Depuis le 15 septembre et ce jusqu'au 19, se tient la toute première édition du Festival Film Villa Médicis à l’Académie de France de Rome. Découvrez en avant-première Between the Heavens and me, de l’artiste chilien Alfredo Jaar et Vas-tu renoncer ?, de la française Pascale Bodet. Deux films : un court et un long-métrage tous deux saisissant, troublants, et qui méritent plus qu’un simple coup d’œil curieux.
Plongé dans le noir d’une pièce transformée en salle de cinéma d’art et d’essai pour l’occasion, on reprend goût à la cinéphilie cinéphile. Entouré des tapisseries habillant les murs du Grand Salon de la Villa Médicis, on se laisse enchanter par un décor imprégné de vécu. Troublé au milieu de ce lieu ou art et histoire, passé et présent ne font plus qu’un, on découvre Between the Heavens and me et Vas-tu renoncer ? deux œuvres fascinantes qui sans forcer le trait, nous invitent à réfléchir aux liens qui unissent cinéma et art contemporain.
Between the Heavens and me (Alfredo Jaar, 2020)
Tourné et produit par Alfredo Jaar lui-même, Between the Heavens and me est un journal intime filmé pendant les premiers mois du Covid-19 à New-York. C’est un voyage dans le temps mêlant urgence – celle créée par une maladie soudaine – et lenteur – celle causée par une vie confinée, où beaucoup d’entre nous nous sommes retrouvés face à nous-même, devant affronter l’isolement, la solitude et la peur d’une mort prématurée.
Between the Heavens and me est une véritable œuvre d’introspection qui nous fait revivre en direct les premiers mois d’un virus venu de nulle part et ayant mis l’Occident à genoux en à peine quelques semaines. Jaar nous contraint à faire face un miroir de douleur où la mort, injuste dans toute sa splendeur, frappe là où ne l’attend pas, nous enlevant d’un seul coup ce que nous aimions, admirions et pensions intouchables, à l’image de Manu Dibangu. Entre silences insupportables et musiques entrainantes, notre cœur est à nouveau mis à l’épreuve de ce traumatisme mondial qui nous fit perdre d’un seul coup nos repères. Rendus pantois, coi, incapable de « gouverner l’imprévisible », le spectateur observe avec respect.
Vas-tu renoncer ? (Pascale Bodet, 2021)
Réconcilier Baudelaire et Manet par la fantaisie historique, tel est le projet de Pascale Bodet, réalisatrice du long-métrage Vas-tu renoncer ? Nous sommes au cœur du Paris de ce début du siècle. Édouard est peintre, Charles poète. Ils sont tous les deux amis, mais le découragement guette face à l’adversité. Prisonniers de ces humeurs, blessé par la critique, Édouard peine à trouver la lumière. Mais, quand Gulcan, un étranger au français fort approximatif, surgit de nulle part, une idée lui vient. Travaillant sur le lien entre l’œuvre d’art et lacaricature, Bodet nous invite à nous demander si cette dernière à la capacité de faire avancer le travail d’un artiste ou bien de manière plus significative, l’Art.
Vas-tu renoncé est une œuvre qui demande un œil ainsi qu’une oreille attentive et un cœur ouvert pour saisir les états d’âme des personnages peints sous notre regard. C’est une comédie dramatique, une magnifique satire aussi grinçante qu’amusante. Elle appuie là où ça fait mal, met l’artiste face à son travail, sa page blanche, son échec, et le spectateur face à sa propre critique.
Prochaine séance
Samedi 18 – salle M. Piccoli à 11h30