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Alitalia rend les ailes

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Les Echos via LaPresse/AP/SIPA
Écrit par Noé MALAPRIS
Publié le 15 octobre 2021

Ce jeudi soir, Alitalia a opéré son dernier vol. C’était un classique : le Cagliari-Rome, qui faisait partie de ces vols auxquels le personnel, naviguant et non-naviguant, de la compagnie était si habitué.

 

C’est avant tout un défaut de rentabilité qui a eu la peau d’Alitalia. Les problèmes financiers de la compagnie, loin d’être récents puisqu’ils conduisaient déjà le Gouvernement Prodi, en 1996, à agir en la privatisant en partie, se sont accentués ces deux dernières décennies. L’irruption des compagnies low-cost, principalement Ryanair et EasyJet, sur le marché italien de l’aviation commerciale, a sans doute précipité cette chute. Incapable de rivaliser avec la compétitivité des compagnies susmentionnées, et refusant contrairement à elles d’entraîner ses salariés dans une précarité indigne, Alitalia fut en perdition des années durant. Dans son histoire récente, la compagnie n’a jamais su éviter le déficit : en 2011, elle limite les pertes à 69 millions d’euros, ce qui constitue son meilleur score depuis longtemps…

 

Des efforts en vain

Ce n’est pas la motivation qui manquait du côté des gouvernements italiens. Alitalia, dont le premier vol fut opéré en 1947, était un fleuron de l’économie italienne post-Seconde Guerre mondiale, une réussite qui symbolisait les Trente Glorieuses et leur boom économique. Alors, en voyant les résultats désastreux de l’entreprise mal en point, les gouvernements italiens qui se sont succédé ont tout fait pour sauver les meubles. Des milliards d’euros ont été injectés ces deux dernières décennies, comme furent ébauchés des plans de sauvetage impliquant d’autres compagnies. Notamment, Air France-KLM, qui souhaite racheter les 67% de la compagnie détenus par l’Etat en 2008, mais dont le plan est rejeté par Berlusconi lorsqu’il accède au pouvoir peu après. D’autres erreurs stratégiques mènent l’entreprise à une faillite irrécupérable ; notamment, la faible offre de vols long-courrier, où la concurrence des compagnies à bas-prix étaient pourtant bien moindre…

 

Une fin qui permet de repartir sur de nouvelles bases ?

La crise du Covid-19 n’a fait que retarder une échéance que tous savaient inéluctable. Alors, poussé par l’Union Européenne qui menaçait de sanctionner Alitalia en la sommant de rembourser les prêts consentis par l’Etat italien, le gouvernement de Mario Draghi a préféré créer une nouvelle compagnie sur les cendre d’Alitalia. ITA, pour Italia Trasporto Aereo (ITA), est une nouvelle entité, indépendante d’Alitalia et par conséquent aucunement tenue de rembourser ses dettes.

Cette nouvelle structure est entièrement possédée par l’Etat italien pour ce qui concerne les vols, mais le service au sol ainsi que la maintenance doivent être soumis à un appel d’offres ; il s’agit-là d’une exigence de l’UE, qui en faisait une condition pour autoriser le lancement d’ITA.

La situation enfin décantée d’Alitalia peut donc être considérée comme un abcès crevé. Néanmoins, le sort des salariés de la compagnie aérienne préoccupe : ils sont nombreux à n’avoir trouvé de poste au sein d’ITA, dont la flotte n’est que de 52 avions contre 150 pour sa prédécesseuse. Aucun réel plan de sauvegarde des emplois n’a été mis en place, comme en témoigne la colère d’un syndicaliste se plaignant que des candidats non-issus d’Alitalia ont été recruté par ITA, avec de grandes baisses de salaire à la clé. Aussi, de réelles tensions devraient émerger dans les prochains jours. Des manifestations organisées par les syndicats auront lieu, et nul ne doute qu’ITA connaîtra quelques turbulences pour son baptême de l’air…

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