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ITA rachetée par l’Allemagne ?

un avion de ITA Airways un avion de ITA Airways
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 2 février 2022, mis à jour le 3 février 2022

Créée sur les cendres d’Alitalia, la nouvelle compagnie italienne cherche de nouveaux partenaires pour renforcer son offre long courrier. Lufthansa et MSC, la compagnie allemande et le croisiériste italien, se sont associés pour proposer une offre de rachat à hauteur de 15 à 40% du capital d’ITA (Italia Trasporto Aereo), opération qui les rendrait actionnaires principaux du groupe, lundi dernier.

 

Un contexte compliqué pour le secteur aérien italien

Alitalia, ancêtre d’ITA, avait déjà été approchée par Lufthansa en 2019. La compagnie transalpine faisait alors face à d’importantes difficultés financières et ne parvenait pas à trouver de repreneur. Le groupe allemand avait alors transmis une première offre de rachat, finalement refusée. Mais la crise sanitaire pourrait bien rebattre les cartes, le contexte du transport aérien italien s’étant fortement dégradé. Son trafic est en recul de 65% en 2021 par rapport à 2019, année de référence pré-Covid. La santé fragile d’Alitalia et les difficultés liées à la baisse de fréquentation ont même eu raison de la compagnie, remplacée par ITA avec des effectifs divisés par quatre (de 10.000 employés à 2150) et une flotte deux fois moins importante. ITA, en quête d’un groupe puissant pour se stabiliser, pourrait donc reconsidérer ses nouvelles approches.

 

De nouveaux objectifs adaptés aux atouts d’ITA

L’entrée dans le capital d’ITA de la première compagnie aérienne allemande permettrait aux Italiens de parvenir à leurs objectifs de restructuration. ITA cherche en effet à abandonner les vols nationaux, cannibalisés par les compagnies low cost, pour se concentrer sur les vols long-courriers, plus rentables. Le rachat d’ITA par Lufthansa entrainerait de nombreuses synergies positives pour les deux groupes, et de concentrer pleinement la compagnie sur ce nouvel objectif. Par ailleurs, les transalpins ont des atouts à faire valoir : ils ont repris 83% des créneaux horaires d’Alitalia sur l’aéroport de Milan, et détiennent 43% des créneaux de décollage à Rome. Si sa flotte a été divisée par deux, ITA possède encore 52 avions pouvant assurer des vols long-courrier. Enfin, la restructuration du groupe semble commencer à porter ses fruits, ITA ayant réussi à limiter ses pertes malgré la vague d’Omicron en baissant certains de ses coûts de fonctionnement. ITA table ainsi sur un chiffre d’affaires de 3.3 milliards pour 2025, projections qui dépendent bien évidemment de l’évolution de la pandémie.

 

Une tentative vouée à l’échec ?

Toutefois, les approches de Lufthansa auprès d’ITA ne semblent pas convaincre les analystes financiers. Lorsque l’annonce du projet de rachat a fuité dans la presse lundi dernier, le cours en bourse de Lufthansa a immédiatement chuté de 5% dans la journée, témoignant du scepticisme des marchés financiers. ITA, et précédemment Alitalia, présente encore des problèmes structurels qui ne permettent pas à la compagnie d’être à l’équilibre financier, le gouvernement italien devant régulièrement mettre de l’argent sur la table. Ainsi, depuis le début des années 2000, pas moins de 13 milliards ont été injectés pour assurer la survie d’Alitalia. Un désengagement partiel de l’Etat italien, qui conserverait ses parts minoritaires, sur un secteur aussi crucial et symbolique que le transport aérien, est-il possible ? Pour l’instant, le gouvernement italien n’a pas réagi aux intentions d’ITA et de MSC.

 

Clément Lefebvre

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