Après une première campagne organisée en décembre 2020, des affiches ont été installées à des arrêts de bus Atac. L’emblème de la ‘Luchasegnale’ est cette fois-ci mis en valeur par l’illumination des vitrines. On y voit en effet le masque de la lutteuse, symbole de la maison des femmes de Lucha y Siesta, ainsi que la phrase percutante : « 19 féminicides en 90 jours ». L’objectif de cette démarche est clair, parler du féminicide à Rome, un crime encore tabou et qui ne cesse d’augmenter.
Une campagne forte
Les passants ont été interpellés par ces affiches, d’un côté une écriture blanche sur un fond noir« 19 féminicides en 90 jours », et de l’autre le visage d’une femme portant le masque des combattants où l’on déchiffre l’écriteau « Lucha y Siesta ». Les militants dénoncent une recrudescence du nombre de féminicides dans la péninsule italienne depuis le début de la pandémie, pour en témoigner un article est accessible grâce au code QR exposé sur la première affiche. Une fois le code pris en photo, le passant a dès lors accès à un billet rédigé par les membres de l’association. Une opération définie par les activistes comme étant « vouée à être déjà obsolète », une affirmation qu’ils justifient en expliquant que « les féminicides augmentent si vite que toutes les données sont vite dépassées ».
L’article décrit par ailleurs le féminicide comme étant : « la manifestation extrême de la violence sexiste dans la société patriarcale. C'est la pointe de l'iceberg sous laquelle se trouvent des milliers de femmes qui subissent quotidiennement la violence et ne sont pas crues et qui choisissent chaque jour de s'échapper, de s'opposer, de se battre et de s'auto- détermination, donnant vie à des espaces de liberté personnelle et collective ».
Des chiffres en augmentation
Une campagne qui vise à mettre en évidence la situation actuelle et qui compare le nombre d’homicides commis au cours de ces dernières années avec celui des meurtres de femmes : « Alors que le nombre total de meurtres continue de baisser, année après année, celui des féminicides augmente, jour après jour. Au cours des six premiers mois de 2020, 45% des meurtres étaient des féminicides, soit une augmentation de 10% par rapport à 2019. Au cours des deux mois de verrouillage les plus durs - avril et mai - le pourcentage de femmes tuées a atteint 50% du total des meurtres : 90% des tueurs sont des membres de la famille, 61% sont des partenaires ou d'anciens partenaires. De plus en plus de femmes sont donc tuées dans des relations dites affectives ».
Les militants de Lucha y Siesta ajoutent le besoin de mettre en place des mesures protégeant les femmes : « Des normes, des procédures et des plans sont nécessaires mais pas suffisants pour créer les conditions nécessaires au changement. Nous avons besoin de pratiques quotidiennes, pas d'interventions d'urgence, nous avons besoin d'une vision systémique et d'une approche culturelle, sociale et politique ».