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Le silence de Rome : le témoignage de Estelle

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Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 26 mars 2020, mis à jour le 26 mars 2020

Je m’appelle Estelle et j’ai 32 ans, je vis à Rome depuis six ans et demi, dans le quartier de San Giovanni.

Depuis le confinement, j’ai la possibilité de faire du télétravail, ayant la chance de travailler dans une entreprise qui donne des horaires flexibles qui me permettent de commencer entre 8h et 10h le matin. Mes journées en semaine se ressemblent donc, je travaille sur l’ordinateur portable fourni par l’entreprise et prends mes pauses légales comme d’habitude. Ma responsable me demande seulement de lui envoyer chaque jour un rapport journalier sur toutes les activités que j’ai faites. Mon travail ne nécessite qu’un accès internet et je ne suis jamais au téléphone et communique uniquement par e-mail ou skype. Ainsi, le fait de travailler de la maison n’a donc absolument pas ralenti mon travail habituel, je travaille 8h pleines et n’ai pas vraiment de creux.

Je n’ai absolument pas songé à retourner en France, cela aurait été une prise de risque plutôt qu’autre chose et je considère Rome comme ma maison, plus qu’en France désormais, j’ai toute ma vie à Rome et je sens que ma place est ici en cette période de confinement. Je pense que nous sommes assez informés, tous les jours on peut trouver un rapport du nombre de cas/guéris/victimes pour voir l’évolution, si de nouvelles restrictions sont mises en place, le pays en est informé tout de suite etc… Le seul problème sont les « fake news » qui circulent qui entrainent la psychose.


Dans le quartier, comme dans tous, c’est chacun chez soi. Je n’ai pas forcément remarqué quelques activités pour aider ceux qui ne peuvent vraiment pas sortir pour faire des courses, mais il est fort possible que ça se fasse aussi, surtout pour les personnes âgées (il y en a beaucoup dans ma rue). A 18h dans ma rue, un DJ met de la musique pendant environ 30min pour faire sortir les gens sur le balcon et mettre un peu d’ambiance, c’est très sympa et ça part vraiment d’une bonne intention, c’est agréable. Et puis j’ai découvert qui vit dans les immeubles en face.

Je sors 1-2 fois (voire 3) par semaine depuis le début du confinement. J’essaye de respecter le fait que sortir pour seulement un paquet de biscuits n’est pas vraiment de première nécessité. Je suis allée faire des courses pour la semaine hier, j’ai fait une heure de queue avant de pouvoir entrer dans le magasin dans lequel il manquait en plus pas mal de choses, donc je vais vraiment éviter de sortir inutilement.

L’impression est étrange, s’éloigner des gens dès qu’on en croise, beaucoup avec des masques etc.. Je n’ai jamais connu ça, les distances on ne peut pas dire que les Italiens en temps normal ne les respectent on se frôle ou se bouscule souvent sans même faire attention, donc je sens bien que les choses sont différentes. Et puis il y a ce silence… Rome est chaotique il y a de la circulation, des gens dans la rue, des commerces. Là on entend quelques voitures, des ambulances et… les oiseaux ! C’est reposant pour les oreilles, mais ce n’est pas la Rome que j’ai appris à connaitre ces dernières années.

La seule chose qui pourrai me faire peur est d’avoir contracté le virus sans le savoir et que la quarantaine dure beaucoup plus longtemps que prévu (je suis consciente qu’on y sera encore certainement à Pâques par exemple). Je le vis bien pour l’instant, mais d’ici quelques semaines ça risque d’être plus dur, je marche beaucoup et ai pas mal d’activités, je pars souvent le week-end hors de Rome, donc j’ai peur que tout ça commence à vraiment me manquer au bout d’un moment. Mais bon, je risque de devoir l’accepter comme le reste.

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Publié le 26 mars 2020, mis à jour le 26 mars 2020

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