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La Polonaise Aldona Kaluza  élue “Meilleur Ambassadeur” de Toulouse à l’étranger 

Aldona Kaluza, c’est plusieurs projets sur le feu, un carnet d’adresses en plusieurs volumes et des idées à revendre. C’est surtout une femme d’action et une pionnière qui ouvre de nouvelles voies et sait connecter les bonnes personnes entre elles. Amener Toulouse et la violette en Pologne, une idée saugrenue ? C’est bien mal connaître celle qui a vécu dans la Ville Rose de 2002 à ce jour. Un défi qu’elle a brillamment relevé puisqu’elle a été élue le 6 décembre, parmi plusieurs candidats, Meilleur ambassadeur de la ville de Toulouse à l’étranger - catégorie « Hors Toulouse », alors qu’elle ne remplit cette mission que depuis mai 2022. Vous l’aurez compris, Aldona Kaluza trace sa route en dehors des sentiers battus, ignore les raseurs qui pensent « impossible » - mot inconnu dans son dictionnaire, elle invente son destin. Et comme elle est généreuse, nous entraîne avec elle ! 

Aldona Kaluza  élue “Meilleur Ambassadeur” de Toulouse à l’étranger Aldona Kaluza  élue “Meilleur Ambassadeur” de Toulouse à l’étranger 
Aldona Kaluza  élue “Meilleur Ambassadeur” de Toulouse à l’étranger - Photo Club des Ambassadeurs de Toulouse
Écrit par Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Publié le 18 décembre 2024

 

Lepetitjournal.com Varsovie Bénédicte Mezeix-Rytwiński : Vous menez plusieurs carrières de front, et avec succès en plus ! Comment souhaitez-vous qu’on vous présente ? Journaliste, cheffe d’entreprise, ambassadrice de Toulouse… ?

Aldona Kaluza : C’est une question difficile (rires). En fait, pas facile de choisir une fonction principale, car tout se combine en un tout cohérent et s’imprègne. Je suis une entrepreneuse passionnée par les relations sociales, devenue ambassadrice en Pologne de la ville française de Toulouse et parallèlement, je continue le journalisme en étant rédactrice, de manière indépendante, pour des projets que je crée et des entreprises.

Initialement, mes études étaient liées au journalisme ainsi qu’aux relations publiques. J'exerce ce métier depuis que je suis au lycée. J’ai participé à des journaux étudiants, puis je suis passée aux hebdomadaires locaux dans la ville où j’ai fait mes études à Płock, puis à Gazeta na Mazowszu, qui est la succursale à Płock de Gazeta Wyborcza.

 

La curiosité pour le monde et les gens est le moteur de mon travail quotidien, et mon premier métier m'aide beaucoup tant dans mon travail de consultant dans les affaires franco-polonaises qu’en tant qu’ambassadrice.
 

Félicitations, vous avez été élue le 6 décembre « Meilleur ambassadeur » de la ville de Toulouse à l’étranger. Le « Club des Ambassadeurs » chaque année crée le prix des meilleurs Ambassadeurs dans plusieurs catégories. Vous avez été choisie parmi des centaines de personnes. Depuis quand êtes-vous ambassadrice ?

Je suis membre du « Club des Ambassadeurs » de la ville française de Toulouse depuis mai 2022. J'ai été invité à rejoindre ce groupe grâce à mon travail ainsi qu’à mes activités « business », sociales, culturelles et éducatives.

 

En quoi cela consiste la mission d’Ambassadeur de la ville de Toulouse ?

Nous sommes plus que 500 Ambassadeurs de la ville de Toulouse à travers le monde. La plupart d'entre eux sont des Français vivant à l'étranger, mais aussi en France.

 

Dans notre travail quotidien et à travers nos actions, nous promouvons la ville, créons des projets qui connectent les gens autour de la coopération dans les affaires, culture, innovation, etc.  

Nous travaillons avec et en coopération avec l'office de promotion de la ville, l'office du tourisme, l’Agence d’attractivité de la ville, car Toulouse est une ville aux accents internationaux grâce à l'usine Airbus, plus grande entreprise aérospatiale d’Europe, ses universités et le Cancéropôle, entre autres.

Les ambassadeurs sont avant tout des personnes qui vibrent pour Toulouse, même si certaines sont éloignées géographiquement, ce qui les unit c’est l’envie, les idées et l'énergie de co-créer l'image de cette ville.

 

Il s’agit d’une échelle micro qui a un impact très important à l’échelle macro : nous créons des relations communes au sein du club et construisons notre réseau aboutissant à un énorme potentiel d'opportunités et de coopération en France et à l’international.

 

Qu’est-ce qui vous distingue des autres ambassadeurs, c’est quoi la Aldona’s Touch ?

(Rires) Encore une question difficile !  Nous avons tous ce petit « je-ne-sais-quoi », comme vous dites en français, qui nous réunit au sein du club et qui met en confiance les représentants de la ville quant à la qualité de nos activités.

Cette diversité de compétences et d'environnements constitue vraiment la touche du club. « Mon petit quelque chose en plus », je dirais que c’est la capacité et la facilité à mettre en relation les bonnes personnes entre elles.

 

Mon intuition ne m'a jamais fait défaut ! J'absorbe les contacts comme une éponge et puis tôt ou tard je fais des associations qui se révèlent gagnantes.

De plus, j'aime mettre la main à la pâte et réaliser l'ensemble du processus créatif, de l’idée à sa mise en œuvre. Si en plus, mes projets apportent quelque chose de positif, surprenant, inspirant et ont le moyen de faire bouger les lignes, c’est encore mieux ! Créer des projets vides de sens, qu’on enrubanne d’un joli nœud rouge : trop peu pour moi.

 

Aldona Kaluza menant une conférence de promotion de la ville de Toulouse
Aldona Kaluza, le 6 décembre 2024 - Photo Club des Ambassadeurs de Toulouse

 

C’est la première fois que cette élection de meilleur ambassadeur a lieu ?

En fait, près de 8 ans après son lancement, le « Club des Ambassadeurs de Toulouse » a souhaité mettre à l’honneur les actions réalisées au cours de l’année par ses membres au profit du territoire, lors d’un événement récurrent et marquant, avec une remise de prix par catégorie - implantation d’entreprise, candidature de congrès, promotion touristique, tournage audiovisuel, attractivité étudiante…

 

L’objectif est de fédérer une fois par an la communauté des Ambassadeurs disséminée à travers le monde et de mesurer l’engagement des plus actifs en récompensant leurs réalisations inspirantes.

C’est surtout une occasion unique de se retrouver : les Ambassadeurs de Toulouse basés en France et à l’étranger sont présents, ainsi que les partenaires de Toulouse Team, l’Agence d’Attractivité de Toulouse, issus de l’écosystème toulousain.

 

Quelles actions avez-vous déjà menées en Pologne ?

J'organise des rencontres avec des milieux d'affaires pour promouvoir Toulouse comme ville d'investissements et de relations autour des nouvelles technologies. J'ai donc réussi à organiser des présentations toulousaines en Triville (Gdańsk, Sopot et Gdynia), Cracovie, Varsovie et en Mazurie. Je mets en avant les spécificités de la ville que j’associe à mon travail de consultante auprès des entreprises. Je propose ainsi de réelles opportunités de développement en France aux entreprises polonaises avec toute l’expertise pour concrétiser ce projet localement à Toulouse. J’ai le réseau nécessaire pour mettre en contact clients et partenaires commerciaux.

Parallèlement à ces activités, je soutiens également en Pologne l'entreprise toulousaine « La Maison de la Violette », qui produit depuis 30 ans tout un éventail de produits floraux délicats, chics et exclusifs, car la violette peut se décliner en de nombreux produits et même se déguster. J'ai rencontré la fondatrice de cette entreprise, Hélène Vie, grâce à mes activités au sein du « Club des Ambassadeurs » de la ville de Toulouse. Depuis deux ans, Hélène promeut des produits qui sont le symbole de la ville et dont l'histoire remonte à la fin du XVIIIe siècle. Les produits à base de violette sont peu connus en Pologne.

Grâce à mon soutien et à mon réseau, ils sont aujourd’hui utilisés par les secteurs de la restauration, de l’événementiel et de l’hôtellerie. J’ai ainsi pu organiser plusieurs événements sur le thème de la violette à Krynica Zdrój dans la célèbre tour Slotwiny Arena, à Sopot au restaurant de plage Piaskownica et à Oliwa (librairie et café Księgarnia i Wino). Nous avons également fait la promotion de la violette pour la journée du 8-mars Dzień Kobiet en Pologne, lors de rencontres de golf, à BanGlob Marina à Gdynia, au pied des Sea Towers, à l'occasion de la fête du 14 juillet et encore au Floral Designe à Gdynia, sans oublier, plus récemment, l'événement Francofonia 2024 à Gdańsk.

Hélène Vie, la créatrice de « La Maison de la Violette » et moi avons des énergies similaires : nous sommes un excellent tandem franco-polonais.

Notre but est de rendre la violette aussi célèbre en Pologne que la lavande de Provence.
En octobre 2023, j'ai organisé un voyage en Triville (Trojmiasto) pour une délégation d'élus de la ville de Toulouse et les représentants du club, car je voulais qu’ils voient de leurs propres yeux comment est ma vie polonaise et quel est son potentiel de coopération.

C'est ainsi qu'un autre pont a été créé reliant ces deux points de mon activité - Toulouse, où je travaille et j'opère, et Gdynia, que j'ai choisi il y a quelques années comme lieu de vie.

 

Quand et comment êtes-vous tombée amoureuse de Toulouse ? Quelle est votre relation avec la capitale de la violette et Claude Nougaro où vous vivez à mi-temps aujourd’hui ?

 

Je suis arrivée pour la première fois à Toulouse il y a plus de 20 ans. Le hasard m’a guidée au début de la longue et large rue Jean Jaurès, juste sous le monument Jean Jaurès, et là, j'ai senti que ce serait ma ville.

La perspective nocturne avec une longue et large artère urbaine s'étendait devant moi, c’est ainsi que ce sentiment est né en moi. C’était inexplicable à l’époque, car je me retrouvais dans une ville qui m’était totalement inconnue. J'avais vingt-cinq ans et je pensais que c'était mon « New York », ma ville des possibles.

Et puis les choses, les situations, les relations, les possibilités se sont imposées d'elles-mêmes. Je me suis ouverte à la nouveauté, à la culture et aux coutumes françaises, j'ai utilisé tout ce qu'il y avait de meilleur dans ma « valise » d’émigrante polonaise et, comme avant, je crois que j'ai toujours une mission de création.

 

Le mot « impossible » est difficile à trouver dans mon dictionnaire (rires). C'est ma curiosité à l’égard des gens et de la vie qui me porte loin. Tous ceux qui croisent mon chemin sont importants à mes yeux, car la pleine conscience ouvre le cœur et la sensibilité, et sans elle, il est difficile de construire des relations.

Comme le disait Louis de Funès : « Peu importe qu'on ait du style, de la réputation ou de l'argent. Si tu n'as pas bon cœur, tu ne vaux rien. »

 

Que vous a apporté votre vie en France dans votre manière de travailler ?

Les Français savent profiter de la vie, ce que nous, Polonais, sommes encore en train d'apprendre. Mais nous, nous travaillons plus vite et plus… La culture là-bas est exactement comme ça. La France m'a appris une approche très professionnelle et pointue de l'ouverture et de la construction de relations internationales et multiculturelles. Je sais désormais utiliser cette French Touch au travail en Pologne.

 

De manière générale, je travaille quotidiennement dans les deux langues et dans les deux cultures et je tire le meilleur de chaque partie. Je me concentre toujours sur les opportunités, pas sur les problèmes.

 

En quoi Toulouse a-t-elle tous les arguments pour toucher le cœur des Polonais ?

Toulouse est une ville française aux racines espagnoles et à l'atmosphère italienne, ce que les Polonais aiment. De plus en plus d'étudiants polonais découvrent cette ville.

 

Il est très facile de s’y déplacer. Proche de la ville de Toulouse, il y a les Pyrénées, la ville, la mer Méditerranée, mais aussi l'océan Atlantique. De la place du Capitole, en passant par la place Saint-Georges, le canal du Midi, la Garonne, le marché Victor Hugo… Toulouse, c’est la douceur de vivre ! 

 

La communauté polonaise est-elle importante à Toulouse ?

 

Je suis associé à Toulouse depuis plus de 20 ans, j'y ai vécu avec ma famille, mes deux filles y sont nées. C'est là que j'ai construit toute la structure des activités polono-françaises ainsi que des projets polono-français. Beaucoup d’entre eux fonctionnent encore jusqu’à aujourd’hui.

Il faut se replacer dans le contexte de l’époque : quand je suis arrivée à Toulouse, la Pologne était au début de son chemin vers l'Union européenne. Des mécanismes de libre circulation du travail, des personnes et des capitaux ont été alors activés ; de nouvelles possibilités d'action ont été créées. Ce fut un excellent moment pour créer des initiatives à destination des Polonais et pour construire de bonnes pratiques modernes dans les activités polonaises.

Durant cette période, à Toulouse, avec un groupe de personnes de l'association franco-polonaise Apolina, j'ai créé une école polonaise privée du samedi pour enfants – dont les miens. Cette école existe toujours. J'ai également fondé mon agence de conseil pour gérer les processus commerciaux des entreprises polonaises en France. Parallèlement, je construisais un réseau de spécialistes franco-polonais capables de gérer conjointement les processus liés aux opérations des entreprises polonaises en France. Beaucoup de ces entreprises polonaises sont ensuite devenues des entreprises françaises, et le réseau fonctionne encore aujourd'hui depuis près de 20 ans.

Avec un groupe d'amies, nous avons également créé le projet Polki Idolki destiné à la communauté des femmes pour les soutenir professionnellement, et les aider à s'intégrer, à créer des relations professionnelles et à bénéficier des expériences de chacun.

Parce que nous, les Polonaises, sommes, comme le dit l'une des fondatrices du projet, des Américaines d'Europe ! Nous n'avons pas peur. Nous avançons. Nous nous soucions de l’éducation polonaise de nos enfants, nous poursuivons des carrières professionnelles et domestiques.

 

Regardez autour de vous, dans 99% des cas, les couples franco-polonais sont composés d’un Français avec une Polonaise. Il y a quelque chose là-dedans de signifiant.
 

Quelles sont vos activités aujourd’hui en Pologne et particulièrement en Triville, en dehors de la promotion de Toulouse ?

 

Je conseille les entreprises de Gdańsk, Sopot et Gdynia sur le marché français.

Mon projet d’importer Toulouse sur la mer Baltique implique une combinaison d'activités économiques et culturelles. Depuis plusieurs mois, je mets en place des événements pour la marque BanGlob Marina, notamment des événements franco-polonais, dans la marina de Gdynia. C’est une galerie d’Art et un espace événementiel.


 

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