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Covid-19 : Un été loin de mes proches

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Écrit par Damien Bouhours
Publié le 9 août 2020, mis à jour le 6 janvier 2021

Avec la fermeture des frontières et les différents confinements, de nombreux Français se retrouvent aujourd’hui dans l’incapacité de retrouver leurs proches qu’ils soient en France ou ailleurs. Les couples mixtes non mariés ont pris d'assaut les réseaux sociaux avec #loveisnottourism et semblent avoir été entendus. 

La période estivale est souvent propice à un retour en France pour les expatriés qui ont déjà passé l’année loin de leur famille. Cette année, avec la pandémie mondiale et son lot de restrictions de voyage et de périodes de confinement, certains expatriés vont devoir passer l’été dans leur pays de résidence ou bien en France mais loin de leur époux ou épouse resté(e) sur place pour ne pas être bloqué(e) dans l’Hexagone.

 

Les Français bloqués à l’étranger

Gwendoline, expatriée au Québec depuis 12 ans, se désole de ne pas pouvoir voir sa famille en France, surtout en cette période anxiogène : « Cette année, nous vivons un été loin de nos proches que nous n'avons pas vus depuis un an. Nous n'avons aucune idée quand nous pourrons nous revoir... Nous sommes angoissés car s'il se passe quelque chose de l'autre côté de l'océan, nous ne pourrons pas nous rendre auprès de notre famille. »

Même constat pour Dominic, expatrié aux Etats-Unis qui se retrouve licencié en raison du dépôt de bilan de son entreprise : « Nos vacances en Europe, fêtes de familles, visite de nos amis et famille ici à New York ont été annulées - tout comme nos séjours de repli aux Etats-Unis dans des états désormais très touchés. Nous sommes peu optimistes pour 2020 - nos familles et amis nous manquent terriblement. Mais nous savons rebondir… »

Elise, enseignante au Chili, souhaitait repartir en France avec son mari, également enseignant, et ses enfants, pour des vacances bien méritées. Des problèmes administratifs en ont décidé autrement : « L'ambassade, qui assure le service minimum, n'a pas pu nous délivrer de laissez-passer dans les temps. Le délai étant de deux semaines. (le RDV de renouvellement des passeports de nos enfants programmés en mars ayant été annulés au début du confinement). Je ne connais pas les délais ordinaires de délivrance de laissez-passer, il me semblait, peut-être naïvement qu'ils étaient octroyés en urgence. » Elle ajoute : « Nous avons quand même tenté de demander une autorisation pour dispenser nos cours depuis la France pendant 15 jours puisqu'aucune reprise n'est encore envisagée au Chili. En vain. Nous nous sentons seuls et fatigués, sur le point d'abandonner notre vie ici, nos élèves qui ne retrouverons certainement pas de professeurs français étant données les circonstances. Nous nous sentons aussi frustrés de ne pas profiter de ce que nous sommes venus chercher ici: un travail enrichissant et un pays magnifique à découvrir. En même tant nous sommes déçus du manque d'empathie, de confiance et de soutien de la France pour ses fonctionnaires. »

 

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Les Français bloqués en France

Certains Français ont pu rentrer en France mais sont aujourd’hui bloqués dans l’Hexagone, à cause de la fermeture des frontières aux étrangers ou parce qu’ils n’ont pas de visa de travail mais celui de conjoint accompagnateur. Notre édition de Ho Chi Minh Ville a recueilli les témoignages de Français bloqués depuis leur retour en France, les frontières du Vietnam leur étant fermées. C’est le cas d’Emeric, rentré en France pendant les fêtes de fin d’année et qui n’a pas pu voir son épouse et sa fille rentrées au Vietnam.  « Cela fait plus de 8 ans que je suis expatrié au Vietnam, je vis et travaille à Nha Trang. Je ne rentre pratiquement jamais mais j’étais venu passer les fêtes de fin d’année en France. » Malgré son statut de conjoint, il n’a pas pu bénéficier d’un vol de rapatriement comme son épouse vietnamienne. Les frontières demeurant toujours fermées au Vietnam, hormis pour des catégories d’individus particulières, Emeric n’a d’autre choix que de prendre son mal en patience… « Ma femme et moi travaillons ensemble, mais elle est désormais toute seule pour s’occuper de notre fille et de notre commerce. Financièrement, cela nous pose des problèmes. »

 

expatrié loveisnotourism

 

Les couples binationaux séparés #LoveisnotTourism

Alors que la situation des conjoints séparés est déjà compliquée, elle devient quasiment impossible pour les couples non mariés et non pacsés. Plus d’un millier de Français ne peuvent plus revoir leur moitié car citoyen d’un pays toujours placé sur liste rouge. Comme l’a indiqué la députée Anne Genetet : "La France a le culte du - il ne faut pas vivre dans le pêché - donc les non-mariés n'ont pas le droit de revenir. »

Samuel, qui a rencontré sa future épouse à Bali, se retrouve ainsi bloqué loin d’elle  : « Nous avons donc pu vivre notre amour en voyageant librement dans nos pays respectifs jusqu'à décider de nous marier cette année en France. A l'issu de notre union, notre projet était de s'installer à Jakarta où nous devions nous investir dans notre vie familiale et nos projets d'entreprises. Malheureusement, avec le choc de cette pandémie nous sommes revenus subitement dans les années 60. Notre statut de couple binational s'est transformé en statut de « fantôme international » Nous louons et soutenons les actions gouvernementales qui font leur maximum pour protéger nos vies mais nous ne pouvons comprendre l'absence totale de considération pour le statut actuel des couples mixtes non mariés. S'ajoute à l'impossibilité de célébrer notre mariage, une séparation qui dure maintenant depuis plus de 5 mois sans aucune perspective de retrouvailles. Les conséquences de cette situation sont naturellement très lourdes. Elles sont principalement psychologiques mais aussi financières avec un grand nombre de démarches administratives classées sans suite. »

Ce cas n’est malheureusement pas isolé et ils sont nombreux, Français et européens, à avoir témoigné leur détresse via le hashtag #loveisnottourism ou #loveisessential. La députée Anne Genetet a interpellé le gouvernement sur ce sujet dans un courrier dont voici un extrait : « Ces séparations subies sont autant de souffrance, de désespoir parfois, d’histoires de père ou de mère qui ne peut revoir ses enfants, de futur parent qui ne peut être aux côtés de sa conjointe enceinte, de réunion familiale avortée autour d’un projet de mariage. Ceci alors même que les couples mariés ou pacsés peuvent eux circuler, sous réserve de respecter les normes sanitaires. Il y a là deux poids, deux mesures qui n’ont aucune raison juridique d’être. […] Aujourd’hui, nous devons leur apporter une réponse humaine à une situation qui ne l’est plus. »

Certains pays européens, comme l’Autriche, la Suisse, le Danemark, la Finlande ou encore l’Islande ont déjà mis en place des procédures permettant aux couples binationaux non-mariés et non-pacsés de pouvoir se réunir. Il leur est alors souvent demandé de fournir des preuves de leur relation, que ce soit par des déclarations sur l’honneur et/ou des factures ou documents aux deux noms. La commission européenne a encouragé vendredi 7 août tous les pays de l’Union européenne à autoriser l’entrée des concubins non-mariés de résidents européens et ce sans délai.

 

Un appel apparemment entendu par le secrétaire d’Etat aux Français de l’étranger, Jean-Baptiste Lemoyne, qui a annoncé au JDD le 8 août : "Après avoir dialogué avec le collectif #LoveIsNotTourism, nous allons ouvrir une procédure dérogatoire. Les conjoints devront se présenter au consulat avec des documents attestant d'activités communes, leurs pièces d'identité, une preuve de résidence en France pour le conjoint français, un titre de transport aller et retour… Ces dérogations, qui seront validées par la Commission interministérielle de crise, entraîneront la délivrance d'un laissez-passer lorsque c'est nécessaire. Ainsi, ces couples pourront enfin se retrouver. Car leur séparation n'a que trop duré."  

Comme précisé par la députée Anne Genetet, ce laissez-passer pourra être demandé en ligne et ce dès cette semaine. Une bonne nouvelle pour tous les couples binationaux privés de leur liberté de s'aimer. 

 

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