« Le grand cinéma que l’on raconte » : c’est au travers de ces mots que Gianfranco Angelucci, réalisateur, écrivain, journaliste, professeur d’Académie, ami et collaborateur de Federico Fellini, définit sa biographie rendant hommage à Giulietta Masina ; icône absolue du cinéma italien.
Giulietta Masina, tel est le titre de l’élégante biographie éditée par les Éditions Sabinae. Racontant avec une extrême délicatesse l’histoire d’un rêve éternel frappé par un amour pur, ce livre va droit au cœur de ceux qui n’ont jamais cessé de croire en la beauté du monde. Giulia Anna et Federico se rencontrent à l’automne 1942 à Rome, dans un studio d’enregistrement, où elle donne voix à un personnage que le maître de Rimini a inventé. Ils se marient le 30 octobre 1943 et à partir de ce moment, la douce et cultivée Giulia Anna devient Juliette, une des actrices les plus aimées de sa génération. « Giulietta « était sans aucun doute une élève de la Dea Vesta, déesse de la maison et du foyer. Le foyer est le centre de la maison romaine ; pour Federico, Giulietta représentait tout cela ; il avait besoin d’une personne qui l’aiderait à garder les pieds sur terre. Pour lui, Giulietta était intouchable », raconte Gianfranco Angelucci dans sa magnifique biographie.
Gianfranco Angelucci décrit également une scène aussi drôle que touchante : lors d'une cérémonie des Oscars, Fellini offrit sa cinquième statuette d’or à son épouse, en lui dédiant les mots suivants : « À l’actrice qui a été aussi ma femme, Giulietta Masina ! Et s’il te plaît, cesse de pleurer Giulietta ! »
Fille aînée d’une fratrie de quatre enfants, Giulietta naît à San Giorgio di Piano, le 22 février 1921. Talentueuse interprète de nombreux succès felliniens, tels que Le cheik blanc (1952), La Strada (1954), Les nuits de Cabiria (1957), Fortunella (1958), et Ginger et Fred (1986), elle était avant tout une femme extraordinaire, dotée d’une force surprenante. Elle était l’autre moitié de son mari, son côté caché, sa lumière et son soleil. Un soleil qui s’est cependant parfois « obscurci », mais qui s’est toujours remis à briller grâce à son courage.
Par exemple, Giulietta ne participa pas à La Dolce Vita (1960), et déclara avoir été exclue de Huit et demi en 1963, Federico lui préférera Anouk Aimée dans le rôle de Luisa et Marcello Mastroianni dans celui de Guido. Pourtant, à travers la fiction, Fellini parvient, comme seuls les plus grands cinéastes savent le faire, à adresser sa déclaration d’amour la plus sincère. Lorsque le film lui fut montré à l’occasion d’une projection réservée à elle seule, Giulietta ne put pas retenir ses larmes et décida de rester avec lui pour toujours. Ils surmontèrent leur crise maritale et la magie ne disparut plus.
L’histoire d’amour entre Federico et Giulietta est « un conte intemporel pour nous tous » explique Gianfranco Angelucci. Sa biographie de Giulietta Masina est un hymne aux femmes. « L’enseignement que toutes les femmes devraient tirer de Giulietta, tient en une scène des Nuits de Cabiria ; quand soudain elle pense, et avec un sourire s’adresse aux femmes, les exhortant à avoir confiance en elles-mêmes, car elles s’en sortiront toujours » affirme Gianfranco.