ACCORD SUR LES TRAVAILLEURS DÉTACHÉS - Les échos dans la presse

Publié le 26 octobre 2017, mis à jour le 6 janvier 2021

La presse de mercredi évoque l’accord concernant la révision de la directive sur le détachement des travailleurs qui a été adoptée dans la nuit de lundi à mardi. L'accent est mis sur l’échec de la délégation polonaise qui n’a pas su bloquer les réformes défavorables imposées par la France limitant la concurrence sur le marché européen des travailleurs détachés, dont un cinquième provient de Pologne.

Gazeta Wyborcza titre « Les délégués ont mal joué », Nasz Dziennik , « Macron a réussi son coup » et Rzeczpospolita « La Pologne a perdu contre Macron », « Le travail délégué comme l’a voulu la France » et remarque plus loin que « Macron a poussé à fond ses propres intérêts sans avoir recours au consensus ».

Les journaux s’accordent sur le fait que l’adoption de la directive a révélé le manque d’unité au sein du Groupe de Visegrad. Contrairement aux déclarations antérieures, la République tchèque et la Slovaquie ont soutenu les réformes proposées par Paris. « Le président Macron avait redoublé d’efforts pour briser l’unité du V4 dès le mois d’août » – écrit Nasz Dziennik.

Le rédacteur des pages étrangères de Rzeczpospolita constate une défaite polonaise à plusieurs dimensions. En premier lieu, sur le conflit avec Emmanuel Macron qui avait fondé son projet de révision sur des principes anti-polonais, selon le journal, et qui avait réussi à se faire des alliés en vue de protéger le marché du travail français du plombier polonais en critiquant les actions du PiS. Cette défaite est aussi l’impuissance de la Pologne face au « démontage par l’Allemagne et la France des fondements de l’Union européenne et des libertés du marché commun ». Enfin, c’est aussi un combat perdu pour l’avenir du groupe de Visegrad. Son opposition efficace à la relocalisation obligatoire des réfugiés s’est avérée n'être qu’un succès passager. La méfiance à l’égard des immigrés et des musulmans s’est propagée sur toute l’Union et a cessé de caractériser le V4. Le rédacteur avertit que le manque d’unité du groupe de Visegrad risque de mettre en péril la sécurité énergétique et militaire de la Pologne. Le manque de diversification d’objectifs communs peut par ailleurs conduire à la décomposition du groupe et remettre en cause son fonctionnement – conclut le journaliste.

Un autre journaliste de Rzeczpospolita constate que compte tenu des victoires de la droite dans différents pays européens et des difficiles négociations autour du Brexit, Emmanuel Macron a été amené à réviser ses plans impérialistes pour la refonte de l’UE : « son grand capital politique, Macron a dû l’investir dans une affaire de moindre importance, de travailleurs détachés qui ne représentent qu’un pour cent des travailleurs de l’UE ».

En attendant l’adoption du paquet mobilité, la question du transport routier reste toujours ouverte et il n’est toujours pas décidé si les chauffeurs de poids lourd seront soumis aux principes du travail détaché.