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"Moi, Agrippine", par Janine Magnani

Buste de AgrippineBuste de Agrippine
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 29 août 2021, mis à jour le 30 août 2021

Il y a quelques semaines, le Petit Journal de Rome faisait la connaissance de Janine Magnani, l'une des lauréates du concours de nouvelles "Écriture des Sept Monts". Lors de la remise des prix, elle s'est confiée à nous et nous a avoué avoir un bon nombre d'histoires à partager. Nous vous proposons de découvrir aujourd'hui "Moi Agrippine".

 

 

Moi Agrippine, l'Augusta, je suis de la race des dieux. L'antique gens Julia à laquelle j'appartiens par ma mère, ne descend-elle pas de la déesse Vénus ? 

Je suis l'arrière-petite-fille du divin Auguste, la sœur de l'empereur Caligula, la veuve de l'empereur Claude, la mère de l'empereur Néron !

         Ma lignée est faite pour diriger l'empire, ma superbe et mon ambition sont légitimes et justifiées. Aussi j’ai œuvré toute ma vie pour atteindre le pouvoir et rendre à notre maison le rang qui lui revient de droit et dont elle fut injustement privée.

         Le chemin pour atteindre les sommets a été long et semé d'embûches. De cadavres aussi.

         Cependant j'ai toujours trouvé en moi les ressources pour continuer à vivre et aller de l'avant, même quand tout s'effondrait autour de moi. Rien ne m'arrêta, ni l'exil, ni les deuils et je ne reculai devant rien, même pas devant l'inceste et le meurtre.

         J'avais à peine treize ans lorsque Tibère, qui haïssait ma famille, me fit épouser l'odieux Domitius Eanobarbus, immoral, cruel et tyrannique. Il nous imposa de ne point procréer de son vivant.

         Dix ans ! J'ai dû attendre dix ans avant de pouvoir devenir mère. « Rien de bon ne peut naître de nous ! » fut le commentaire de mon époux à la naissance de notre fils.

         Le devin Balbillus, comme c'est la tradition, interrogea les astres et il annonça que l'enfant serait roi mais qu'il tuerait sa mère. « Qu'il me tue, pourvu qu'il règne ! » avais-je fièrement répondu.

         Nous y voilà.

         J'attends celui qui, sur l'ordre de mon fils Néron, tant attendu et tant aimé, viendra trancher ma gorge et qu'ainsi s'accomplisse mon destin. 

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