures de confinement ne peuvent pas être mises en place parce que l’économie est pour une grande partie informelle. Les habitants ont besoin de sortir de chez eux pour gagner leur vie et se nourrir. Jean-François Riffaud explique "En une semaine, nous avons ouvert des activités de renforcement d’hygiène, de gestion des déchets, d’amélioration des conditions sanitaires, de formation des accompagnements des soignants dans 40 centres de santé à Kinshasa, Capitale de la République démocratique du Congo par exemple. Nous avons réalisé les mêmes activités dans d’autres villes en Afrique comme à Abidjan en Côte d’Ivoire."

 

Certaines ONG craignent des répercussions catastrophiques en cas de propagation de l'épidémie dans certains pays touchés par exemple par la guerre. Renaud Douci d’Alliance Urgences nous a confié : "Nous pensons particulièrement au Yémen qui connaît actuellement un conflit très grave. Les habitants vivent la guerre, au jour le jour, c’est donc compliqué pour eux d’appréhender une épidémie mondiale. Sur place, il n’y a aucun système de santé et les habitants ne peuvent pas se déplacer."

 

Un appel collectif à la solidarité 

La Fondation Surgeons of Hope travaille avec les hôpitaux publics en Amérique latine afin d'offrir une chirurgie à cœur ouvert vitale aux nourrissons et aux enfants qui naissent avec des problèmes cardiaques ou qui en acquièrent. En raison du Covid-19, Surgeons of Hope a dû suspendre jusqu'à nouvel ordre ses missions de formation en chirurgie. La fondation a lancé une collecte de nourriture virtuelle pour aider les familles des enfants opérés qui ont perdu leurs revenus et d'autres enfants pauvres qui reçoivent des services dans les hôpitaux publics. Au Paraguay et au Costa Rica, les paniers de nourriture seront livrés directement aux familles précaires par l'intermédiaire de volontaires. Au Nicaragua, la fondation étudie la possibilité de remettre aux familles des paniers de nourriture dans un supermarché proche de chez elles. "Dans un pays comme le Nicaragua, où environ 30 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, fournir un panier alimentaire contenant des aliments nutritifs et du savon est une bouée de sauvetage, surtout si les familles ont perdu leurs moyens de subsistance." confie Victoria Flamant, directrice de Surgeons of Hope.

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La Fondation Surgeons of Hope.

 

Alliance Urgences et Action contre la faim font appel à la générosité des particuliers et des entreprises. Jean-François Riffaud nous a affirmé "Nous avons fait des appels aux dons pour soutenir nos activités internationales, notamment en Afrique, au Moyen Orient, en Asie mais aussi pour soutenir nos activités en France." Le directeur d’Action contre la faim poursuit : "Ce que nous rappelons c’est qu’il ne faut oublier les plus pauvres d’entre nous qui en plus de l’épidémie de Covid-19 sont en train de lutter dans des crises terribles. Nous préparons un appel aux dons global avec le réseau international Action contre la faim."

Les Restos du Coeur continuent de faire un appel aux donateurs industriels avec qui l’association collabore régulièrement pour obtenir des conserves, des produits frais ou encore des produits laitiers. L’association se tourne aussi vers les industriels qui fournissent des produits qui permettent d’être distribués dans les centres de confinement et qui ne peuvent pas être cuisinés. Patrice Douret nous a indiqué que "ces deux dernières semaines, nous pouvons noter un vrai élan de solidarité chez les particuliers notamment par le biais du don en ligne sur notre site qui est facile à réaliser même pour des Français expatriés à l’étranger."

En dehors de la crise actuelle les associations pensent déjà à l’avenir : "Je pense qu’il y aura un après coronavirus où les actions de solidarités seront organisées entre associations. " affirme Patrice Douret des Restos du Coeur. 

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