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L’institut français de Pologne s’adapte aux crises tout en conservant son ADN !

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Institut français. Les équipes de l'Institut français de Pologne travaillent en ligne lors de la pandémie de Covid-19. Graphisme BenM

Hier, dimanche 20 mars, nous célébrions la francophonie, à l'occasion de la Journée internationale qui lui est dédiée, partout dans le monde. L'occasion parfaite pour clore notre série de trois entretiens consacrés au fonctionnement de l’Institut français en Pologne... Georges Diener, conseiller de coopération et d’action culturelle, qui dirige cet établissement public chargé de l’action culturelle à l’international, sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de la Culture, nous explique comment, depuis mars 2020, l’Institut français a dû rapidement adapter son fonctionnement à la pandémie de Covid-19 pour survivre ; quels services sont aujourd’hui mis en place pour les réfugiés en provenance d’Ukraine, comment le Grand plan pour la langue française a t-il était adapté à la Pologne et de quelle manière l’Institut accompagne le rayonnement de la culture, des industries culturelles et créatives. Plus succinctement : comment cette institution bien rodée ajuste-t-elle ses objectifs en fonction des vicissitudes que nous traversons depuis 2 ans, tout en conservant son ADN ?

 

Lepetitjournal.com/Varsovie : commençons par l’actualité immédiate, si vous le voulez bien... l’Institut français a-t-il mis en place des actions en faveur des réfugiés en provenance d’Ukraine ?

Georges Diener : Nous travaillons à adapter le dispositif de notre réseau culturel français en Pologne à la situation liée à la guerre en Ukraine. Aussi, dès à présent, il a été décidé que les services des médiathèques de notre réseau, composé par les Instituts français à Varsovie et Cracovie ainsi que les huit alliances françaises, sont gratuits pour les réfugies d’Ukraine. Grace à une subvention exceptionnelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ; l’Alliance française de Lublin va également pouvoir mettre en place un accueil pour les réfugiés d’Ukraine au travers des cours de français gratuits.

 

Comment la pandémie de Covid-19 et les confinements, depuis mars 2020, ont-ils changé votre manière de travailler, de diffuser la culture et la langue française ? 

Adapter notre fonctionnement aux contraintes liées à la pandémie était pour nous une question cruciale : poursuivre coûte que coûte une activité, ne pas sombrer dans une spirale mortifère menant à la fermeture de nos établissements en Pologne du fait de la crise sanitaire. Il s’agissait de faire face à l’adversité en dématérialisant nos activités pour nous permettre de maintenir le lien avec nos publics et partenaires. Pour les cours de français, le défi auquel nous faisions face était également de limiter les pertes d’effectifs et les velléités de demandes de remboursements intempestifs en raison du passage en « distantiel ». Si les cours en ligne se sont au début substitués aux cours en présentiel, en mode un peu « débrouillanciel », nous avons rapidement réussi à proposer une véritable offre numérique. En effet, ces cours sont venus compléter l’offre habituelle au moyen d’un format hybride (en co-modalité). Ils permettent d’attirer des nouveaux publics et d’élargir le périmètre d’influence de nos instituts et alliances. Cette nouveauté nécessite cependant des moyens matériels et des compétences techniques complémentaires, associés à des efforts de formation des enseignants afin qu’ils s’approprient et maîtrisent ces nouvelles pratiques pédagogiques. L’approche marketing est également impactée par ce nouveau vecteur d’enseignement disponible à distance et en différé.

Nous avons dû faire preuve d’une très grande capacité d’adaptation et de résilience ainsi que d’une aptitude à conduire le changement. Dans l’ensemble, le déploiement d’une offre en ligne en complément de l’offre classique permet de repenser la classe de demain (contenus, pratiques, outils pédagogiques, aménagement des espaces) et s’inscrit dans une stratégie de captation de nouveaux publics et de recherche d’une nouvelle ère d’influence.

Concrètement, beaucoup d’actions et d’événements prévus en présentiel se sont tenus finalement en ligne.

C’est le cas par exemple de la quasi-totalité des formations des enseignants de français en Pologne. La qualité des échanges avec ceux-ci s’en est trouvée, par définition, modifiée, mais l’avantage a été de pouvoir toucher des enseignants qui sont isolés professionnellement et géographiquement. C’est le cas dans certaines écoles, notamment celles qui sont éloignées des grandes villes, où un seul enseignant de français se trouve parfois en activité. Ce public n’aurait pas pu participer à nos formations si elles s’étaient tenues en présentiel. Nous avons animé le réseau des établissements bilingues francophones en proposant des activités pédagogiques en ligne aux élèves.

Les enseignants ont été très satisfaits de cette démarche qui nous a permis d’intervenir dans tous les établissements demandeurs - et même à plusieurs reprises, du fait que le déplacement n’étant plus un paramètre limitant.

Pour d’autres événements, chacun s’est adapté aux contraintes. Par exemple, le festival de chansons francophones, Nuits du Monde organisé par Iris Création pour capter un public jeune, devait initialement se tenir devant une foule invitée dans la prestigieuse salle du Dom Muzyki i Tańca à Zabrze. L’événement s’est bien produit, mais sans le public. Il s’en est suivi un excellent enregistrement qui a été diffusé en streaming sur YouTube. Le projet « 10 sur 10 », est quant à lui porté par Drameducation et implique une résidence d’auteurs francophones en Pologne (10 auteurs pendant 10 jours pour écrire 10 pièces de théâtre, destinées à un public scolaire). Il a été plusieurs fois reporté, mais a finalement pu se mettre en place en septembre 2021. Le Festival du film francophone, qui est désormais une tradition bien établie en Pologne, a connu lui aussi un sort tout à fait heureux. Cette manifestation pilotée par l’Institut français de Pologne est organisée avec et par les membres du Groupe des Ambassades, Délégations, Institutions francophones de Varsovie (GADIF). Pour cette neuvième édition, en mars dernier, la Cinémathèque polonaise nous a accueillis sur sa plate-forme Ninateka, ce qui a permis au festival d’attirer plus de 30.000 spectateurs.

 

Le 20 mars 2018, le président Emmanuel Macron dévoilait à l’Institut de France une ambitieuse stratégie destinée à redonner à la langue française sa place et son rôle dans le monde, dans le respect du plurilinguisme afin de faire du français l’une des trois plus grandes langues-monde du 21ème siècle et un atout dans la mondialisation. Quel est le bilan en Pologne de ce Grand plan pour la langue française ?

Nous avons décliné le Grand plan pour la langue française développé par le président de la République sous la forme d’un Plan stratégique langue et éducation pour la Pologne. L’orientation adoptée pour l’année 2021 concernait notamment le soutien au développement de l’enseignement de la langue française en milieu scolaire et aux certifications, la formation continue des enseignants et la valorisation de leur métier, le développement du dispositif des sections bilingues francophones et la promotion des établissements qui proposent du français renforcé.

De nombreuses actions ont été menées à bien avec nos partenaires. J’en cite quelques-unes : l’élaboration d’un argumentaire pour le français en collaboration avec les associations des professeurs de français et à destination des plus jeunes ; la célébration de la Journée internationale des professeurs de français le 25 novembre à l’occasion de laquelle les enseignants de français étaient mis à l’honneur ; la mise en place d’un solide plan de formation continue dont ont pu bénéficier plus de 330 enseignants en 2021 et le développement d’une certification DELF dans les écoles ; l’accompagnement dans la demande de labellisation ministérielle française LabelFrancEducation des sections bilingues francophones en Pologne (13 établissements labellisés sur 19) ; la création du Réseau des Etablissements Scolaires Associés (RESA) pour soutenir les établissements qui proposent du français renforcé. Ce sont quelques exemples concrets qui ont été réalisés pour faire écho au  Grand plan pour la langue française. Pour autant, le défi concernant le développement du français en Pologne reste de taille et reste pour nous un objectif de tous les instants.

Le Lycée français de Varsovie (LFV) fait bien sûr également partie de ce plan pour le français. Je rappelle qu’il est le seul établissement d’enseignement homologué par le ministère français de l’Education nationale en Pologne. Il fait partie du réseau des 552 établissements scolaires accueillant 380.000 élèves dans 138 pays piloté par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) – sous tutelle du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Il a fêté son centenaire en 2019 et compte 700 élèves de toutes nationalités, de la maternelle jusqu’à la terminale (environ 1/3 de Français, 1/3 de Polonais, 1/3 d’étrangers tiers). Le LFV dispose d’une section internationale polonaise et, comme je l’ai dit précédemment, peut s’enorgueillir d’excellents résultats scolaires. Il est réparti sur deux sites géographiques distincts (Primaire à Sadyba/Secondaire à Saska). Un projet de modernisation de l’établissement est en cours et mobilise toute notre énergie, aux côtés des parents d’élèves, pour sa réussite dans les meilleurs délais.

Dans le domaine de l’enseignement supérieur, notre objectif est de maintenir une francophonie universitaire et scientifique forte en renforçant la logique de réseau entre l’Institut français de Pologne, les alliances françaises de Pologne, le Groupe des Ambassades, Délégations, Institutions francophones de Varsovie (GADIF), les Alumni, l’association Plejada regroupant les philologies romanes de Pologne, les universités membres de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), etc. Il s’agit aussi de promouvoir l’attractivité universitaire française et de favoriser les universités européennes. Cet axe est décliné à travers la promotion des établissements d’enseignement supérieurs français, le développement de coopérations et de mise en relation entre la communauté académique et les acteurs industriels, l’appui à la mobilité des chercheurs, le potentiel offert par les 7 alliances d’universités européennes à noyau franco-polonais, un programme de bourses (une centaine par an), une large offre de formation à travers les 77 double-diplômes franco-polonais... Le partenariat très prometteur avec la Chambre de commerce et d’industrie France-Pologne (CCIFP) et la French Tech de Cracovie est renforcé pour proposer aux membres de ce réseau des événements de réseautage incluant débats d’idées et vulgarisation scientifique.

 

En janvier 2020, juste avant le 1er confinement, M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et M. Franck Riester, alors ministre de la Culture, ont réuni le quatrième conseil d’orientation stratégique de l’Institut français. Les membres de ce conseil d’orientation stratégique ont discuté des grandes orientations du projet de contrat d’objectifs et de moyens de l’Institut français pour la période 2020-2022. Qu'en est-il aujourd'hui ? 

Le Contrat d’Objectifs et de Performance (COP) de l’Institut français de Paris, pour 2020-2022 a été co-signé le 26 janvier 2021 par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministre de la Culture. Ce document fixe, pour cette période, les grandes orientations de l’opérateur (l’Institut français) et lui assigne un objectif d’efficacité́ de gestion et d’optimisation de ses moyens dans un contexte concurrentiel. L’action culturelle extérieure a été particulièrement entravée par la crise sanitaire. Cette dernière implique de repenser la diplomatie d’influence et de développer des méthodes et des outils nouveaux. Le COP 2020-2022 rappelle avec force le rôle d’opérateur culturel pivot de l’Institut français au service du réseau culturel à l’étranger et sa mission d’accompagnement. Quatre objectifs stratégiques ont été retenus : accompagner le rayonnement de la culture française et des industries culturelles et créatives (ICC) françaises et francophones ; promouvoir la langue française et soutenir les centres de langue ; renforcer la démarche partenariale au service du développement international ; moderniser la gestion de l’Institut français de Paris.

Pour accompagner le rayonnement de la culture et des industries culturelles et créatives, l’Institut français assure la promotion de la création artistique contemporaine et l’accompagnement des acteurs de filières. Il favorise le dialogue des cultures et contribue à donner une image innovante et dynamique de la France en particulier en faveur des publics cibles et notamment la jeunesse, en proposant une offre et des dispositifs culturels structurants.

Conformément à la priorité accordée par le gouvernement français aux industries culturelles et créatives, l’Institut français développe un cadre privilégié d’action au bénéfice des 37 pays - dont la Pologne, auxquels une mission prioritaire dans ce domaine a été confiée. Enfin, l’opérateur favorise la mutualisation et la circulation des projets en s’appuyant notamment sur les relais spécialisés pour le spectacle vivant ou les arts visuels.

Enfin, le dispositif  Une ambition pour la langue française et le plurilinguisme, qui est une déclinaison du Grand plan pour la langue française que j’ai mentionné tout à l’heure, a mis au cœur de l’activité de l’Institut français la valorisation et la promotion de la langue française, qui s’inscrivent de manière transversale dans son activité.

Il accompagne le développement de l’apprentissage et de l’enseignement du français en milieu scolaire, ainsi que dans les instituts français et les alliances françaises. Il mobilise, pour l’intégralité du réseau culturel, les outils numériques en soutien du volet linguistique de la coopération éducative. Cette dimension participe pleinement au renforcement de la démarche des établissements à l’étranger et propose des formations adaptées aux besoins des agents du réseau culturel.

 

Hier, dimanche 20 mars, la francophonie était à l'honneur, à l'occasion de la Journée internationale qui lui est dédiée. Cette date fait référence à la naissance, le 20 mars 1970 à Niamey au Niger, de l’Agence de coopération culturelle et technique, qui est devenue l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Sur la page internet de l'Institut français, il est expliqué que « L’Institut français promeut la culture française à l’international en dialogue avec les cultures étrangères ». Collaborez-vous avec l'Organisation Internationale de la Francophonie et pouvez-vous étendre vos activités jusqu’aux cultures francophones ? 

Non seulement nous pouvons, mais je dirais même plutôt que nous devons étendre nos activités jusqu’aux cultures francophones. En effet, en valorisant dans nos activités la diversité culturelle et le plurilinguisme, nous valorisons la Francophonie. 

La Pologne a, depuis 1997, le statut de pays membre observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Nous collaborons avec l’OIF, soit directement, soit à travers ses opérateurs, notamment TV5 Monde et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). En Pologne, 5 universités polonaises sont déjà membres de l’AUF (universités de Varsovie, de Silésie à Katowice, de polytechnique à Lodz, de Poznań, de Cracovie) et nous participons activement au développement de ce mouvement d’adhésion des universités polonaises à ce réseau. Comme je l’ai mentionné, certaines de celles-ci accueillent des lecteurs francophones sur la base de cofinancements tripartites (nous, les universités concernées, l’AUF).

Je reviens sur le Groupe des Ambassades, Délégations, Institutions francophones de Varsovie, le "GADIF", qui a vu le jour en 2013. Il a pour objectif de promouvoir les valeurs de la Francophonie et de la langue française, dans le respect de la diversité culturelle. En 2022, le groupement, constitué d’une quinzaine de pays, développe ses activités et nous y prenons une part très active. Le GADIF organise le Festival de la Francophonie célébré internationalement au mois de mars. Dans ce cadre, lors de l’édition précédente, l’Institut français de Pologne a piloté le Festival du film francophone avec la participation des ambassades de Belgique, d’Irlande, du Canada, de Luxembourg, de la Suisse, du Bureau Wallonie-Bruxelles, et de la France bien sûr.

Il y avait d’autres temps forts comme des rencontres littéraires ou l’étape nationale du concours Ma thèse en 180 secondes organisée par le Centre de civilisation française et d’études francophones, l'Institut français de Pologne, Wallonie-Bruxelles International et leurs partenaires. Ce concours a réuni des  doctorants de toute la Pologne qui ont pu présenter leurs travaux de recherche sous la forme d'une vidéo, en français et en 180 secondes, soit trois minutes maximum ! Les élèves de français des écoles primaires ont également été à la fête. Nous avons proposé pour eux un spectacle en ligne (Covid oblige) où un comédien racontait et jouait en direct des contes venant des 5 continents, chacun des contes étant illustré en direct par un dessinateur. Au total, près de 5.000 élèves ont visionné ce spectacle.

D’autres activités sont organisées pendant l’année, comme par exemple les cafés francophones destinés aux fonctionnaires polonais francophones.  Par ailleurs, les écoles de Varsovie et de sa région qui proposent le français dès les petites classes participent au concours Dis-moi 10 mots proposé par le ministère français de la Culture. Nous avons adapté ce concours de manière que les élèves non-natifs puissent y participer. 105 classes ont joué le jeu malgré l’enseignement à distance qui était en vigueur dans les écoles polonaises à ce moment-là.

 

Nous avons pu assister, ces dernières années, à des tensions politiques entre la France et la Pologne, alors que nos liens culturels ont toujours été très forts. La langue française et plus largement la culture française peuvent-elles être le ciment qui unit nos deux nations ?

La visite du président de la République, en février 2020, a rénové le dialogue bilatéral. Cette nouvelle donne incite à rebâtir une relation de confiance, mais exigeante. Nos pays nourrissent des liens historiques d’une grande profondeur, au sein desquels la culture a toujours occupé une place de choix, jadis comme maintenant.

 

Maintenant que les salles de spectacles sont bel et bien ouvertes, allez-vous continuer à soutenir la scène locale ?

Oui, bien sûr, c’est l’une de nos raisons d’être.

 

Pouvez-vous nous présenter les manifestations culturelles majeures qui émailleront l’année 2022, en Pologne ?

Nous avons commencé l’année sous présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE). En toute logique, et plus que jamais, nos activités s’inscrivent dans l’esprit et les valeurs humanistes de l’Europe. Depuis le mois de janvier, une dizaine d’événements de grande portée se sont déjà tenus. Je peux vous parler de quelques-unes de nos prochaines manifestations.

Dans le domaine du débat d’idées, nous poursuivons notre programmation avec une conférence du grand sociologue français Michel Wieviorka. Ses recherches portent sur la notion de conflit, le terrorisme et la violence, le racisme, l'antisémitisme, les mouvements sociaux, la démocratie, les phénomènes de différenciation culturelle. La rencontre est organisée à Varsovie le 12 avril à l’occasion de la publication en polonais de son livre intitulé Pour une démocratie de combat (Wydawnictwo Nieoczywiste) avec le soutien de l’Institut français de Pologne dans le cadre du programme Boy-Żeleński.

Suivra le 26 avril une autre conférence à Varsovie, qui sera prononcée par Françoise Combes, astrophysicienne, professeure au Collège de France, membre de l’Académie des Sciences et Médaille d’Or du CNRS. Cette scientifique de renommée internationale, spécialiste de la dynamique des galaxies, de la matière noire et des molécules chimiques dans l’Univers, nous parlera de ses travaux et réflexions sur le sujet. Le 5 mai, Cracovie accueillera une conférence-débat sur La relance verte et la transition énergétique dans le contexte de l’avenir de l’Europe animée par Nicolas Berghmans, chercheur en politiques climatiques et énergétiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). Ses travaux portent sur les énergies renouvelables et leur intégration dans les marchés énergétiques en Europe. Les 9 et 10 mai se tiendra un séminaire international sur Des musées multiculturels organisé par le Musée de Varsovie en collaboration avec l’Institut français de Pologne. Tables rondes et interventions réuniront le public avec des représentants de plusieurs grands musées européens (MUCEM – avec son président-directeur, Musée d’histoire de Francfort, Musée de la Reine Sofia de Madrid, Musée de Rotterdam, etc.) pour discuter du rôle social des institutions culturelles dans l’intégration des communautés issues de l’immigration et des publics éloignés de la culture. Je souligne également la très riche programmation du Centre de civilisation française et d’études francophones (CCFEF), qui organise les mardis géopolitiques à la faveur d'un partenariat avec la Faculté de sciences politiques et d’études internationales de l’Université de Varsovie, l’Association polonaise d’études internationales et le Groupe d’études géopolitiques - Le Grand continent (avec l’ENS Ulm, HEC, Sciences-Po, etc.). Un mardi sur deux, un débat public réunit des intellectuels et des chercheurs de différents domaines autour d’un sujet lié à la géopolitique mondiale. Le même Centre de civilisation française et d’études francophones, en collaboration avec la Faculté de sciences politiques et d’études internationales de l’Université de Varsovie, la Faculté de philosophie de l’Université de Varsovie et l’ENS Ulm, organise des rencontres dans le cadre du Séminaire d’actualité critique européenne. Ces débats sont également ouverts au public.

 

Quel bilan personnel dressez-vous après plusieurs années passées en Pologne ? Vous aviez déclaré, lors d’une interview donnée à notre édition Lepetijournal.com/Varsovie, en 2019 : « Cette formidable histoire de la Pologne, tourmentée et très dense, m’attirait beaucoup. Je dois dire que je ne suis pas déçu du voyage ! ». Votre regard sur ce pays a-t-il évolué ? 

Comme en 2019, mon attirance pour la Pologne demeure intacte. Je dirais même que la réalité de ce que j’ai découvert dans ce pays a confirmé et renforcé cet intérêt. Mon regard a forcément évolué, au gré des expériences que j’ai pu vivre depuis plus de 3 ans, dans ce pays aux capacités de rebond exceptionnels. Et vous l’avez compris, quand je parle de la Pologne, j’entends le pays dans la totalité de sa complexité, faite de ses populations, de ses différences, de ses terroirs…

 

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