Remis cette année à Alessandro Barbaglia pour "Le coup du fou" et à son traducteur Jean-Luc Defromont, le Prix Littéraire Marco Polo Venise, se confirme un pont entre la France et l’Italie. Rencontre avec sa fondatrice, Christine Bach.
Arrivé à sa 7e édition, le Prix Littéraire Marco Polo Venise confirme sa vocation : faire dialoguer la France et l’Italie, à travers la littérature. Depuis 2016, le Prix Littéraire est attribué à un roman italien traduit en langue française et publié dans l'année en cours. Un prix qui « donne la parole à ceux qui font vivre la littérature : écrivains et traducteurs, et qui célèbre la traduction à côté de l’écrivain », explique Christine Bach, fondatrice du Prix et directrice du cercle littéraire « Rendez-vous Rive Gauche ».
La démarche se révèle d’autant plus importante aujourd’hui qu’elle répond désormais aux dispositions de l’article 9 du Traité du Quirinal signé entre la France et l’Italie en novembre 2021, qui vise à favoriser les échanges culturels entre les deux pays.
Le 6 octobre à Venise, dans le cadre de la Venice International University située sur l’île de San Servolo, le Prix 2023 sera remis aux lauréats, Alessandro Barbaglia pour Le Coup du Fou (Liana Levi), ainsi qu’à son traducteur Jean-Luc Defromont, qui contribue par son travail d’interprétation à renforcer le dialogue culturel transalpin.
L’écrivain italien publie ici son texte le plus fort et le plus personnel, après déjà quatre romans remarqués, dont le dernier a remporté le prix Strega pour la jeunesse.
La traduction, un dialogue possible entre les cultures
« Le Prix Littéraire Marco Polo Venise est innovant et unique : il récompense l’écrivain et le traducteur car traduire c'est assurer le passage, c'est un vecteur majeur des échanges culturels. La traduction est « la langue de l’Europe » déclarait l 'écrivain, philosophe et traducteur Umberto Eco », raconte Umberto Vattani, président de la Venice International University, qui accueille la cérémonie de remise du Prix Marco Polo Venise.
Sous le haut patronage du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le ministre italien Antonio Tajani a adressé dans un message son « soutien personnel au Prix Littéraire, authentique témoignage de l'amitié historique qui lie nos deux pays ».
« De La Chartreuse de Parme de Stendhal aux exercices de style d’Italo Calvino, de la francophilie d’Alessandro Manzoni aux vacances romaines de Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, les plus belles pages de l’amitié franco-italienne ont été écrites par nos écrivains. Notamment parce qu’il met en lumière les traductrices et les traducteurs, ces artisans des belles-lettres aussi discrets qu’indispensables, le Prix Littéraire Marco Polo Venise est une précieuse contribution à cette tradition de l’échange et du dialogue », écrit dans un message la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, qui accorde également son haut patronage au Prix Marco Polo Venise.
Le Prix franco-italien est en outre soutenu par l 'Ambassade d'Italie à Paris et par l’Ambassade de France à Rome, par le Maire de Venise, par le Maire d'Arles en France, ainsi que par la Venice International University, lieu privilégié de collaboration entre Universités du monde entier.
Venise, cadre idéal pour célébrer la relation culturelle franco-italienne
Selon la fondatrice du Prix Littéraire Marco Polo Venise, la Cité des Doges est le meilleur cadre pour célébrer cette relation littéraire franco-italienne.
La lecture de Proust, de Stendhal et d'autres auteurs Français, l’ont inspirée pour créer le prix à Venise. « Tous les écrivains, les musiciens, les artistes ont été touchés par cette ville, cœur du monde, qui rassemble et qui rayonne la Beauté, la Culture dans l 'esprit humaniste de Marco Polo », explique Christine Bach. C'est ainsi qu'elle a souhaité partager cette ouverture avec les écrivains italiens et faire connaître la richesse de leur littérature en France.
Quant au choix du nom : « Il met en avant le lien avec sa ville natale et avec l 'esprit de Marco Polo, symbole de curiosité et d'exploration de l'inconnu », ajoute Christine Bach.
Jury franco-italien de renom
Depuis sa création en 2016, le Prix Marco Polo Venise rappelle que « la traduction maintient la pluralité, rend manifeste le sens et l’intérêt des différences, tout en valorisant le partage des richesses culturelles entre les pays car chaque langue est une vision du monde à transmettre. »
En 2016, la première édition a récompensé Sandro Veronesi pour Terres Rares (Grasset). Lors des éditons suivantes, le Prix a été remis à Emanuele Trevi et Marguerite Pozzoli pour Le peuple de bois (Actes Sud) ; puis à Giosuè Calaciura et à Lise Chapuis pour Borgo vecchio (Notabilia) ; l'année suivante à Cristina Comencini pour le roman Quatre amours (Stock) et à la traductrice Dominique Vittoz ; à Gianfranco Calligarich pour le roman Le dernier été en ville (Gallimard) et à la traductrice Laura Brignon (5e édition) ; et pour la 6e édition à Marco Lodoli pour Les prières (P.O.L), un recueil de trois courts romans, ainsi qu’à la traductrice Louise Boudonnat.
Pour cette 7e édition, deux autres romans italiens traduits dans l’année ont été retenus, sur une trentaine en lice au départ : Le livre des maisons d'Andrea Bajani traduit par Nathalie Bauer et L’Affaire Vivaldi de Federico Maria Sardelli traduit par Martine Legein.
Le jury composé de douze membres, est présidé par Umberto Vattani, Diplomate et Président de la Venice International University ainsi que par Christine BACH, Fondatrice du Prix. A leurs côtés, des éditeurs, écrivains, journalistes, libraires français et italiens, tous ayant des liens étroits entre la France et l’Italie, tels qu’Alberto Toscano ou encore Bruno Racine, Directeur de Palazzo Grassi et de Punta della Dogana.