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Quartiere dell’Ortica : l’histoire d'un musée en plein air

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Entrée du musée en plein air du quartier dell'Ortica | @Inès DA
Écrit par Inès Daneluzzo-Albertini
Publié le 24 octobre 2019, mis à jour le 24 octobre 2019

Le quartier-musée situé à l’est de Milan, Ortica, est devenu connu pour son street art, émanant d’artistes réputés, qui rhabille de nombreux murs et façades. Balade dans ce quartier chargé d’histoire.

Il doit son nom aux champs d’orties qui le traversaient aux Moyen-Âge, il a un passé industriel et des murs couverts de peintures incroyables, mais conserve une atmosphère bucolique ainsi qu’un calme royal dans ses ruelles. Il s’agit du quartier milanais Ortica, ancienne banlieue populaire de Milan qui traverse les siècles en conservant sa personnalité bien particulière.

 

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@Inès Daneluzzo-Albertini

Le charme perdu de la banlieue Est milanaise

Ortica est devenu un quartier milanais en 1923 seulement, par annexion à la ville. S’en est suivie une période d’industrialisation, avec la construction d’usines et le développement de tronçons ferroviaires, dont le premier fut la mythique ligne Milan-Treviglio, creusée entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle. Ces installations ont contribué par la suite à faire d’Ortica un centre industriel, à la fois isolé et indispensable au centre de la ville, et ont coûté la perte d’une certaine authenticité des décennies précédentes. Les chanteurs milanais Enzo Jannacci et Giorgio Gaber narraient dans leurs chansons des années 1970 l’atmosphère passée de cette banlieue populaire, l’histoire de ses personnages emblématiques, et la vivacité des « case popolare » d’antan. Un charme du siècle dernier, aujourd’hui perdu.

 

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Graffiti hommage à Lea Garofalo, assassinée en novembre 2009 par les hommes de la ‘ndrangheta | © Inès Daneluzzo-Albertini

Les « murales » d’Ortica

Une vingtaine de ces graffitis proviennent d’un projet artistique datant de 2015, à l’initiative du collectif Orticanoodles : « Or.Me – Ortica Memoria ». Inspirés du concept archaïque de raconter une histoire grâce à des dessins muraux, les artistes l’ont actualisé grâce à des thèmes contemporains et des moyens modernes, et ont participé à donner un certain panache au quartier. On peut notamment admirer dans ce « musée en plein air », une œuvre qui rend hommage à des personnages historiques qui se sont battus pour un monde juste : « il muro della giustizia », représentant des visages comme ceux du carabinier Carlo Alberto Dalla Chiesa, de l’avocat milanais Giorgio Ambrosoli, du journaliste Walter Tobagi, et de Lea Garofalo, tous les quatre victimes d’assassinats par la mafia italienne. Un camaïeu de vert recouvre donc cet immense mur hommage, parsemé de citations comme la suivante sur le joue de Lea Garofalo : « Vous vous demanderez ce que j’ai choisi… j’ai choisi le cœur, j’ai choisi la justice, j’ai choisi la liberté ».

 

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Près des voies ferrées, les graffitis se mêlent à la végétation © Inès Daneluzzo-Albertini

 

A découvrir également, plusieurs murs-fresques, comme celui des femmes qui ont marqué le 20ème siècle, le mur des ouvriers, le mur de la coopération, le mur de la musique populaire et celui du sport. Parmi les graffitis les plus emblématiques du collectif, on peut aussi admirer le pont de Buccari où, le long de la route, les Orticanoodles ont peints des mots choisis au préalable par les élèves des écoles voisines. Des mots qui selon eux, représentaient le mieux les concepts de liberté et de justice. Avec des lettres de toutes les couleurs et la candeur des choix enfantins, c’est un moyen ludique et artistique de rendre le sourire aux automobilistes.

Le projet de 2015 a contribué à dynamiser Ortica en termes de visites touristiques et de reconnaissance artistique. Mais l’atmosphère y demeure encore des plus calmes.

 

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