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Aleksandra Fontaine:du Lido à doublure corps de Margaret Qualley dans “The Substance”

Aleksandra Kedzierska Fontaine a la danse chevillée au corps depuis sa plus tendre enfance. Troquant tutu et pointes à 19 ans, pour les pompons roses des célèbres Bluebell Girls du Lido, elle devient l’une des Reines des nuits parisiennes. Un jour de 2023, la réalisatrice française, Coralie Fargeat, la choisit pour donner corps au personnage de Sue, interprété par Margaret Qualley, version jeune d’Elisabeth Sparkle, incarnée par Demi Moore, dans son deuxième long-métrage « The Substance »...

Aleksandra Fontaine - Film The SubstanceAleksandra Fontaine - Film The Substance
Affiche : © Film The Substance - Photo : Aleksandra Kedzierska Fontaine
Écrit par Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Publié le 12 décembre 2024

 

 

Aleksandra Kedzierska Fontaine a la danse chevillée au corps depuis sa plus tendre enfance. Troquant tutu et pointes à 19 ans, pour les pompons roses des célèbres Bluebell Girls du Lido, elle devient l’une des Reines des nuits parisiennes. Placée au centre de la scène, en première ligne, ses longues jambes-métronome rythment le temps qui passe et qui presse. Sous les strass et les plumes légères, elle porte en elle une mélancolie qui la pousse à se dépasser, car elle le sait, tout passe… Un jour de 2023, la réalisatrice française, Coralie Fargeat, la choisit pour donner corps au personnage de Sue, interprété par Margaret Qualley, version jeune d’Elisabeth Sparkle, incarnée par Demi Moore, dans son deuxième long-métrage « The Substance ». Celle qui avait déjà doublé, en 2013, Sandrine Kiberlain dans le film « 9 mois ferme » prête ainsi sa cambrure et ses cuisses fuselées à une actrice de 10 ans de moins qu’elle… Et paf dans le pif du jeunisme ! Rapport au corps, protection des comédiennes, castings, Lido, formation, écriture : Aleksandra Kedzierska Fontaine est touchante, attachante. C’est la tête et les jambes - ah, j’oubliais, et la langue aussi. Bien pendue !

 

 

« The Substance » de quoi ça parle ? 

« The Substance » est un film de body horror, qui à grand renfort d'hémoglobine, de mutations, et de chirurgie à vif, sur le carrelage de la salle de bain, nous entraine dans une course folle vers l’anéantissement d’un corps qui veut défier le temps. Le film a reçu le prix du scénario au Festival de Cannes 2024.
D’emblée, la réalisatrice Coralie Fargeat (« Revenge » - 2017) brouille les cartes. Demi Moore - 62 ans, incarne le personnage d’Elisabeth Sparkle, 50 ans dans le film, une star de l’aérobic licenciée de manière grossière et expéditive, par un producteur ordurier, à cause de son âge. La mise en abyme est facile, mais ça marche.
Suite à un accident de voiture, Elisabeth Sparkle se voit proposer The Substance, un sérum qui s’obtient au marché noir, promettant de devenir une version « plus jeune, plus belle, plus parfaite de soi-même ». D’abord réticente, Elisabeth finit par s’injecter le sérum. Après de longues convulsions, elle expulse de son dos, Sue, son double très jeune, très candide et soi-disant meilleure version d’elle-même. C’est lors de cette scène gore, comme drapée du « Livre de la Genèse », qu'apparaît Aleksandra Kedzierska Fontaine, en tenue d’Ève, non sans rappeler la naissance de la compagne d’Adam - cela n’engage que moi - « (...) Il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait pris à l’homme (...) » qu’Aleksandra Fontaine entre en scène. C’est ainsi qu’Elisabeth Sparkle, dont le nom de famille signifie « éclat, étincelle » en français, tombe dans les abîmes… Et nous avec. 

 

Lepetitjournal.com Varsovie Bénédicte Mezeix-Rytwiński : Aleksandra Kedzierska Fontaine, vous êtes la doublure corps du personnage de Sue, interprété par Margaret Qualley, version jeune de l’actrice Demi Moore, qui interprète le personnage d’Elisabeth Sparkle. Comment avez-vous rejoint le casting du film événement de Coralie Fargeat ?

Aleksandra Kedzierska Fontaine : Il y avait énormément de danseuses, de comédiennes et de modèles à Paris qui voulaient être la doublure des actrices de « The Substance », car, évidemment, c’est un petit boost pour la carrière. Il y a donc eu un casting, mais je n’y ai même pas pris part. C’est assez drôle, car c’est la directrice de casting qui m’a trouvée, et je ne sais même pas comment. Puis la réalisatrice du filmCoralie Fargeat, m’a invitée au casting, car elle cherchait une fille avec une très jolie cambrure, dont le corps bouge joliment - ce qui n’est pas évident, car les comédiennes, elles jouent bien, mais ce ne sont pas des danseuses et les mannequins ont de jolis corps, mais ne savent pas forcément bouger. Ma chance c’est que Coralie m’a tout de suite adorée.

 

Comment s’est déroulé le casting avec Coralie, plus largement, comment  se passe un casting de doublure corps ?

Ce n’était pas évident au niveau du casting, car Coralie m’a demandé de me déshabiller intégralement, car c’était nécessaire pour le film. Au départ, j’ai été un peu déstabilisée : je m’étais préparée à me montrer topless, mais pas à me montrer totalement nue. Coralie a fait le tour de mon corps, munie de son téléphone pour me filmer de très près, mais en me mettant en confiance. Je me suis dit : « C’est comme ça, c’est pour le bien du film et du cinéma ».

 

Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir doubler des actrices comme Margaret Qualley (fille d’Andy McDowell), donc j’ai accepté.

Ensuite, beaucoup de mes copines m’ont confié qu’elles rêvaient aussi de décrocher le rôle, mais elles n’ont pas été choisies, c’est comme ça… (rires). 

 

On parle beaucoup plus dans le cinéma aujourd’hui du rapport au corps ; quand Coralie Fargeat vous a demandé de vous déshabiller intégralement, comment cela s’est-il déroulé ? 

Justement, ce qui est intéressant dans le cinéma, c’est que les comédiens ont toujours une assistance psychologique et des coachs intimes pendant le tournage, c’est exigé. Ils sont donc très protégés et suivis.

 

Les doubleurs, comme moi, devons nous débrouiller totalement seuls : personne ne nous suit, personne ne nous aide sur le tournage, psychologiquement. À vrai dire, nous sommes un peu livrés à nous-mêmes.

Quand on est poussé à sortir de sa zone de confort, il faut dialoguer avec soi-même, savoir pourquoi on accepte de le faire ; sinon on ne le fait pas, car cela peut être très dérangeant et même douloureux. Ce que je veux dire c’est qu’après certaines scènes, on peut se sentir humilié.

Personnellement, être dénudée, cela ne m’a pas posé de problèmes, car j’ai déjà fait des photos pour les bijoux de la marque Chanel Joaillerie où j’étais intégralement nue. Chanel Joaillerie voulait que je sois uniquement habillée de bijoux, c’était pour un magazine autrichien.

 

En tant que danseuse, j’ai un autre rapport au corps qui est avant tout mon instrument de travail.

J’ai travaillé toute ma vie avec cet instrument, donc cela ne me gêne pas autant. Mais je peux comprendre que, pour certains doubleurs, cela peut être difficile de se mettre nu devant toute l’équipe et faire comme si de rien n’était…

 

 

Le travail de doubleur est un travail de l’ombre, mais vous contribuez énormément au succès du film, car vous tournez de nombreuses scènes à la place des comédiens, dans votre cas, la sensualité du personnage de Sue, c’est aussi la vôtre ? Si le film obtient au moins un Oscar en 2025, vous aurez contribué à cette victoire…

Voici une petite anecdote : je doublais, en 2013, Sandrine Kiberlain dans le film « 9 mois ferme » où elle a obtenu un César en 2014.

 

Donc, je me dis que j’avais, moi aussi, obtenu un petit bout de ce César, car j’avais tourné de nombreuses scènes.

Bien sûr, quand les gens vont voir le film, ils ne voient pas des morceaux de puzzles de corps, mais l’intégralité : ils ne se demandent pas s’il y a un doubleur ou pas, c’est pareil avec les cascadeurs…

 

J’espère qu’après avoir lu votre interview, nos lecteurs regarderont « 9 mois ferme » et « The Substance » différemment, et sauront vous reconnaître… Est-ce que vous avez échangé avec la comédienne que vous doublez ?

Oui. Quand on attend au tournage, on boit parfois un café, on mange des gâteaux. Donc oui, j’ai pu échanger rapidement avec Margaret Qualley et un peu avec Demi Moore aussi.

 

Demi Moore est très très gentille : c’est une Américaine, donc elle est toujours smiley [souriante]. Pareil pour Margaret Qualley, c’est une fille adorable.

 

Est-ce que vous avez senti que vous étiez particulièrement respectée parce que c’était un film de femmes ? Est-ce que cela fait une différence ? 

Oui, peut-être, parce qu’au moment où j’ai dû tourner des scènes difficiles – j’ai, par exemple, dû m’allonger sur un carrelage glacial toute nue dans la salle de bain – vous reconnaîtrez la scène dans le film…

 

Afin de créer l’ambiance la plus sécurisante possible, Coralie a demandé à tout le monde de sortir – surtout aux  hommes. Il n’y avait plus qu’elle, moi et une camérawoman pendant la prise. 

En général, c’étaient plutôt des hommes qui étaient derrière la caméra, mais pour les scènes comme celles-ci, c’était une femme qui filmait. Et puis, il y avait toujours un peignoir à ma disposition avant et après la scène pour que je puisse me couvrir.

 

Demi Moore a laissé entendre, dans plusieurs interviews, qu’elles avaient fini sur les genoux avec Margaret Qualley… Est-ce que, vous aussi, vous êtes d’accord pour dire que c’était un tournage, physiquement et psychologiquement, extrêmement difficile à vivre ? 

Je ne peux pas parler de tout cela : mon contrat ne me le permet pas ! (rires) 

Je peux juste vous dire que le tournage était vraiment impressionnant. On a tourné à Paris, en studios. Pour la scène dans l’appartement de Demi Moore… je veux dire, d’Elisabeth Sparkle dans le film, tout a été très soigneusement préparé jusqu’aux plus petits détails comme les réflecteurs « Hollywood » : on se croyait vraiment dans un appartement de luxe au pied du Mont Lee à Los Angeles. Il y avait aussi ce tapis très agréable, que l’on voit dans le film et sur lequel j’ai dû m’étirer plusieurs fois, faire un grand écart, tendre les pointes de pieds et danser avec mes bras, juste en petite culotte et en t-shirt très court et bien serré… Ce tapis bien doux m’a donné beaucoup de courage, alors qu’il y avait toute l’équipe du film. 

Après, oui, je peux imaginer que Coralie a poussé jusqu’au bout les comédiennes, car leurs partitions n’étaient pas évidentes. Personnellement, j’ai beaucoup appris techniquement, avec ce tournage, comme ce qu’est un moulage du corps et pourquoi on le fait. Mon corps a aussi été moulé, cela faisait partie de mon travail de doublure. Le moulage, ce n’était parfois pas très agréable, voire même très compliqué, mais c’est très très utile pour la cohérence du film. 

 

 

Côté préparation, maquillage, comment cela se passait ?

Je devais souvent arriver au moins 3 heures avant mon tournage, car on me maquillait et me coiffait pendant plusieurs heures, je portais aussi une perruque, afin que je ressemble parfaitement à Sue et Elisabeth.

 

Une fois maquillée, je ne pouvais même plus aller aux toilettes ni vraiment m'asseoir : il ne fallait pas faire de marques sur le corps (rires). 

 

Vous étiez intégralement maquillée, des orteils à la racine des cheveux…

Oui, parfois, c’était même drôle, nous en rigolions, avec les maquilleuses, car si quelqu’un était entré dans ma loge, il m’aurait surpris dans des positions bizarres en train de me faire maquiller dans des endroits improbables (rires). Mais cela se passait toujours dans une bonne ambiance. 

 

Ce film traite de l’âge, de la stigmatisation des femmes. En tant que danseuse, mannequin et comédienne, comment abordez-vous cet aspect dans votre carrière ? 

Quand j’étais gamine, j’ai regardé le film « Striptease » avec Demi Moore, et je la trouvais extrêmement belle - un peu en chair, mais elle dansait super bien.

Je me disais « un jour, je veux être comme elle », et aujourd’hui, j’ai plus ou moins réalisé mon rêve, car j’ai pu travailler avec elle. D’une certaine façon nos deux corps ne faisaient plus qu’un, vu que je doublais sa version jeune – Margaret Qualley. 

 

Pour répondre à votre question, vous vous rendez-compte : j’ai prêté mon corps à une actrice de 10 ans de moins que moi ?

Cela veut dire qu’on est de plus en plus belles et qu’il ne faut pas avoir peur de vieillir. Même si je n’aime pas ce mot « vieillir », car justement, nous sommes stigmatisées et bombardées par les géants de la cosmétique, de la pharmacie, par les réseaux sociaux, qui  nous le rappellent sans cesse, pour nous éloigner de nous-mêmes… Alors qu’en vérité, nous sommes comme « le bon vin » (rires).

 

Le film s’applique également aux hommes. Il y a une scène où un infirmier donne des substances à un monsieur âgé qui souhaite revivre sa jeunesse…

Coralie Fargeat a déclaré dans un entretien pour Madame Figaro, qu’il n’y avait pas de femmes de plus de 50 ans autour d’elle qui soient écoutées, entendues. 

 

Je vis en Pologne depuis un moment maintenant et je trouve qu’ici, par exemple, il y a beaucoup de femmes de plus de 50 ans, voire plus, très visibles, actives, fortes, dans les médias, à la tête des entreprises, en politique, ou encore faisant tourner les commerces de mon quartier… Comment voyez-vous les choses, vous qui êtes entre les deux cultures, entre la France et la Pologne ? 

Sur ce point, je ne suis pas tout à fait d’accord avec Coralie Fargeat en ce qui concerne la France, car pour moi, il y a aussi des femmes qui s’assument et qui sont toujours très très belles. Plus largement, regardez Demi Moore, qui a 62 ans aujourd’hui ! Même si elle a fait des « améliorations » sur son visage - ça, on le sait, c’est toujours une très belle femme.

 

Oui, en Pologne, je connais pas mal de femmes, journalistes à la télévision entre autres, qui ne sont pas prêtes à arrêter de travailler et c’est très bien. 

 

Il faut également tenir compte du fait que lorsqu’on a plus de 50 ans, on peut ne plus avoir forcément envie d’être dans la lumière comme lorsqu’on a 20 ans, on est plus apaisé, on prend les choses avec plus de distance… Il y a peut-être de ça aussi, non ?

C’est tout à fait ça, exactement ! Les réseaux sociaux et la société nous imposent aujourd’hui des canons qui ne sont pas conformes à notre âge réel. Mais comme dès l’âge de 10 ans, les enfants ont déjà un portable, ils pensent que c’est ça, la vie : tous ces filtres qui transforment, la médecine esthétique, alors que pas du tout.

 

En vieillissant, on a envie d’exister grâce à ce qu’on a dans la tête, plutôt que d’être réduites à notre seul physique…

Et puis les jeunes générations se croient les rois du monde, c’est la vie et ils nous poussent vers la sortie… (rires)

 

C’est l’apanage de la jeunesse, non, de trouver « vieille », toute personne qui a quelques années de plus qu’elle ? Et vous, Aleksandra, comment étiez-vous à 20 ans ? 

À 20 ans, j’étais déjà depuis un an à Paris, où je dansais dans une revue au Lido, et je me rappelle que j’avais des copines danseuses dans la revue, qui avaient 40 ans ou même plus et je me disais : « Waouh ! » avec admiration, néanmoins, je ne me voyais pas travailler encore au même endroit à leur âge, car moi, je voulais parcourir le monde.

 

Quel a été votre parcours de danseuse avant le Lido ?

Avant le Lido, j’ai été à l’Ogólnokształcąca Szkoła Baletowa im. Janiny Jarzynówny-Sobczak w Gdańsku (l’École Nationale de Ballet de Gdańsk), jusqu’à l’âge de 16 ans et demi, puis j’ai obtenu une bourse pour étudier la danse et le théâtre à la Bruckner University en Autriche, à Linz. Depuis que je suis petite, j’ai cette envie de partir de Pologne.

Donc, à 16 ans et demi, j’ai passé l’audition à l’opéra de Gdańsk afin de pouvoir partir étudier en Autriche.

 

Mais, j’ai menti en disant que j’avais 19 ans, car à l’époque, je n’avais même pas le bac…(rires) Comme j’étais déjà assez grande, ils m’ont crue !

Puis, j’ai été admise. 

 

Votre âge n’a pas posé problème ?

Si, c’était un gros problème, car ma mère a dû signer un papier comme quoi je voulais faire deux écoles en même temps : finir mon lycée et étudier en même temps en Autriche. Finalement, ma mère et mon beau-père m’ont conduit en voiture à Linz où ils m’ont laissé.

 

Malgré mon jeune âge - 17 ans, je me suis ensuite débrouillée toute seule… j’étais un peu livrée à moi-même.

 

Vous avez du cran quand même ! Diriez-vous que vous êtes courageuse ? 

Oui, on peut dire ça. Je pense que cela se perçoit plus dans les quelques livres que j’ai écrit, et qui, je crois, me vient de Pologne : j’ai beaucoup de nostalgie et de mélancolie en moi et ce sentiment que l’on n’est pas fait pour vivre éternellement, que chaque jour, tout peut s’arrêter ! Un peu comme Frédéric Chopin

 

Comment gérez-vous cette mélancolie au quotidien ?

C’est peut-être bizarre, mais c’est un moteur qui me pousse à me dépêcher, car je ne sais pas combien de temps il me reste sur Terre. Pour vous dire, il y a deux ans, j'ai acheté à Paris un petit studio juste à côté du cimetière du Père-Lachaise, grâce à cet achat, j’ai une adresse dans le 20e arrondissement de Paris, et ainsi, je pourrai reposer auprès de tous ces grands poètes, artistes, chanteurs, acteurs… ... comme Édith Piaf et Frédéric Chopin.

 

Tous les artistes n’ont pas un égo démesuré, mais nous souhaitons être éternels (rires). À travers l’art, j’ai l’impression que j’existe. Si j’arrête, c’est que je suis déjà morte… 

 

 

L’art prend toute la place dans votre vie ?

Je me sens toujours insatisfaite, et j'ai deux projets de films, ou plutôt de cinéma, que j'aimerais mettre en œuvre dans les années à venir. Tout ce que je fais ne me suffit pas pour l'instant. On verra dans 10 ans (rires), certainement que j'aurai d'autres priorités.

 

Parlez-nous de votre carrière de Bluebell Girl durant 5 ans dans le célèbre Lido, où vous dansiez avec les mêmes pompons que Lady Gaga, lors de sa performance pour les JO de Paris

L’aventure du Lido a débuté en 2003 et a duré pendant presque 5 ans. Les filles Bluebell Girls sont très connues et célèbres dans le monde entier. J’étais parmi les meilleures danseuses, donc toujours en première ligne, au milieu. J’ai même remplacé ma capitaine, une Anglaise, qui m’a cédé sa place, car elle était plus âgée et cherchait quelqu’un qui soit au top.

 

J’avais 19 ans, je ne comprenais rien quand j’ai débarqué dans ce monde, mais tout de suite, j’ai gravi les marches jusqu’au sommet. 

 

Aleksandra Fontaine
Aleksandra Kedzierska Fontaine avec ses pompons du Lido dans la scène finale de "The Substance"

 

« Fontaine », c’est le nom que vous avez choisi lorsque vous avez acquis la nationalité française ? 

Oui, c’était en 2014, avec mes amis, nous avons cherché un nom qui sonne bien et qui soit facile à retenir. Comme je suis une artiste qui a plusieurs sources d’inspiration, mes amis me voient comme une fontaine. Je me suis dit : « pourquoi pas ». Je trouve ça joli.

 

Il y avait même une danseuse qui s’appelait Margot Fonteyn qui a marqué l’histoire de la danse classique.

C’est sûr que « Kedzierska » ce n’est pas facile à prononcer pour les Français (rire) ! 

 

Aleksandra, parlez-nous de votre autre passion : l’écriture 

Mon aventure avec l'écriture a commencé à Macao, en Chine. Durant mon contrat d'un an en Asie en tant que danseuse, j'ai vu tellement de choses difficiles, tellement d'injustice, de paradoxes que j'ai décidé qu’il fallait que j’en garde une trace.

Immédiatement après mon retour en Europe, j’ai décidé de suivre des études de journalisme par correspondance à Gdańsk et pendant 5 ans, j'ai travaillé comme actrice, danseuse, mannequin tout en étudiant en même temps. À la fin de mes études de licence, j'habitais à côté de Charlie Hebdo, et en 2015, l’année de l'attentat, j'ai écrit mon premier livre, « La Fille à la valise » - « Dziewczyna z walizką » qui a été publié en Pologne en 2016, c’était juste avant d'obtenir mon master. Ensuite, j’ai publié deux autres livres « Mustang », et le dernier « Tombe l'ombre ».

 

J'écris quand les idées s'accumulent en moi à tel point que je n'ai plus aucun endroit où les contenir ; c’est alors à ce moment-là que je dois les coucher sur papier.

En écrivant, je tente d’affronter la question universelle de l’identité humaine, embourbée dans une pandémie ou des idéologies totalitaires. Je dirais que mon écriture est souvent mélancolique, mais aussi pleine d'érotisme et de passion.

 

Livres d'Aleksandra Kedzierska Fontaine

 

 

 

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