Varsovie est classée à la 6e place des villes les moins chères en Europe pour commencer son business, selon une étude du cabinet de conseil et d’audit Vellis Financial, « The Most Expensive Cities in Europe to Start a Business (2025) ». Pour établir ce classement, trois variables ont été retenues : le prix du travail, du loyer, et le montant des taxes. Avec un salaire moyen en équivalent euro de 11,9 €/ heure, des bureaux à 20 €/ m² en moyenne, et des « coûts prédictibles », la capitale polonaise se hisse en haut du classement des villes les plus attractives pour les investisseurs. Dans quelle mesure ces avantages comparatifs bénéficient-ils aux Polonais ? Quelles sont les autres villes du classement ?


Quelles sont les villes qui vont faire exploser votre budget, celles qui vont vous permettre de souffler ?
Dans son nouveau rapport, intitulé The Most Expensive Cities in Europe to Start a Business (2025), Vellis Financial classe 30 villes européennes, en fonction du coût d’implantation des start-ups. Où les entrepreneurs et les startupers ont-ils un besoin de fonds importants pour mener leur activité, où peuvent-ils se lancer à moindre coût et tirer le meilleur parti de leur capital ?
Pour établir ce classement, trois variables ont été retenues : le prix du travail, du loyer, et le montant des taxes. Avec un salaire moyen en équivalent euro de 11,9 €/ heure, des bureaux à 20 €/m² en moyenne, et des « coûts prédictibles »
Oubliez Zurich en Suisse, qui arrive en tête du classement des villes européennes les plus chères pour les start-ups, avec des coûts salariaux moyens de 53 €/heure et des frais d'installation de 630 euros.
Oslo, capitale de la Norvège, arrive en deuxième position des villes exigeant un budget élevé, car les salaires y sont également élevés (50 €/heure) et les loyers commerciaux rivalisent avec ceux des capitales les plus chères.
Milan en Italie, Paris pour la France, et Londres capitale du Royaume-Uni complètent le top cinq. Les infrastructures y sont de classe mondiale, mais le prix d'entrée y est élevé.
À l'opposé, Sofia, capitale de la Bulgarie, Budapest capitale hongroise et Bucarest, capitale de la Roumanie, offrent des structures plus abordables pour les entrepreneurs, car ces villes se caractérisent par une fiscalité allégée, des loyers peu élevés et des coûts de main-d'œuvre favorables aux startups.
Pour ce qui est du taux d'imposition, il varie de 9 % en Hongrie à plus de 30 % au Portugal, ce qui crée des écarts importants dans la planification des coûts à long terme.
💡 Top 10 des villes les moins chères
1 - Sofia - Bulgarie : coût du travail : 10,60 €/ heure , loyer : 13 €/ m², taxes : 10%
2 - Budapest - Hongrie : coût du travail : 11 €/ heure , loyer : 15 €/ m², taxes : 9%
3 - Bucarest - Roumanie : coût du travail : 12 €/ heure, loyer : 15 €/ m² , taxes : faibles
4 - Zagreb - Croatie : coût du travail : 12,70 € / heure , loyer : 15 €/ m² , taxes : faibles
5 - Vilnius - Lituanie : coût du travail : 14 €/ heure , loyer : 15 €/ m² , taxes : 16%
6 - Varsovie - Pologne : coût du travail : 11,90 €/ heure , loyer : 20 €/ m² , taxes : coûts prédictibles
7 - Athènes - Grèce : coût du travail : 12,60 €/ heure , loyer : faible , taxes : faible
8 - Bratislava - Slovaquie : coût du travail : 12,50 €/ heure , loyer : faible , taxes : faibles
9 - Riga - Lettonie : coût du travail : 14 €/ heure , loyer : 15 €/ m² , taxes : 16%
10 - Tallinn - Estonie : coût du travail : 13,60 €/ heure , loyer : modérés , taxes : modérées
La croissance polonaise soutenue grâce aux investissement direct de l’étranger (IDE)
Depuis la libéralisation de la Pologne et l’entrée dans l’Union Européenne en 2004, le pays n’a cessé d’attirer les investisseurs – on parle d’investissement direct de l’étranger (IDE). Ils atteignent aujourd’hui des sommets : le Premier ministre Donald Tusk et le ministre des Finances Andrzej Domański estimaient en février de cette année, leur montant à 650 milliards de zlotys pour l’année 2025 – un record.
Relations Suisse - Pologne : l’économie constitue le premier terrain de coopération
Concrètement, l’attractivité de Varsovie et de la Pologne permet à des entreprises d’investir dans des projets économiques – principalement la science, la transformation énergétique, les infrastructures portuaires et ferroviaires – ce qui réduit le chômage et augmente la production de valeur dans le pays de manière macroéconomique, c’est à dire en regardant l’économie de la Pologne dans son ensemble.
Assemblée Générale de la CCIFP – 2025
💡 Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) polonais reste un des plus élevé d’Europe : entre 2024 et 2025, la croissance à oscillé entre 2,1 et 3,9 %. En même temps, la moyenne Européenne stagnait à 0,8 %. (Source : Eurostat, 2025)
De même, le chômage a presque disparu aujourd’hui en Pologne : en mars 2025, seuls 2,7 % de la population active était sans emploi selon la méthodologie d’Eurostat. Seule la République Tchèque a un taux de chômage plus faible, avec 2,6 % de la population active, quand la moyenne européenne est à 5,8%.
On peut parler de « chômage frictionnel » : il existe forcément une petite proportion de personnes sans emploi, notamment pendant les périodes entre deux activités.
La fin du « plombier polonais » involontairement adoubé en 2005 par Philippe de Villiers
Le redressement économique polonais peut se voir dans le retournement de paradigme du plombier polonais. En 2005, Philippe de Villiers forgeait cette image désormais culte, d’un polonais, drapé dans sa salopette, armé de ses clés à molette à la conquête des tuyauteries françaises.
Derrière cette prise de parole qui a occupé les médias, les débats et les conversations, durant de longs mois, l’homme politique français a voulu dénoncer une submersion de main-d'œuvre polonaise moins chère que la française, dans le contexte de l’élaboration du traité établissant une constitution pour l’Europe.
Pour rappel, lors d’un débat houleux sur le projet de directive européenne proposé par l’ex commissaire Frits Bolkstein, concernant le libre échange des hommes, du commerce et services ou les travailleurs détachés, le député français, Philippe de Villiers, avait déclaré dans Le Figaro, du 15 mars 2005 : « La directive Bolkestein permet à un plombier polonais ou à un architecte estonien de proposer ses services en France, au salaire et avec les règles de protection sociale de leur pays d'origine. ».
Vous souvenez-vous du fameux plombier polonais ?
Désormais, l’inverse se produit et de nombreux Polonais de l’étranger reviennent en Pologne : en 2017, 2,5 millions de polonais vivaient à l’étranger alors qu’en 2023, leur nombre était descendu à 1,5.
On peut même observer une fuite des cerveaux inversés : des intellectuels et chercheurs polonais partis a l’étrenger reviennent dans le pays contruibuant ainsi à la richesse nationale.
Ce phénomène de reemigracja est particulièrement visible au Royaume-Uni par exemple. Si avant Brexit, de 150.000 à 200.000 polonais arrivaient en Pologne, ce flux s’est tarri avec la nouvelle difficulté des procédures d’entrée. La diaspora demande des conditions de travail plus confortable.
Cependant les investissements directs de l’étranger (IDE) ont aussi un coût pour la société polonaise
Pour rendre la Pologne attractive au regard des investisseurs et des entrepreneurs, le pays se spécialise là où il a un avantage comparatif : des salaires faibles et des loyers modérés par rapport aux moyennes internationales, des normes limitées ainsi que des taxes faibles. Bien qu’au niveau macroéconomique ces politiques enrichissent le pays de la Vistule, cela peut avoir un impact négatif sur certains Polonais individuellement.
Immobilier, nourriture, transports, loisirs : combien ça coûte de vivre en Pologne ?
Il faut faire avec la stagnation des salaires réels préjudiciable pour ceux qui vivent dans le pays
Certes, le salaire nominal moyen polonais augmente fortement – il a plus que doublé depuis 2016, passant de 4, 18 milles zlotys par mois à 8, 95 milles par mois au premier trimestre 2025. Cependant, le salaire réel – salaire déflaté de l’inflation – augmente bien plus modérément. En 2023 par exemple, le salaire nominal augmente de 13 %, mais face à l’inflation galopante, le salaire réel n’augmente que de 1,1 %.
💡 L’évolution du salaire nominal ne s’intéresse qu’au changement de valeur sur le compte en banque. Celle du salaire réel en revanche étudie l’importance du changement de valeur au regard de l’inflation.
Par exemple, si le salaire nominal augmente de 10% sur un an, mais que l’inflation est de 25%, le salaire réel baisse de 12% par rapport à l’année précédente : on peut s’acheter moins de choses.
Analyse - Des Youtubeurs anglais font leurs courses en Pologne, du buzz à la réalité
Une inflation difficilement contenue qui impacte la vie quotidienne des Polonais et son coût
De même, bien que le niveau de richesse moyen en Pologne augmente, l’inflation est elle aussi galopante. Bien qu’elle ait été contenue par rapport aux années 2022 et 2023 où l’augmentation de l’indice des prix à la consommation avait augmenté jusqu’à près de 18 %, l’inflation stagne toujours autour de 4,3 % en Avril 2025.
💡 L’inflation se calcule à partir de l’indice des prix à la consommation (IPC) : on regarde la différence de prix entre deux paniers de biens représentatifs de la consommation d’un ménage polonais. On évalue ensuite proportionnellement l’augmentation globale des prix.
Une augmentation de l’IPC de 4,3 % en avril 2025 veut dire qu’un panier de biens d’avril 2025 coûte 4,3 % plus cher que le même panier en avril 2024.
Comment vivez-vous l’inflation en Pologne ? Résultats de notre sondage
Bien que de nombreux autres facteurs puissent aussi expliquer l’inflation structurelle en Pologne, l’afflux d’IDE augmente mécaniquement les prix : une arrivée importante de valeur combinée à une demande forte conduit à une pression sur le marché intérieur (par exemple pour le loyer des bureaux), ce qui amène à une augmentation des prix – l’inflation.
Ce mécanisme a déjà été observé à de maintes reprises dans d’autres situations : en 1951 l’historien des Annales François Braudel analysait ainsi la « révolution monétaire » espagnole du XVIe au XVIIIe siècle. Face à l’afflux d’or venant des colonies à la suite de la politique mercantiliste espagnole, une inflation très importante a eu cours dans la péninsule jusqu’à la révolution industrielle.
Qu'est-ce qui nous attend sur le marché des bureaux à Varsovie en 2024 ?
Des IDE prescripteurs, qui deviennent vecteurs d’inégalités en privilégiant certains secteurs et territoires
Là où il y a des investissements, se maintient une forme de prospérité, comme l’augmentation de la richesse, des salaires… - ailleurs, c’est l’inverse.
Les rapports du Główny Urząd Statystyczny (GUS) révèlent donc ces inégalités sectorielles et géographiques à l’aide du business competitivity index (BCI).
Ainsi, certains secteurs sont très attractifs et ont un business competitivity index - BCI élevé comme la finance, et les médias / communication.
À l’inverse, le secteur industriel reste à la traîne. Cela se traduit directement par les évolutions salariales : en 2023, les salaires moyens du secteur industriel ont baissé de 1,5% alors que dans le secteur de la finance et des médias / communication, les salaires ont augmenté de 3,8% et 3,2% par rapport à l’année précédente.
De même, le BCI varie énormément d’une Voïvodie à l’autre, et selon une frontière entre les territoires urbains et ruraux. Les régions ayant le BCI et l’attractivité la plus faible – principalement situées aux frontières orientales de la Pologne sont donc délaissées par les investisseurs. A l’inverse, les grands centres urbains comme Varsovie captent de plus en plus les investissements ce qui accroît les inégalités territoriales, reproduisant encore le schéma Pologne A et Pologne B.
💡 Choisir la France - le sommet Choose France : un résultat mitigé
Lundi 19 mai, le Président français Emmanuel Macron a annoncé des investissements étrangers à hauteur de 39 milliards d’euros en France – dont 20 nouveaux – à l’issue du sommet Choose France – un record.
De plus, 29 milles emplois seraient créés grâce à 1025 projets.
Le cabinet Ernst & Young remet ces chiffres en perspectives : pour lui, la France attire une multitude de projets, certes, mais qui créent chacun peu d’emplois – ce qui est, contrairement à la Pologne, un enjeu important en France. Ainsi, avec moins de projets, l’Espagne crée plus d'emplois dans le secteur de l'intelligence artificielle.
Au-delà de la réussite du sommet, c’est aussi la politique initiative de la France qui est remise en cause, notamment par le collectif Nos Services Publics, créé par Lucie Castets. L’argent public dépensé ou non acquis pour accroître l’attractivité économique de la France se paye par une baisse des budgets du service public.
📲💻 Pour rester informés du lundi au dimanche, inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
💡 Soutenez votre édition | lepetitjournal.com Varsovie
↪ Lepetitjournal.com est un média quotidien, 100% en ligne, que nous avons choisi de rendre accessible à tous, gratuitement. Mais l’indépendance, la rigueur et l’originalité ont un coût.
↪ Chaque édition locale Lepetitjournal.com est indépendamment financée par des annonceurs, sans jamais céder sur son autonomie : la rédaction reste souveraine dans ses choix éditoriaux.
↪ Grâce à votre fidélité, Lepetitjournal.com Varsovie est dans le top 15 des éditions les plus lues en termes d'audience sur les plus de 70, présentes à travers le monde.
↪ En nous soutenant, même modestement - à partir de 5 €, vous nous aidez dans nos missions quotidiennes, contribuez à nous développer et garantissez la pérennité du média.
🎯 Lepetitjournal.com Varsovie fêtera en 2026, 20 ans de rayonnement en Pologne ainsi qu'à l'international : un cap symbolique que nous franchirons, ensemble !
Vous pouvez également nous suivre sur Facebook, LinkedIn
Sur le même sujet
