Renaud Girard, qui était présent lors du XXXIIIe Forum économique de Karpacz, a publié une chronique lundi 9 septembre dans Le Figaro où il décryptait la transformation de la Pologne. Il concluait sa chronique en disant que : “le Triangle de Weimar (Paris-Berlin-Varsovie) est devenu aujourd'hui l'axe politique le plus important au sein de l'Union que la Pologne deviendra probablement le quatrième grand dans l'Union européenne.” Nous avons décidé de remonter le cours de l’Histoire afin de comprendre, malgré les griffures du passé, comment la Pologne en est arrivée à tirer son épingle du jeu. Le premier volet de ce dossier en deux parties démarrait en 1980. Voici la suite, de 2020 à 2025.
Aujourd’hui, l’économie polonaise semble avoir dépassé les pays d’Europe du Sud
Aujourd’hui, la Pologne est dans une position intermédiaire. Elle fait figure d’outsider grâce notamment à son dynamisme économique.
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Il est vrai qu’elle a déjà dépassé les pays d’Europe du Sud dans bon nombre d’indicateurs économiques. Par exemple, la Pologne dépasse la Grèce, l’île de Malte ou encore le Portugal au niveau du salaire minimum en 2024. De plus, elle possède l’un des plus hauts taux de croissance annuels du salaire minimum depuis janvier 2014, comparés aux autres pays européens.
Une résilience polonaise à toute épreuve ?
En outre, la Pologne connaît un véritable développement économique stable. En effet, l’économie polonaise n’a été ralentie qu’en 2009, lors de la crise des subprimes ; et en 2020, lors de la crise sanitaire liée à la COVID-19.
Légende : évolution du PIB par rapport au capital de la Pologne.
On peut noter également une très forte croissance de la Pologne en 2021, ce qui montre la forte résilience de ce pays que ce soit dans un contexte historique ou bien dans un contexte économique. C’est ce qui fait dire à René Girard, dans sa chronique du 9 septembre dans Le Figaro, que : « malgré leurs malheurs et les jougs qui leur furent imposés, jamais les Polonais ne perdirent leur ferveur nationale, ni la foi en leur destin. » Signalons aussi que l’économie polonaise se porte bien, et ce, malgré la guerre russo-ukrainienne qui frappe à ses frontières.
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Le marché du travail polonais semble tout aussi résiliant, car malgré l’afflux de réfugiés ukrainiens. En effet, ceux-ci sont plus d’un million aujourd’hui et la majeure partie d’entre eux ont trouvé un emploi peu après leur arrivée sur le territoire polonais.
Légende : taux de chômage sur la période 2004-2022.
2023, l’exception qui confirme la règle ?
L’année 2023 apparaît comme une stagnation dans l’économie polonaise. En effet, on constate que son marché intérieur ne suffit pas, c’est pourquoi l’économie polonaise repose en grande partie sur ses exportations. Il est vrai qu’en 2023 la consommation et la demande intérieure ont diminué. Par contre, la propension à épargner des Polonais a augmenté. On peut expliquer cela par différents facteurs, notamment le fait que l’inflation est devenue structurelle même si elle a tendance à ralentir ces derniers temps.
Source : Stat.gov.pl (partie du tableau traduite en français).
Mais face à ces doutes, quelles perspectives pour la Pologne?
La Pologne a donc mis quasiment 50 ans pour placer son économie dans la moyenne des pays européens. Avec son taux de croissance des salaires, elle pourrait même, d’ici quelques décennies, rattraper les pays d’Europe de l’Ouest.
Cependant, la Pologne reste confrontée à des défis majeurs. En premier lieu, il y a celui du mix énergétique dans une Pologne encore fortement dépendante de l’exploitation minière du charbon. De plus, le pouvoir d’achat des Polonais doit continuer d’augmenter afin de bâtir un marché intérieur solide pour ainsi redynamiser la consommation et la demande intérieures. En outre, le soutien de l’Union européenne paraît essentiel au maintien de la croissance économique. D’ailleurs, l’UE a mis en place un programme de subventions afin de pousser la Pologne vers la décarbonisation ; il s’agit du National Recovery Plan.
💡 Le National Recovery Plan, co to jest ?
Ce plan est une programmation de fonds européens : il définit les objectifs des subventions européennes en Pologne. Il a pour but de renforcer la résilience de la Pologne suite à la crise de la COVID-19 mais aussi d’appuyer le pays dans sa transformation énergétique.
Enfin, si nous pouvons bien parler du nouvel âge d’or de la Pologne, celle-ci doit encore relever un certain nombre de défis pour pouvoir être considérée comme le « quatrième grand d’Europe » si on se rattache à la périphrase de René Girard dans les colonnes du Figaro. Cela semble être aussi la vision du Président de la République, Emmanuel Macron, qui avait déclaré en février 2020 sur Instagram - lors de sa visite à l’Uniwersytecie Jagiellońskim (université Jagellon) : « La Pologne et la France ont à jouer un rôle important en Europe pour relever les défis de la sécurité, du climat et de la souveraineté. »