La milanaise, patriote italienne du 19ème siècle, journaliste et engagée pour l’unité de pays, a vécu de nombreuses années en exil à Paris, où elle est connue sous le nom de Princesse Christine de Belgiojoso.
Quelque 121 statues ornent les places de Milan, mais aucune à ce jour ne représente une femme. Plus pour très longtemps, car à 150 ans de la disparition de Cristina Trivulzio di Belgiojoso, la fondation Brivio Sforza avec le patronage de la ville de Milan, a commandé une statue en bronze pour représenter l’héroïne du passé, grandeur nature. Il faudra attendre le 15 septembre 2021 pour la voir se dresser piazza Belgiojoso à Milan, à côté du palais où elle se maria en 1824. La milanaise née dans la capitale lombarde en 1808, a connu une vie riche, animée par son activité patriotique.
Cristina di Belgiojoso, une princesse moderne à Paris
Orpheline de père (Gerolamo Trivulzio) à seulement quatre ans, elle devient l’une des plus riches héritières d’Italie. Elle se marie à 16 ans avec le prince Emilio di Belgiojoso, mais elle n’hésite pas à le quitter quelques années plus tard en raison de ses infidélités. Sans divorcer officiellement dès lors que le divorce n’existait pas à cette époque.
Alors que les Autrichiens dominent la Lombardie depuis 1815, la jeune femme est très impliquée de part ses relations dans le mouvement pour la libération. Se sentant menacée, elle s’enfuit dans le midi de la France, avant de rejoindre Paris quelques mois plus tard en exil. Seule, sans argent, son train de vie est bien différent de celui de sa vie milanaise. Mais grâce à quelques revenus (elle coud des cocardes) et de l’argent envoyé par sa mère, elle parvient à s’installer dans un hôtel de la rue Montparnasse dans le 6ème arrondissement de la capitale, près de chez son ami et historien Augustin Thierry, qu’elle a connu dans Sud de la France. Dans les années 1830, elle organise un salon pour les aristocrates, réunit des bourgeois européens, elle fréquente des poètes, des historiens, des compositeurs, des politiques, de François Mignet à Alfred de Musset et Frantz Liszt. L’Italienne est très courtisée par ce milieu, parmi lesquels figure également le général La Fayette.
L’unité italienne comme objectif
Animée par sa pensée politique, c’est aussi à cette époque que Cristina di Belgiojoso multiplie les articles pour diffuser ses idées, et devient rédactrice en chef de journaux politiques. Plus tard, elle fondera en Italie la revue « Ausonio » sur le modèle de la célèbre « Revue des Deux Mondes ».
A Paris toujours, elle est une référence pour les exilés italiens qu’elle réunit dans son salon. Elle a par exemple participé au financement de l’invasion de la Savoie de Giuseppe Mazzini dans le royaume de Sardaigne en 1834.
Finalement de retour en Italie, à Locate Triulzi près de Milan, où elle possède une grande propriété de famille, elle poursuit son engagement social : elle ouvre des écoles pour enfants, pour femmes, pour hommes et pour fermiers.
Elle œuvre toujours pour poursuivre ses engagements politiques dans l’objectif de l’unité italienne. Au moment des Cinq journées de Milan en 1848, elle se trouve à Naples. Elle part immédiatement, accompagnée de 200 volontaires napolitains à qui elle paye le voyage. Un an plus tard, elle a Rome au moment de l’insurrection. Elle se place en première ligne, porte son assistance dans les hôpitaux et « invente » même les infirmières qui n’existent pas encore.
Elle doit de nouveau partir, elle arrive en Turquie où elle fonde une ferme ouverte aux exilés italiens. En 1855, elle obtient la permission de la bureaucratie autrichienne de rentrer en Italie. Elle s’installe de nouveau à Locate. En 1861, à la suite de la proclamation de la tant souhaitée Unité italienne, elle quitte ses activités politiques et vit en Lombardie entre Milan, Locate et le lac de Côme. Elle meurt en 1871, à Locate, où elle est enterrée.
150 ans après, le 5 juillet prochain, débuteront les célébrations pour commémorer la mort de la patriote italienne, et faire (re)découvrir aux milanais les lieux de vie de cette princesse moderne.