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Étudier en Italie : guide complet

bâtiment de l'université statale de Milanbâtiment de l'université statale de Milan
Thaïsa Giovagnoli / Cour intérieure de l’Université publique Statale de Milan
Écrit par Johanna Cappellacci
Publié le 7 septembre 2021, mis à jour le 11 février 2024

Vous souhaitez étudier en Italie sans passer par Erasmus ? Comment s’inscrire dans une université italienne ? Faut-il parler italien pour suivre un cours en Italie ? Quel est le coût de la vie étudiante en Italie et peut-on recevoir une bourse d’études pour étranger ? Comment trouver un logement étudiant ? Les réponses à toutes vos interrogations dans ce guide complet.


Selon les chiffres de Campus France, en 2018, l’Italie a accueilli 106.611 étudiants étrangers, ce qui fait du Bel Paese la 11ème destination préférée pour effectuer ses études dans un autre pays. La proximité de la France avec l’Italie fait de la Péninsule une destination de choix pour les étudiants français. Les diplômes proposés par les universités sont reconnus au niveau européen et donc par la France. Le choix est souvent motivé par l’envie de découvrir la dolce vita et la gastronomie italienne ou très souvent de renouer avec des origines familiales.

 

Les universités italiennes, les atenei

Les universités italiennes, appelées atenei sont réparties entre secteurs public et privé. Dans le secteur public, elles prennent le nom de Università degli studi. Certaines universités ont des spécialités. C’est le cas du Politecnico qui enseigne l’ingénierie et l’architecture, mais également des instituts universitaires, spécialisés dans un seul enseignement. Enfin les scuole superiori universitarie ne concernent que les doctorants et post-doctorants. Toutes sont supervisées par le Ministère de l’Université et de la Recherche italien (le Miur).

 

Fonctionnement du système universitaire italien

Le système universitaire italien respecte le modèle européen. Il est composé de trois cycles d’études :
-    La laurea triennale, en 3 ans, qui correspond à un bachelor ;
-    La laurea magistrale, en 2 ans, accessible uniquement après une laurea triennale ;
-    Il dottorato di ricerca, en 3 ans, accessible sur concours après une laurea magistrale.
Mais il existe d’autres cycles : les masters de spécialisation de 1er et 2nd niveaux qui ne sont pas reconnus par le système européen, les programmes post-laurea et le master de cycle unique. Le master de cycle unique est un diplôme en 5 ans ou 6 ans dans les domaines de la médecine, de la médecine vétérinaire, de la pharmacie, de l’architecture et du droit.

Il n’est pas toujours obligatoire d’être présent aux cours. Certains professeurs font circuler des feuilles de présence mais ne font jamais l’appel compte tenu du nombre d’élèves inscrits sur les listes. Il est possible de mentionner que vous êtes un « non attending student » au moment de l’inscription afin de suivre les cours à distance. Attention, tous les cours et toutes les universités ne proposent pas cette exception.

Être étudiant en Italie requiert d’être autonome car le travail est libre et très personnel. Pour Fiona Picchiottino, étudiante française en Tourisme à Milan, c’est un système qui est valorisant car « le travail paie. Dès lors que l’on fait la part du travail, il y a du résultat. Ce n’est pas comme en France où les professeurs attendent des réponses bien précises à leurs questions. En Italie, les étudiants ont plus de libertés intellectuelles. »

 

Comment bien choisir son université en Italie ?

Différents critères, d’une importance variable selon les personnes, sont à prendre en compte dans le choix de l’université : les cursus et les cours proposés par les départements universitaires, la ville d’appartenance de l’université et le classement de l’établissement.
Les cursus proposés et les cours qui les composent sont disponibles sur le site internet de chaque université italienne dans une section communément appelée manifesti degli studenti. Dans un premier temps, il faut choisir le niveau d’études (triennale, magistrale, dottorato). Les différents cursus s’affichent puis, dans chaque, ses enseignements. Le système italien peut parfois varier dans le choix des enseignements. Tous les enseignements proposés ne sont pas obligatoires. Parfois, les cours sont à la carte et il faut composer soi-même son parcours pédagogique ou son emploi du temps. D’autres fois, les disciplines enseignées sont toutes obligatoires pour valider le cursus, comme en France.

Le choix de la ville dépend des affinités de chacun. Les villes universitaires les plus réputées sont Milan, Rome, Bologne, Turin, Florence, Naples et Padoue. La taille de la ville, sa localisation dans la Péninsule, son accessibilité, peuvent être des critères de choix.
Selon le classement QS World University Rankings by Subject, le Politecnico de Milan est considérée comme la meilleure université en Italie pour l’année 2022. L’université de Bologne et la Sapienza de Rome complètent le podium. Les universités de Padoue et de Milan sont respectivement 4 et 5ème.

 

S’inscrire à l’université en Italie

L’administration italienne est réputée pour être complexe et lente. Pourtant, il semble que l’inscription et l’admission à l’université soient plus simples qu’elles n’y paraissent. Chiara Rossellini, ancienne étudiante française en Relations internationales, a été « agréablement surprise par l’administration qui a été très réactive » lors de son inscription. Et pour cause, l’immatricolazione comme elle est appelée, possède peu d’étapes.
Pour pouvoir s’inscrire à l’université, il faut :
-    Être en possession d’un ou plusieurs diplômes (baccalauréat ou équivalent pour l’inscription en laurea triennale, diplôme de licence ou bachelor pour l’inscription en laurea magistrale, diplôme de master ou bac+5 équivalent pour l’inscription en doctorat) traduits en italien par un organisme agréé (comme l’ambassade)
-    Posséder un codice fiscale
-    Se munir de sa carte d’identité ou passeport
-    Préparer une photo d’identité en format PDF ou JPEG (cela dépend des universités)
-    Sortir sa carte de crédit

Dans certains cursus, l’inscription n’est valide qu’après avoir pris part à un test d’entrée. Il est organisé par l’université d’accueil selon ses modalités établies et l’établissement est le seul à pouvoir délivrer une autorisation de fréquentation des cours.
Certaines universités réclament des dossiers plus conséquents avec lettre de motivation, CV en italien et lettres de recommandation.
Une fois l’inscription terminée, des codes d’identification sont fournis. Il faut alors remplir un document fourni par l’université qui détaille le choix des cours.

 

Une notation un peu particulière à l’université

Le système de notation italien est complètement différent de celui français. À l’université, les notes, appelées il voto (et pas la nota qui est un avertissement disciplinaire) sont calculées sur 30. Les examens se déroulent majoritairement à l’oral, un « problème d’objectivité » selon Thaïsa Giovagnoli, ancienne étudiante franco-italienne en médecine vétérinaire. Elle ajoute que les oraux se présentent « sans tirage au sort. L’étudiant n’est pas face à un jury mais face à un seul professeur. Il n’y a pas de préparation, ni de temps de réflexion, il faut répondre directement aux questions. »

Les étudiants choisissent les examens qu’ils veulent passer. Ils ne sont pas limités dans le temps pour valider leur année. Pour cela, un calendrier est instauré et ils doivent choisir parmi trois sessions (de janvier à mars pour le 1er semestre puis de juin à septembre pour le 2nd) mises à leur disposition pour passer leurs examens. À la fin de l’examen, si la note ne convient pas à l’étudiant, il peut la refuser et se représenter à une autre session pour espérer obtenir un meilleur résultat. S’ils n’ont pas validé la totalité de leurs examens, ils peuvent toujours les représenter au semestre suivant.
Traditionnellement, l’année universitaire italienne se déroule de début octobre à fin septembre. Le calendrier n’est pas définitif et dépend de chaque université.

 

amphithéâtre en hémycicle
Wikimedia Commons @Pri Lalli

 

Quel niveau de langue faut-il avoir ?

En Italie, les cours dans le supérieur sont majoritairement donnés en italien ou en anglais. Pour être à l’aise dans le suivi des cours, il est conseillé aux étudiants étrangers de posséder un niveau B2. Parfois il est nécessaire de fournir un diplôme attestant d’un bon niveau de langue au moment de l’inscription.

 

Obtenir une bourse d’étude

Les bourses d’étude permettent d’exonérer les étudiants d’une partie ou de la totalité des frais relatifs à leur scolarité. Elles sont calculées en fonction de leur situation financière et de celle de leur famille. Elles sont délivrées par l’université, les services de la région ou par le Ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale italienne. Dans certains cas, il faut posséder un compte bancaire italien.
Il existe également une bourse au mérite délivrée par les universités. Les critères de sélection à cette bourse sont fixés par chaque établissement et leur montant varie.

 

Le coût de la vie étudiante en Italie

Contrairement au système français, le coût des études supérieures en Italie est élevé. Chaque somme demandée dépend de l’université d’accueil. Il n’existe pas de frais fixes dans tout le pays.
Dans un premier temps, il faut payer les frais d’inscription qui coûtent en moyenne plus d’une centaine d’euros. Puis une deuxième somme est demandée, celle des frais de scolarité, la plus élevée. Pour les étudiants étrangers, ils sont fixés selon un barème de pays de provenance et leur niveau de richesse. Plus un pays a un PIB élevé, plus les frais de scolarité le seront, et inversement. Le coût peut varier entre 1 000 et 4 000 €.
En plus des frais d’inscription et de scolarité, il faut également payer le diplôme. En effet, contrairement, une fois encore, à la France, la remise du diplôme est payante. Elle coûte environ 30 €.

 

La recherche d’appartement, c’est un peu la loi des cowboys en Italie

Thaïsa Giovagnoli, 24 ans

 

Comment trouver un logement étudiant à Milan ?

Pour un étudiant, trouver un logement peut parfois s’avérer être le parcours du combattant. Malheureusement, l’Italie ne déroge pas à la règle. Pour Thaïsa Giovagnoli, « la recherche d’appartement, c’est un peu la loi des cowboys en Italie » car à l’approche de la rentrée scolaire, les chambres étudiantes sont rapidement prises d’assaut. Il faut donc être rapide (mais réfléchi) dans la prise de décision.
Les universités mettent à disposition des appartements ou des chambres étudiantes dans des résidences mais celles-ci sont, la plupart du temps, réservées aux boursiers. La liste de leurs logements se trouve sur leurs sites internet respectifs. Autres solutions pour trouver un hébergement : les agences immobilières, les sites internet, les particuliers et même les groupes Facebook peuvent s’avérer utiles dans la recherche d’un logement. Afin d’éviter de tomber sur des mauvaises surprises, il vaut mieux arriver quelques jours avant le début des cours pour effectuer des visites.

Pour le budget, il faut compter entre 300 et 900 € selon les villes. Milan fait notamment partie des villes les plus chères en termes de loyer. Il est régulièrement demandé une caparra, c’est-à-dire une caution, au moment du paiement. En Italie, la caution n’a pas de limite dans le temps. On peut donc la demander pour 1 mois comme pour 6 mois. Autre chose à connaître : les spese, les charges. Elles comprennent l’eau et le chauffage. Parfois l’électricité et internet sont compris dans les charges mais cela dépend du propriétaire. Elles peuvent être inclues ou exclues dans le prix du loyer. Il faut donc bien les prendre en compte au moment du choix du logement. Attention, il est courant que certains propriétaires (ou intermédiaires) ne souhaitent pas faire de contrat de location et demande de payer en liquide. Il faut être vigilant même après avoir reçu les clés de l’appartement.

Le bon plan logement étudiant ? Les collocations. Le mieux étant de vivre en cohabitation avec des Italiens ou des locaux afin d’être en immersion totale dans le pays. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des camere doppie qui sont des chambres à partager avec une autre personne.

 

La fête de laurea, une caractéristique italienne

« Dottore, dottore », c’est le début de la chanson reprise par la foule d’amis et de famille venue féliciter les jeunes diplômés, appelés les laureati voire dottori en référence aux titres honorifiques attribués en Italie. La fin d’un cursus scolaire, en Italie, donne lieu à une véritable fête. Tout le monde est invité à assister à la cérémonie de diplôme dans l’université et à revêtir son plus bel habit. Les diplômés sont coiffés d’une couronne de lauriers, symbole de la réussite et du pouvoir et sont parfois déguisés par leurs amis. Ils partagent ensuite un repas tous ensemble et offrent des cadeaux. Pour Chiara Rosellini, la festa di laurea est « l’une des raisons pour lesquelles [elle] a choisi de faire [ses] études en Italie. On n’en a pas France, c’est dommage. »


 

spritz et cocktail pour un apéritif italien



S’intégrer en Italie

Avec leurs voix qui portent et leurs grands gestes, les Italiens sont parfois un peu impressionnants à aborder. Quand un étudiant arrive dans une université et une ville qu’il ne connait pas, il peut sembler difficile de s’intégrer. C’est ce qui a notamment poussé Thaïsa Giovagnoli à créer la page Facebook « Etudiants Français à Milan ». « Quand je suis arrivée à Milan, je suis partie de zéro, je n’avais pas d’amis et je ne connaissais personne. Le problème en Italie, c’est qu’il n’y a pas de groupes d’étudiants qui organisent des rencontres et des soirées. J’ai donc décidé de créer ce groupe Facebook pour commencer une vraie vie sociale, même si ce ne sont que des Français », déclare l’étudiante de 24 ans.

Il est naturel de vouloir se rapprocher des personnes qui parlent la même langue que soi mais parfois, il faut « sortir de sa zone de confort, surtout quand on étudie à l’étranger », explique Chiara Rosellini. Et elle ajoute : « Au début c’était difficile, je parlais en anglais avec mes camarades pour être sûre d’être comprise ou je ne cherchais que des Français pour garder un certain confort. C’est une erreur que je ne referais pas car je me suis renfermée sur moi-même et sur ma culture. » Elle conseille même de se « forcer à parler italien et surtout de parler avec des Italiens parce qu’ils nous aident. Au début, il ne faut pas hésiter à leur demander de répéter ou d’expliquer avec des mots simples. À la fin ils te corrigent naturellement. C’est en parlant qu’on progresse, il n’y a pas de secret. »
Pour rencontrer des personnes, vous pouvez toujours vous rapprocher des groupes Erasmus qui organisent des soirées ouvertes à tous.

 

Vivre la dolce vita italienne

Vivant, dynamique, chaleureux. C’est par ces mots que le Bel paese est traditionnellement décrit. Pour Fiona Picchiottino, vivre en Italie a été le « déclic de [sa] vie ». Et pour cause, après un Erasmus à Rome, elle décide de prolonger ses études en Italie et envisage même d’y travailler. Elle explique ce choix par « l’ambiance géniale qu’[elle] a rencontrée. Les études sont moins stressantes, la vie est plus douce, plus fluide et la manière d’être des Italiens est plus simple. »
L’Italie est également un pays culturellement riche. Il possède de nombreux musées et lieux de culture. Il serait dommage de passer à côté de cette opportunité. Des tarifs étudiants existent pour assister à des concerts, voir une exposition ou tout simplement accéder à un lieu culturel. Il suffit de présenter sa carte étudiante.
Mais que serait le pays de la gastronomie sans ses fameux aperitivi ? Pour un prix réduit, de 2,50 à 7 € environ, il est possible de boire un verre et de profiter d’un buffet à volonté copieux (hors période covid) où se mêlent chips, focaccia et même plats de pâtes ou risotto. Un moment convivial à partager avec ses amis, ses camarades de classe, ses colocataires voire lors d’un rendez-vous. C’est également le moyen idéal de « vivre la dolce vita à fond » selon Chiara Rosellini. Attention à ne pas en oublier le travail, on peut vite être pris dans le tourbillon de la vie festive.

Avant de partir, assurez-vous d’avoir demandé votre carte d’assurance maladie européenne auprès de votre caisse d’assurance. Il faut entre une semaine et un mois pour la recevoir. Elle est gratuite et permet de se faire rembourser les frais médicaux dans toute l’Europe.

 

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