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Les librairies francophones à l’étranger en situation critique

Librairie Stendhal RomeLibrairie Stendhal Rome
Librairie Stendhal à Rome
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 7 avril 2020, mis à jour le 11 avril 2020

Depuis le début de la quarantaine, la librairie Stendhal à Rome a été obligée de fermer ses portes. Nombreuses sont les librairies francophones à l’étranger qui ont fait de même (on en dénombre aujourd’hui plus de deux tiers). Certaines risquent d'ailleurs de ne pas pouvoir ouvrir à nouveau leurs portes.

Aucune aide locale n’est proposée aux librairies francophones qui se retrouvent démunies et à cela s’ajoute la concurrence de la vente par correspondance de livres. Certes la France a annoncé la mise en place de différents dispositifs d’aides financières pour les librairies, mais qu’en est-il réellement pour les librairies francophones à l’étranger ? Alors que l’Allemagne va proposer une aide de 50 milliards d’euros aux entreprises culturelles, le ministère de la culture français prévoit une aide à hauteur de cinq millions pour tout ce qui a trait à la culture, en réservant 500 000€ pour les librairies françaises installées à l’étranger. Chaque aide sera plafonnée entre 3000€ et 10 000€, malheureusement, ces montants sont bien insuffisants pour combler le déficit causé par la longue fermeture. Le Syndicat de la librairie française (SLF) quant à lui appelle à la création d’un fonds de soutien aux librairies.

De son côté, Antoine Gallimard craint une vague de faillites de librairies et de maisons d’édition : « On peut le craindre s’il n’y a pas très vite un dispositif de soutien fort. La librairie est le maillon le plus fragile ; il faut qu’elle ait recours massivement au dispositif BPI, c’est vital pour elle comme pour toute la filière. », il rappelle ainsi dans une interview publiée dans Livres Hebdo que cette situation représente une crise très grave, qui impose des mesures fortes de solidarité.

 

Librairie Stendhal Rome
Librairie Stendhal à Rome

                                                         

S’il ne s’agit pas du seul commerce en péril, l’heure n’est pas venue d’oublier l’apport de tels lieux pour les communautés françaises installées à travers le globe. Tout d’abord l’importance que revêtent ces lieux n’est pas négligeable quand il s’agit d’acquérir un livre en langue française, que ce soit pour des besoins professionnels ou seulement pour un plaisir personnel. Mais c’est aussi un lieu qui nous permet d’accéder non seulement au partage d’une certaine vision de la littérature, mais également à une certaine idée de l’organisation d’un savoir, d’un travail éditorial, en bref d’un lieu culturel que nous avons toujours eu l’habitude d’avoir près de chez nous ; un lieu convivial qui peut devenir événementiel comme nous en avons l’habitude à Rome. Le manque à gagner ne se compte donc pas en termes de papier fiduciaire et virtuel mais bien comme l’image écornée d’une page de nos habitudes qu’il faudrait tourner si certaines de ces fermetures devenaient définitives.

Karine Gauthey
Publié le 7 avril 2020, mis à jour le 11 avril 2020

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