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Zan : le sénat italien rejette le projet de loi anti-homophobie

Vue sur la chambre haute à RomeVue sur la chambre haute à Rome
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 29 octobre 2021, mis à jour le 29 octobre 2021

Le projet de loi Zan prévoit de punir les actes de discrimination et d’incitation à la violence contre les personnes homosexuelles, transgenres et handicapés. Cependant, les sénateurs italiens ont décidé de bloquer ce projet à 154 voix contre 131 mercredi après-midi, lors d’un vote secret.

 

Alors que le projet de loi Zan avait été adopté en novembre dernier par la chambre des députés, la Chambre haute a décidé de le rejeter, engendrant de larges applaudissements de la part des sénateurs de droite, scènes que certains sénateurs ont qualifié de “honteuses” ou “ignobles”. Alessandro Zan n’a pas tardé à réagir face à ce vote, jugeant que ce nouveau blocage est “une page noire pour la démocratie et les droits. Le Sénat a décidé de rester loin des exigences réelles” du pays. 

 

Les réactions politiques

Le résultat de ce vote secret a été salué par le leader du FdI Giorgia Meloni et le leader de la Lega Matteo Salvini. Ce dernier a d’ailleurs suggéré que les députés devraient présenter par la suite un nouveau projet de loi, basé sur les propositions de la Lega. L’ancien premier ministre italien, Giuseppe Conte, a quant à lui déclaré que “ceux qui se réjouissent de ce sabotage devraient l’expliquer au pays tout entier”.
 

Les réaction des citoyens dans les villes italiennes

Des rassemblements ont eu lieu hier soir dans des dizaines de villes italiennes en réponse au rejet par le Sénat du projet de loi Zan. Des milliers de personnes se sont rassemblées à l'Arco della Pace de Milan, scandant "Nous n'abandonnerons pas".

D'autres manifestations ont eu lieu à Brescia, Mantoue, Florence et Palerme, tandis qu'à Rome, des centaines de personnes se sont rassemblées à l'ombre du Colisée de la Via S. Giovanni in Laterano, dite "Gay Street", pour exprimer leur amertume face au vote du Sénat. Parmi les manifestants à Rome figurait l'ancien député européen transgenre Vladimir Luxuria, qui a décrit le vote comme une « occasion manquée pour l'Italie », avant d’ajouter : “Que dirons-nous aux mères qui ont vu leurs enfants rentrer à la maison avec des bleus sur le corps ?”

 

Un projet de loi controversé

Le projet de loi Zan avait déjà fait couler beaucoup d’encre. En effet, les conservateurs se sont notamment opposés à une proposition selon laquelle les écoles italiennes marqueraient une journée nationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie.

De son côté, le Vatican avait déposé une objection au projet de loi le 17 juin dernier, craignant qu’il ne restreigne la liberté religieuse de l’Église catholique et ne conduise à la violation du traité du Latran de 1929 qui a établi la Cité du Vatican en tant qu'État souverain et réglemente les relations entre l'Italie et l'Église catholique.

Le Saint-Siège considère que « le concept de discrimination est trop vague » et qu’il laisserait aux magistrats une trop grande marge d’interprétation quant à ce qui constitue ou non un crime discriminatoire. La note affirmerait également que ce texte réduirait « la liberté de l’Église catholique » en ce qui concerne l’organisation et l’exercice du culte, de même que « la pleine liberté » d’expression et de pensée des fidèles et associations catholiques. Ce à quoi le chef de l’exécutif italien, Mario Draghi a répliqué : « la laïcité n'est pas l'indifférence de l'État au phénomène religieux, la laïcité est la protection du pluralisme et de la diversité culturelle. »

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