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Pologne, États baltes, mer Baltique : signaux GPS volontairement brouillés, par qui ?

Dans la nuit du 1er au 2 mars, de violentes perturbations des signaux GPS ont été constatées à l’Est et au centre de la Pologne, dans les États baltes ainsi qu’en mer Baltique, et dans une moindre mesure dans le sud de la Suède et l’est de l’Allemagne. C’est le spécialiste des systèmes GPS, le portail GPSJam, qui a lancé l’alerte vendredi 1er mars dans la soirée, notamment dans les voïvodies de Poméranie occidentale, Poméranie, Varmie-Mazurie, Podlaskie, et de Łódź. Le niveau d’alerte y était maximum. Étaient également concernées certaines parties de Mazowieckie, Lubelskie et  et du sud de la Baltique. Décryptage d’un brouillage organisé, qui impliquerait la Russie. 

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Écrit par Cécile Aurand
Publié le 4 mars 2024, mis à jour le 21 novembre 2024

 

Au fait, comment fonctionne le système GPS ? 

Le Global Positioning System (GPS) permet de localiser un appareil avec précision. Ainsi, des interférences dans les signaux du GPS entraînent des problèmes de réception des informations sur les positions des appareils. Si vous n’avez rien remarqué sur votre téléphone, c’est normal : c’est pour des usages de précision tels que pour l’aviation que les interférences sont les plus problématiques.

Toutefois, les enjeux sont de tailles, dans des secteurs aussi divers que l’aviation ou encore le transport maritime qui en sont dépendants. De graves perturbations suite à ce type d’incidents sont aujourd'hui exclues, mais ces interférences peuvent engendrer des retards ou encore des surcharges des systèmes.

 

Les enjeux du brouillage : comment faire du brouillage pour les Nuls

Brouiller, c’est envoyer depuis un émetteur au sol un grand nombre d’informations aux satellites de navigations utilisés dans la zone polonaise. Il devient alors complexe pour les appareils de trier les bons et les faux signaux: l’appareil est submergé par les fausses informations par l'émetteur au sol.

Si l’intérêt est faible dans le domaine civil, il est capital pour le domaine militaire. En effet, nombreux sont les moyens de l’OTAN qui dépendent des satellites. La question se pose donc de savoir qui a eu intérêt à faire ces brouillages.

 

La Russie est-elle impliquée : quelles sont les «preuves » ?

Si la cause accidentelle n’est à ce jour pas évoquée, c’est, car la piste d’une implication de la Russie est privilégiée. Cependant, aucune preuve n’a été avancée à ce stade, bien que plusieurs analystes y voient une action russe.

Les analystes américains  de l’Institut pour l’étude de la guerre affirment que le système de radar russe Borysoglebsk-2, basé à Kaliningrad (une exclave russe frontalière de la Pologne et de la Lituanie) est à l’origine du brouillage.

Le lieutenant-colonel Maciej Korowaj a ainsi clairement accusé la Russie de l’attaque : « Les Russes sèment à nouveau » (“ Rosjanie znów sieją ").

Joakim Paasikivi, lieutenant-colonel suédois, accrédite également  la thèse d’une perturbation de l’OTAN en affirmant que ces actions relèvent d’une cyberguerre, à replacer dans un contexte de « guerre hybride ». Cela nous amène donc au point suivant.

 

 

Brouiller pour contrer les exercices de l’OTAN

Par ailleurs, cette attaque survient pendant qu’un exercice de l’OTAN (l’exercice Steadfast Defender-24) est en cours, mêlant des forces armées françaises, allemandes, polonaises et slovènes, laissant penser à une tentative de perturbation des exercices de l’OTAN.

La Pologne est un des principaux pays hôtes de ces exercices militaires, dont les manœuvres ont commencé le 1er mars, le même jour que les perturbations. 

 

Brouiller, pour alimenter les chaînes de propagande

Un point à élucider est la rapidité avec laquelle des chaînes de propagandes russes ont fourni des informations sur l'événement: cela laisse présager une perturbation russe. La ligne de défense de la propagande russe est claire : l’OTAN a délibérément brouillé le système GPS de la région, afin de camoufler le déploiement de troupes.

 

La Russie n’en serait pas à son coup d’essai

S’il n’est pas possible de conclure à une responsabilité russe, cet événement est à replacer dans la continuité d’une série d’interférences russe dans la région, en nette intensification depuis décembre 2023.  

Entre la période de Noël 2023 et de janvier 2024, plusieurs experts des États baltes et de la Finlande ont rapporté dans les médias des interférences des signaux GPS provenant de l’enclave de Kaliningrad. Cette attaque, comme celle survenue en Pologne ces derniers jours, est à replacer dans un contexte de tensions avec l’OTAN. En effet, la chaîne de radio suédoise SVT avait signalé que plus de 100 soldats russes d’une unité de guerre électronique faisaient un exercice à Kaliningrad

De la même manière, le 4 février 2024, des brouillages GPS russes avaient été observés en mer Baltique, sans que cela n’affecte la sécurité de l’aviation et de la navigation, car plusieurs appareils de localisation sont utilisés simultanément.

 

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