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Le long chemin d’Ibrahima vers Rome

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Écrit par Joelle Bernard
Publié le 20 décembre 2018

Ibrahima a tout quitté.  Ses proches, son emploi, son pays, ses racines.  Tout ça pour espérait t-il, trouver une vie meilleure. Comme des centaines d’Africains, son long chemin l’a mené à Rome. 

Aujourd’hui, vous pouvez le croiser en face de la Basilique Santa Maria Maggiore, où il y vend des journaux.  Il participe à temps plein à la vie économique et sociale du quartier Monti, aux limites de l’Esquilino. 

Du Sénégal à l’Italie

Au Sénégal, il était chauffeur de taxis et roulait sa bosse.  « Je me trouvais bien quand même là-bas », dit celui qui a payé une somme considérable de 6000 euros pour avoir son visa qui lui permettrait de quitter l’Afrique. « Il y a des gens que tu paies pour faciliter l’accès » explique-t’il.

Sans papier, sans famille, sans argent, son chemin européen a été parsemé d’embûches. Après avoir atterri une dizaine de jours à Milan, il décide d’aller dans le sud de l’Italie parce que selon lui « les gens sont plus ouverts aux étrangers » et « qu’il est plus facile de travailler sans les papiers ».

Arrivée en Calabre, la situation n’a pas été simple. Ibrahima a eu plusieurs emplois précaires, notamment vendeur sur la plage. Il n’avait pas beaucoup de sous. Pensant qu’il pourrait avoir un permis de séjour plus rapidement, il a donné plusieurs contributions financières pendant quelques années, mais en vain. Il a donc eu beaucoup de difficultés à obtenir ses papiers pour légaliser sa situation sur le territoire et à trouver un bon travail.

Tenter sa chance dans la capitale

Après avoir passé 7 ans en Calabre, il décide de tenter sa chance dans la Ville éternelle où il a trouvé son boulot actuel. Il travaille maintenant depuis 3 ans dans un kiosque à journaux où il vend des revues et des billets d’autobus. Il aime particulièrement le contact avec les gens.

Chaque jour, il répond aux questions des nombreux touristes qui vont le voir.  Ibrahima est très apprécié des clients qui reviennent le voir régulièrement, toujours souriant et disponible même s’il travaille tous les jours de la semaine.

Après plusieurs démarches complexes, il a finalement réussi à obtenir ses papiers. Sa situation est désormais stable sur le territoire. Un soulagement pour le sénégalais qui a enfin un statut légal.

« De bons samaritains »

Ibrahima a eu la chance de rencontrer au cours de son parcours de bons samaritains qui ont été très aidants.  « La chance que j’ai est que là où je vais, il y a quelqu’un qui m’aide ». En Calabre, c’est un couple qui a pris soin de lui: ils l’ont accueilli et lui ont donné un foyer.  « J’ai eu une maman italienne et un papa italien, j’étais comme leur fils ».

En route vers Rome, Ibrahima a rencontré une italienne dans le train qui a été très gentille avec lui. Elle lui dit « tu ne connais pas Rome, où vas-tu dormir ? Si tu n’as pas trouvé quelqu’un (un sénégalais), je peux t’héberger » Ibrahima est finalement resté un an avec elle. Elle lui a dit: « tout ce que tu voudras faire dans la vie, je vais t’aider» souligne Ibrahima.

Une toute autre réalité

La réalité italienne ne fut pas tout à fait ce qu’il avait envisagé. « Je voulais améliorer ma vie, gagner de l’argent, c’est ce que je pensais avant de venir ici, mais c’est tout le contraire, l’Europe m’a déçu » souligne le sénégalais d’origine. Selon Ibrahima, la situation politique actuellement rendra les choses de plus en plus difficile pour les migrants sur le territoire italien.

Le Sénégalais se sent également rejeté par l’Afrique. «Avec la mentalité en Afrique, si quelqu’un va en Europe et que tu y vis, c’est que tu as de l’argent,  mais ils ne savent pas que la réalité est tout autre». Il explique que lorsque tu prends la décision de quitter ton pays, tu ne peux pas y retourner les mains vides. C’est ensuite l’Afrique qui rejette ses enfants explique Ibrahima. Il trouve cette situation difficile.

Et l’avenir ? 

Ibrahima souhaite continuer à améliorer sa situation. Il souhaite se marier et avoir des enfants. L’an prochain, Ibrahima souhaite retourner en Afrique pour les vacances.

Est-ce qu’il restera longtemps à Rome ? Il ne le sait pas, mais Rome lui plait: la ville, les gens et les Italiennes. Il adore son travail qui lui permet d’être en contact avec les gens.

Son quartier préféré ? Il adore se promener dans l’EUR puisque c’est là qu’il a habité lorsqu’il est arrivé à Rome. Ce qu’il n’aime pas de Rome ? Il trouve que la ville est sale. « Il y a beaucoup de laisser aller, tout le monde fait ce qu’il veut ».

Il veut devenir acteur et faire des films. Déjà, il fait plusieurs figurations, mais il souhaite en faire davantage.

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