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La librairie devenue « un centre de vie »!

Marie-Ève Venturino LivreMarie-Ève Venturino Livre
Cela fera 2 ans le 1er décembre que Marie-Ève Venturino a racheté la librairie française de Rome, devenue la Libreria Stendhal. Crédit photo: Yves Devreux.
Écrit par Vincent Rochette
Publié le 29 novembre 2018, mis à jour le 30 novembre 2018

Marie-Ève Venturino est une passionnée.  En 2018, à une époque où vous pouvez commander sur internet un livre le matin et le recevoir à votre porte en après-midi, sans même avoir bougé les pieds de votre divan, opérer une librairie indépendante française en plein coeur de Rome est une véritable vocation.  

Cela fera 2 ans le 1er décembre que Marie-Ève a racheté la librairie française de Rome, devenue la Libreria Stendhal.  Deux ans qu’elle a opéré un virage à 180 degrés pour dynamiser ce lieu qui est désormais un incontournable pour la communauté française et francophone de la capitale italienne.  Une opportunité d’acheter la librairie s’est présenté à elle en décembre 2015, alors qu’elle était en vente depuis 2 ans, à un prix qu’elle ne pouvait cependant pas se payer.     

«  Quand elle a été en vente, au départ je n’ai pas pensé une seule seconde l’acheter.  C’est une folie maintenant d’acheter une librairie!  Une immobilisation financière délirante. On ne gagne pas d’argent.  On paie nos salaires et on est content.  On tente de ne pas perdre d’argent! », raconte celle qui a finalement acheté le lieu, après qu’elle ait reçu de l'aide du Centre national du livre et de la Centrale de l’édition (qui s’occupe de l’exportation du livre français à l’étranger).  Les deux organismes ont réalisé que l’une des plus grandes librairies françaises d’Europe, ouverte en 1955, pouvait fermer si personne ne la reprenait.   

Un long processus qui a tout de même pris 1 an avant de se concrétiser, puisque c’était la première fois qu’une aide pour sauver une librairie française à l’étranger était offerte.  Marie-Ève Venturino était employée de la librairie depuis 10 ans.  Aujourd’hui, 5 employés, incluant la propriétaire y travaillent.

« Un centre de vie » 

Sa plus grande fierté: « avoir proposé un nouveau modèle de librairie ».  Travaux de rénovations de l'édifice, production d'une programmation variée, la libraire avait du pain sur la planche.  Pourtant les chiffres sont impressionnants: en 17 mois (depuis mars 2017 et en excluant l'été), plus de 154 activités ont eu lieu à la librairie, tout près d’une dizaine par mois.  Une librairie traditionnelle qui est devenue, selon les mots de Marie-Ève « un centre de vie».

« Il s’y passe quelque chose!  C’est un centre culturel.  Il y a des activités pour les enfants, pour les adultes.  Il y en a en art, en littérature, en B.D.  On tente plein de choses et évidemment j’espère que ça continuera, c’est un lieu expérimental!  On a même réussi à proposer des activités récurrentes!, dit-t-elle avec fierté.  

Les défis d’être à l’extérieur 

Plusieurs défis importants s’imposent pour une librairie qui se trouve à plus de 1400 km de route de Paris.   

«  Le premier défi est logistique, car les transports coûtent très chers.  De plus, il y a une variable de temps que les gens ont de la difficulté à accepter: la frustration pour les clients du livre qui arrive en 15 jours.  Les clients sont désormais habitués à recevoir des livres rapidement, y compris dans la journée avec une compagnie comme Amazon.  Il faut affronter cette dimension logistique des commandes.     

« Le deuxième défi, c’est de créer une communauté de lecteurs qui va adhérer à notre vision de la librairie indépendante.  Ce sont des gens qui font le choix de dire: « Je ne vais pas céder à la consommation capitaliste pour avoir mon livre tout de suite ».  La librairie, c’est un métier et un endroit militant.  Il faut être militant pour fréquenter une librairie.  Ce n’est pas une librairie de best-sellers.  Ce n’est pas un coin dans un supermarché non plus! » , ajoute la passionnée.   

«  On a travaillé avec l’équipe à faire dans notre vision d’une librairie vivante,  ce que l’on estime comme les meilleurs choix de livres du moment qui ne vont cependant pas dans un seul sens, de manière sectaire.  Je fais des choix subjectifs, car j’estime après 26 ans (d'expérience comme libraire) avoir mérité de me faire plaisir aussi dans le choix des livres », précise celle qui explique que contrairement à une librairie française traditionnelle, il y a davantage de livres de fond (75%) que de nouveautés (25%), ce qui ne facilite pas les finances puisque les nouveautés se vendent souvent en quantité plus importante et plus rapidement que les livres de fond.  

Et les deux prochaines années?

Marie-Ève Venturino désire continuer à faire de son lieu un centre d’échanges culturels.  Un endroit où ne pas va seulement pour y acheter des livres ou assister à une dédicace une fois par mois avec un auteur qui vous demande votre nom et signe rapidement, avant de quitter, mais un lieu où on l’on peut échanger, discuter et vivre de beaux moments à travers les livres.  

vincent rochette
Publié le 29 novembre 2018, mis à jour le 30 novembre 2018

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