Par un dimanche enneigé et très froid, un certain 13 décembre 1981, les Polonais se sont réveillés dans l'incompréhension la plus totale. La vie s'était arrêtée pendant leur sommeil. De ce jour de 1981 à 1983, plus rien ne fonctionnera comme avant. C'est le début de ce qu'on appel en polonais stan Wojenny, la loi martiale.
Pour le bien du Pays...
À la radio à la place de la très populaire émission de Jacek Fedorowicz on entendait de la musique classique. À la télévision les émissions pour enfants avaient disparu au profit du Général Jaruzelski qui avec ses lunettes noires expliquait en boucle, que pour le bien du pays, lui et le Conseil militaire du salut national, avaient décidé de priver les citoyens de tous leurs droits. Les téléphones n'avaient plus de tonalité et dans les rues ils y avaient des congères, des chars et des soldats...
Loi martiale, couvre-feu et surveillance
Une édition spéciale de deux journaux : Le soldat de la liberté et La tribune du peuple, détaillait la loi martiale imposée sur tout le territoire, interdisant les grèves et les réunions, obligeant les citoyens à regagner les endroits où ils étaient domiciliés et interdisant les déplacements sans autorisation spéciale.
Le couvre-feu a été instauré, les cours dans les écoles et les universités ont été suspendus. Les associations et les syndicats ont été dissous. Toute activité économique ou non était contrôlée par un commissaire militaire chargé de la surveillance rapprochée et doté des tous les pouvoirs. Dans certains secteurs, les refus d'obéissance était considérés comme une désertion et menacés de la peine de mort. La police a arrêté quelque 10.000 personnes : des syndicalistes, intellectuels, étudiants, artistes et activistes de l'opposition anti-communiste.
Une résistance chèrement payée
La résistance de la société polonaise a été importante et fut chèrement payée. Les grèves qui ont éclaté immédiatement après l'annonce de l'état de guerre furent brutalement brisées et
au cours d'une action dans une mine, neuf mineurs ont été tués par des balles tirées par les milices spéciales anti-émeutes, tristement connues sous le nom de ZOMO.
L'état de guerre fut suspendu le 31 décembre 1982 puis révoqué le 22 juillet 1983.
Dans les années 90, après la chute du communisme, le général Jaruzelski s'auto-proclamait héros méconnu de cette période de l'histoire de la Pologne en prétendant que l'armée soviétique était prête à intervenir et que grâce à cette manoeuvre, il avait sauvé le pays du sort des Tchèques en 68 ou des Hongrois en 56...