Je cours 3 fois par semaine, mais je ne suis pas une dératée. J’avais déjà participé au Cracovia Półmaraton en 2021, fait un peu de trail, avec le Turbacz Trail 2022, dans les Tatras, à Nowy Targ. Pas trop préparée, sans avoir suivi de plan d'entrainement, je m’élance le samedi 18 mai 2024 sur les 21,0975 kilomètres de routes et rues de Gdynia. Un beau parcours au coucher du soleil, en bord de port ou de mer, bien organisé, des bénévoles sympathiques, mais des ravitaillements décevants et peu écologiques, je vous livre mes ressentis sur ce défi de plus de 30.000 pas !
Une belle équipe de bénévoles pour une organisation efficace
Vendredi 17 mai 2024 vers 18h, je me rends au square, Skwer Kościuszki de Gdynia, le lieu du départ de la course pour retirer mon dossard. Habitante de Gdańsk, nul besoin d’avoir les yeux rivés sur Google Maps pour s’y rendre, le parcours était déjà fléché la veille de la course.
Arrivée à 18h, je me prépare à faire la queue pendant un moment car dans toutes les courses auxquelles j’ai participées, ce n’est pas très astucieux de retirer son dossard à la sortie du travail. J’ai été très surprise de découvrir qu’il n’y avait aucune attente. Il suffisait de présenter son QR-Code à une équipe de bénévoles très sympathiques, et vous voilà équipée.
Maintenant c’est parti !
Un parcours qui fait honneur à Gdynia
Le départ n’a pas été choisi au hasard : la ligne a été installée dans le port de Gdynia, lieu emblématique, avec un magnifique coucher de soleil sur le vieux gréement Dar Pomorza et les Sea Towers…
C’est dans cette carte postale que je m’élance !
Après un départ sans accroc, c’est avec les encouragements des spectateurs et des applaudissements nourris, que je déroule les kilomètres.
Point très agréable sur ce parcours : il n’y a pas de rétrécissement de chaussée ! Si certains peuvent trouver que c’est un peu monotone de courir au milieu de larges avenues qui pouvant sembler interminables (surtout à partir du 15e kilomètre !), je trouve au contraire que c’est agréable d’avoir de l’espace et de ne pas être agglutiné les uns aux autres.
Le parcours est uniquement composé de routes en bitume, mon âme de traileuse et mes genoux en caoutchouc en ont un pris un coup, mais c’est le jeu de ces grands évènements, pour permettre à chacun d’atteindre son record.
« Jusqu’au bout de la nuit », les coureurs du semi !
J’ai déjà couru une petite dizaine de semi-marathons, tous à 9 heures, de bon matin. Alors une course au coucher du soleil, c’est une belle originalité ! Et l’organisation a su faire le nécessaire pour que l’expérience soit satisfaisante pour tous : le parcours est parfaitement éclairé, nul besoin de lampe frontale. Je n’ai pas croisé de pavés traîtres, la route est en bon état.
C’est aussi une belle manière d’organiser une course aussi proche de l’été et des fortes chaleurs. Généralement les courses de longue distance ont lieu entre septembre et novembre puis reprennent entre mars et fin mai, pour éviter les aléas de la chaleur et du froid. Ainsi, il ne faisait pas excessivement chaud à Gdynia ce jour-là, et la quinzaine de degrés dans la soirée était vraiment propice à la course.
Aux ravitaillements : « J'ai plus d'appétit qu'un Barracuda »
Je fais partie des coureurs pour lesquels ravitaillement et buffet à volonté sont synonymes. Et j’ai des exigences de critique Michelin : biscuits, gâteaux, quatre-quarts, madeleines, fruits frais, secs, oléagineux et chips, voici les carburants des coureurs.
Avec les quatre ravitaillements qui jalonnent le parcours, j’ai été déçue qu’il n’y ait que de l’eau.
A la fin de la course, il est d’usage que les coureurs échangent leurs impressions et leurs félicitations autour d’une collation. Là aussi, j’ai dû me contenter d’une bouteille d’eau et d’une pomme : ce n’était pas très propice au verre de l’amitié si cher à la communauté des coureurs.
Cher lecteur, comprenons-nous bien : ce n’est pas mon côté Gaulois qui parle, je ne tente pas d’engloutir plus de sangliers qu’Obélix lors des ravitos, mais cette tradition de gueuleton après l’arrivée n’est pas uniquement française. Lors des autres courses que j’ai faites en Pologne, notamment à Cracovie et Nowy Targ, ils étaient vraiment bien fournis et une belle occasion de sympathiser.
Féminisation du semi-marathon : la route de la parité est encore longue
Si la parité est loin d’être atteinte, de plus en plus de femmes se voient décerner la médaille de finishers.
Cette année, sur les 4.506 finishers du semi-marathon de Gdynia, 989 sont des femmes, soit 22%. Lors de la dernière édition, en 2019, elles n’étaient que 18%. La progression est d’autant plus visible qu’il y a 7 ans, en 2018, seulement 15% des arrivants étaient des femmes.
À titre de comparaison, en France, 41% des coureurs de l’édition 2024 du semi-marathon de Paris sont des femmes, elles étaient 37% en 2023.
- Pour produire ces statistiques, les chiffres utilisés sont uniquement ceux de la distance du semi-marathon.
- Sur d’autres distances telles que les épreuves de 10 kilomètres ou de marathon, les proportions ne sont pas les mêmes.
Un semi-marathon au goût de plastique
J’ai été surprise du fait qu’il y ait seulement des bouteilles en plastique pour se désaltérer.
Cette édition du semi-marathon était sponsorisée par de nombreuses entreprises, dont Cisowianka, qui produit notamment des bouteilles d’eau en plastique. Les quatre ravitaillements en eau, disposés sur le parcours, ainsi que le cinquième à l’arrivée ne disposaient que de bouteilles en plastique de la marque. Si l’on suppose que tous les coureurs ont pris une bouteille à chaque ravitaillement, ce sont plus de 22.500 bouteilles en plastique qui ont été jetées durant la soirée.
Alors, même si l’entreprise est fidèle à son slogan, « la tradition compte », “Tradycja ma znaczenie”, et perpétue les techniques de ravitaillement peu écologiques des dernières années, un peu de modernité avec des gobelets en carton recyclable aurait été un plus pour la marque.
Cependant, il ne faut pas uniquement pointer les organisateurs et les partenaires. Très peu de coureurs ont pris la peine de jeter leurs bouteilles et leurs emballages dans les poubelles prévues à cet effet et de très nombreux détritus jonchent le sol tout le long du parcours. Des manières de faire bien ancrées qui demandent à être revues.
Courir ce semi-marathon, est-ce écologique ?
Ces événements font rayonner l’image de Gdynia, ville la plus récente au sein de la conurbation - Trójmiasto, avec Gdańsk et Sopot, dans toute la Pologne. La municipalité affichait en 2016 un taux de 88,5% de récupération des déchets municipaux. Soit 11.5% qui se baladent dans la nature… Plus largement, en Pologne, mais aussi à l’échelle mondiale : un événement comme une course à pied devrait encourager les pratiques écologiques plutôt que d’alimenter les tas de détritus. Par exemple, le marathon de Londres s’engage depuis 2018 à réhydrater les participants sans une once de plastique. La solution est plutôt innovante : les bouteilles sont remplacées par des capsules d’eau biodégradables.
Comme le souligne le site Internet de la municipalité de Gdynia, les efforts de la ville sont nombreux pour l'environnement, et le semi-marathon de la ville devrait refléter de tels engagements :
« Le projet "Gdynia in the Climate" est une entreprise ambitieuse visant à créer une ville durable dans laquelle la protection de l'environnement et le bien-être des habitants sont une priorité. La réalisation des objectifs fixés nécessite l'implication de nombreux acteurs qui coopèrent étroitement. » Site Internet de la municipalité de Gdynia
“Projekt "Gdynia w Klimacie" jest ambitnym przedsięwzięciem mającym na celu stworzenie zrównoważonego miasta, w którym dbałość o środowisko naturalne i dobrostan mieszkańców stanowią priorytet. Realizacja założonych celów wymaga zaangażowania wielu ściśle ze sobą współpracujących podmiotów.” Site Internet de la municipalité de Gdynia
Je pense qu’aujourd’hui, c’est dans l’éthique de la course à pied de prôner un sport respectueux de l’environnement. D’autant plus que beaucoup de coureurs utilisent des barres protéinés et des gels d’hydratation tout droit sortis de laboratoires pharmaceutiques, des montres et GPS high-tech, des chaussures carbone, des textiles non-recyclables parce que « plus respirants »… la moindre des choses, c’est de ne pas dégrader, salir, le lieu de la course.
Parlons peu, parlons prix
Pour participer à cette course, j’ai déboursé 200 złoty, soit 45 euros. Le prix n'est cependant pas le même pour tous les coureurs : pour les 500 premiers inscrits, il est de 129 złoty (30 euros) et pour les derniers inscrits, il monte à 250 złoty, soit quasiment 60 euros. Je pense que pour les prochaines éditions, il pourrait être positif de faire partager à des associations partenaires une partie de ces prix, qui est pour moi de plus de 2 euros par kilomètre, comme le font de plus en plus de courses dans le monde.
À l’année prochaine ! La rédaction vous donne rendez-vous pour la prochaine édition du semi-marathon de Gdynia, du 25 au 27 avril 2025 ! D’autres distances sont aussi possibles, telles que le relais de 3 coureurs sur le semi-marathon, une course de 5 kilomètres et une course pour les enfants.