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Agitu Ideo Gudeta fondatrice de la Capra Felice assassinée en décembre

Agitu Ideo GudetaAgitu Ideo Gudeta
journal Dolomiti
Écrit par Roxane Garoscio
Publié le 25 janvier 2021, mis à jour le 25 janvier 2021

Le meurtre violent et brutal de Agitu Ideo Gudeta, entrepreneuse et bergère dans les vallées de Trente, a secoué et attristé l’Italie. L’auteur des faits, Adams Suleiman, travaillait pour elle en tant qu’ouvrier agricole. Ce dernier a confessé à la police italienne l’avoir violée et tuée à coup de marteau.

 

Un parcours du combattant

Écrire sur la vie d’Agita Gudeta, c’est avant tout parler de son parcours extraordinaire, de ses accomplissements et de ses combats. Elle est née et a grandi dans la capitale éthiopienne à Addis-Abeba. Après avoir obtenu son baccalauréat et âgée d’à peine 18 ans, elle déménage pour étudier la sociologie à l’université de Trento. Diplômée d’un Master de recherche, son sujet de mémoire porte sur l’économie rurale des pays en développement. Elle est par la suite rentrée dans son pays d’origine afin de participer à un projet de coopération dirigé entre autres par les bergers nomades. Engagée et défenseuse du travail de la terre, elle participe à des manifestations contre l’exploitation des employés agricoles de la région d’Oromia, elle est également à la tête d’une association luttant contre l’accaparement des terres par les entreprises multinationale mais est contrainte de quitter le pays suite à de nombreuses menaces de mort. Agita Gudeta parvient à s’enfuir et retourne en Italie où, elle demande le statut de réfugiée politique. Elle travaille d’abord dans un bar pendant deux ans puis s’adonne à sa passion : l’élevage.

 

Une femme forte et pleine d’ambition

Grâce à ses connaissances de la terre et de l’élevage, savoirs inculqués par sa grand-mère, elle décide de sauver la chèvre Mochena, originaire de la vallée des Mochènes, une espèce rare alors menacée. Dès lors, elle donne une nouvelle vie aux terres des vallées du Trentin, terrains précédemment délaissés par les locaux et s’y installe. À force de travail rigoureux et d’acharnement, elle parvient à faire grandir son entreprise agricole et fonde en 2012 La Capra Felice, ou « la chèvre heureuse », une entreprise écologique qui compte près de 180 chèvres. Elle débute comme productrice de fromages biologiques et parvient début 2020 à ouvrir son premier magasin spécialisé à Trente, la « Bottega della Capra Felice ». Un projet salué par l’association Slow Food et Legambiente, où l’on peut trouver des produits locaux, des fromages bios, du café d’Éthiopie et quelques produits cosmétiques à base de lait de chèvre. Malgré la crise économique causée par le virus, la boutique reste ouverte et connaît un franc succès dans la région, une excellente réputation qui s’est construite sans publicité mais fondée à l’aide du bouche-à-oreille. Agricultrice hors paire et entrepreneuse, elle avait notamment comme projet d’ouvrir un second magasin ainsi que de développer sa gamme de cosmétique.

 

Un meurtre glaçant

Le 29 décembre 2019 la dépouille d’Agita Gudeta a été retrouvée par un couple d’amis qui, inquiet car elle ne s’était pas présentée à un rendez-vous professionnel, s’était rendu à son domicile. Selon l’enquête ainsi que les confessions de son agresseur, l’éleveuse aurait été violée et tuée par l’ouvrier agricole pour un retard de paiement de salaire. Des justifications qui ont évidemment interpellé les associations féministes, étant donné que les circonstances et motivations confirment que le crime relève d’un acte misogyne. Un féminicide non conjugal mais qui rappelle qu’encore aujourd’hui de nombreuses femmes sont tuées en raison de leur genre.

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