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2001-2021 : Il y a 20 ans, ces événements qui ont marqué l’Italie

émeites au G8 gênesémeites au G8 gênes
Wikimedia Commons – Ares Ferrari
Écrit par Johanna Cappellacci
Publié le 21 juillet 2021, mis à jour le 22 juillet 2021

Evénements historiques, succès culturels, faits sportifs… A l'occasion des 20 ans de lepetitjournal.com, retour sur ce qui a marqué l’Italie en 2001, et notamment les émeutes du G8 à Gênes qui signent les jours les plus sombres de l’histoire italienne du 21ème siècle.

 

manifestations au G8 Gênes
Flickr – Jeanne Menjoulet


20 au 22 juillet 2001 : G8 de Gênes, trois jours parmi les plus sombres de l’Histoire italienne

Les journées du 20 au 22 juillet 2001 font partie des pages les plus sombres de l’Histoire italienne contemporaine. Juillet 2001, l’Italie, et plus particulièrement la ville de Gênes, sont choisies pour accueillir le 27ème sommet du G8 réunissant les huit pays les plus industrialisés du monde, parmi lesquels la France et l’Italie. Le thème principal de cette rencontre est la réduction de la pauvreté. Mais ce n’est pas ce que le monde retiendra de cette réunion.

En marge de celle-ci, des manifestations anti-mondialisation se forment. La première est pacifique et réclame une globalisation plus équitable et durable. Puis de terribles émeutes éclatent. Plus de 300.000 manifestants tentent de pénétrer dans la « zone rouge », espace protégé par les forces de l’ordre, à proximité du Palais Ducal où les dirigeants sont réunis. Sur la Piazza Paolo da Novi, l’affrontement entre les manifestants, auxquels se sont mêlés les Black blocs, et les forces de police est d’une grande violence. Les tirs de bombes lacrymogènes répondent à l’envoi des pavés.

La police n’hésite pas à charger la foule pour la disperser. Sur son passage, elle provoque la mort d’un jeune militant de 23 ans, Carlo Giuliani, tué par balle. Ce décès hante encore la mémoire des Italiens puisque le carabinier responsable de sa mort a été jugé pour faits de légitime défense. Mais l’escalade de la violence ne s’arrête pas là. Pendant la nuit du samedi 21 au dimanche 22, les forces de l’ordre font irruption dans l’école Diaz où sont hébergés une centaine d’altermondialistes, pendant leur sommeil.

Lors de l’assaut, les militants sont battus, séquestrés, subissent des traitements violents et humiliants par des policiers de la caserne de Bolzaneto. Toutes les preuves incriminant les policiers, appartenant à des journalistes et retrouvées sur place sont falsifiées ou effacées. Parallèlement, la police a rendu de faux témoignages pour justifier son intervention alors que les militants étaient sans défense. À l’époque, la législation italienne ne permet pas de qualifier ces traitements de torture. Pourtant l’Italie est condamnée par deux fois, en 2015 et en 2017, pour « faits de torture », selon l’article 3 de la Convention européenne, par la Cour européenne des Droits de l’Homme, exprimant ainsi la réalité des brutalités subies par les militants. Le bilan de ces émeutes est d’une grande tristesse : un mort, plus de 600 blessés et des centaines de voitures brûlées et d’établissements saccagés.

Dix militants sont condamnés à de lourdes peines de prison tandis que les quarante-six policiers condamnés sont relaxés grâce à une loi d’amnistie en 2006, un « manque de justice » selon Amnesty International. Ces épisodes marquent douloureusement les Italiens qui, vingt ans après, les commémorent encore.

 

nanni moretti au festival Cannes
Wikimedia Commons – Georges Biard

20 mai 2001 : Nanni Moretti et la Palme d’Or au Festival de Cannes

Giovanni dit Nanni Moretti est un habitué du Festival de Cannes. L’auteur mondialement connu de « Ecce Bombo » (1978), « Journal intime » (« Caro diario » en 1994) ou encore « Habemus Papam » (2011) est douze fois nommé entre 1973 et 2021, soit en tant que réalisateur, soit en tant qu’acteur et il est deux fois membre du jury en 1997 et 2012. Il est couronné de succès en 2001 lorsqu’il reçoit la Palme d’Or pour son film « La Chambre du fils » (« La Stanza del figlio » en italien) qui fait l’unanimité auprès de ses pairs. Une récompense qui permet à l’Italie de renouer avec la victoire, elle qui n’avait pas gagné de Palme d’Or depuis 23 ans.

Ce long-métrage raconte l’histoire d’une famille bouleversée par la mort accidentelle du fils cadet Andrea. Nanni Moretti joue lui-même le rôle du père de famille, Giovanni, psychanalyste. Son personnage est en proie à la culpabilité d’avoir préféré aider l’un de ses patients un dimanche matin plutôt que de pratiquer du sport avec son fils, comme ils l’avaient prévu, l’accident survenant ce jour-là. Le chef-d’œuvre casse avec le style Moretti, d’ordinaire comique et aux allures autobiographiques, plutôt critique à l’égard de la politique et imprégné de références à son sport fétiche, le waterpolo. En plus de recevoir la Palme d’Or, le Festival de Cannes lui décerne le prix FIPRESCI, prix de la critique internationale. Il est également lauréat du prix du meilleur film aux David de Donatello (rattaché à l’Académie du cinéma italien) et reçoit le Ruban d’argent du meilleur réalisateur, décerné par le Syndicat national des journalistes cinématographiques italiens. En 2021, il fait son retour au Festival de Cannes avec son film « Tre piani » mais celui-ci ne reçoit aucun prix et déçoit la critique.

 

statue de Indro montanelli
Statue de Indro Montanelli au Parc de Porta Venezia (Milan)

22 juillet 2001 : Indro Montanelli, père du journalisme, s’éteint à Milan

« Mercredi 18 juillet 2001 - 1:40 heure du matin. Arrivé au bout de son existence longue et tourmentée - Indro Montanelli - Journaliste - Fucecchio 1909, Milan 2001 - prend congé de ses lecteurs en les remerciant de l'affection et de la fidélité avec laquelle ils l'ont suivi. » Cette nécrologie, publiée dans le Corriere della Sera au lendemain de sa mort, c’est Indro Montanelli lui-même qui l’a rédigée. À la fois journaliste émérite considéré comme le plus grand de sa génération, il est également écrivain et historien. Malgré son âge avancé (92 ans), la mort d’Indro Montanelli suscite l’émotion parmi ses pairs. Malgré des désaccords avec l’ex-éditeur de son quotidien Il Giornale, Silvio Berlusconi a, à l’époque, « pleuré un ami avec lequel il est resté lié même lorsque [Indro Montanelli] a exprimé son opposition à [ses] positions avec un esprit de liberté qui a toujours animé son travail ». Sa liberté, il la doit à son engagement politique, d’abord avec le fascisme, avec qui il rompt après avoir assisté à la guerre civile espagnole, puis avec les mouvements de partisans pendant la Seconde Guerre Mondiale. Mais c’est comme polémiste qu’il s’impose dans le panorama journalistique italien et européen.

Au Corriere della Sera, il se lie d’amitié avec la famille Crespi, les propriétaires, qui lui offrent une page entière pour s’exprimer sans tabou. Sa mort résonne comme la « fin d’un chapitre énorme de l’histoire du journalisme italien », selon La Repubblica. Et pour cause, Indro Montanelli a passé plus de 70 ans à se confronter à la réalité de l’actualité et à la rendre dans ses écrits.

Passé par Frontespizion, Paris-Soir ou encore La Stampa, il apparaît comme l’allégorie du journalisme italien, bavard et tranchant. Milanais d’adoption, un parc et une statue lui sont dédiés à Porta Venezia. En 2020, cette dernière est vandalisée, Indro Montanelli étant qualifié de raciste à cause de propos polémiques favorables à la colonisation en Afrique. Pourtant, il reçoit le prix Princesse des Asturies pour son travail de chroniqueur-historien. Il est également Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne.

 

alex zanardi italien
Flickr – Paolo Fefe’

15 septembre 2001 : l’effroyable accident du pilote Alex Zanardi

Il est l’une des personnalités les plus admirées par les Italiens. Alessandro « Alex » Zanardi est un ancien pilote de course et athlète handisport italien dont il faut saluer le courage et la détermination, victime d’un terrible accident de voiture de course de CART à 34 ans. Le 15 septembre 2001, sur le circuit de Lausitzring en Allemagne, Alex Zanardi au volant de sa Reynard Honda est percuté de plein fouet par la voiture d’un concurrent, Alex Tagliani, lancée à plus de 300 km/h. Le choc est d’une violence effroyable. Transporté à l’hôpital, il est amputé des deux jambes. Sa survie est considérée comme un miracle.

À son réveil il n’a qu’une idée en tête, reprendre le volant et terminer sa course, de quoi provoquer la fascination de ses fans et de toute l’Italie. La perte de ses membres inférieurs ne l’empêche pas de reprendre le chemin du sport professionnel. Il trouve sa reconversion dans le cyclisme handisport. Il participe à plusieurs marathons dont celui de New-York. Il est quadruple champion paralympique après ses deux victoires à Rio en 2012 et deux autres à Londres en 2016.

En juin 2020, il est victime d’un autre grave accident, il est renversé par un camion lors d’un entrainement avec son vélo à main, ce qui lui vaut plusieurs opérations neurologiques. Ce drame avait suscité l’émoi de toute l’Italie et le surnom de « l’homme aux multiples vies ».

 

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