Rencontre avec Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, lors de sa venue à Milan les 10 et 11 novembre 2025. A cette occasion, la députée a tenu à renforcer son lien direct avec les Français d’Italie. Retour sur ses interventions et les axes qu’elle entend prioriser.


Députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, vous avez toujours affirmé vouloir exercer un mandat de proximité. Comment cela se traduit-il, depuis le début de votre mandat ?
Je tiens des permanences de manière régulière, un vendredi matin par mois, pour échanger en direct avec des Français de l’ensemble de ma circonscription, qu’ils habitent en Italie, en Grèce, en Turquie, en Israël…
La proximité se traduit aussi par un « Café avec votre députée », organisés lors de chacun de mes déplacements. Il s’agit de rendez-vous individuels d’environ 15 minutes qui permettent de me rencontrer et d'attirer mon attention sur des sujets de préoccupation.
Depuis plus d’un an que j’ai été élue, j’essaye d’intervenir à chaque fois que l’on me soumet une problématique. J’ai ainsi effectué plus de 200 interventions en soutien à nos compatriotes qui m’ont sollicitée depuis le début de mon mandat.
Il m’est aussi très important d’aller sur terrain dans l’ensemble des pays de ma circonscription. J’ai ainsi visité 16 villes où j’ai effectué plus de 80 rendez-vous au total, auxquels s’ajoutent 110 rendez-vous en visio et les réunions publiques.
J’envoie également régulièrement des lettres d’information. J’ai aussi créé des boucles WhatsApp dédiées à chacun des pays, permettant à chacun d’être en contact direct avec moi.
Quels moyens avez-vous pour faire remonter les préoccupations des Français de votre circonscription, et notamment ceux établis en Italie ?
Lorsqu’il s’agit de débloquer un dossier par exemple, qu’il s’agisse de questions administratives ou d’aides sociales, je suis en lien direct avec le consulat.
S’il s’agit d’une problématique non pas individuelle mais récurrente sur l’ensemble de la circonscription, j’ai la possibilité d’intervenir avec des questions orales sans débat, des questions écrites au gouvernement, et je peux également saisir un ministre directement. A l’Assemblée, j’agis également par voie d’amendement ou de proposition de loi. Par exemple en ce moment, dans le cadre du projet de loi de finances et du projet de loi de finances de la sécurité sociale, j’ai déposé plusieurs amendements en faveur des Français établis hors de France : sur le niveau des bourses scolaires, pour la reconnaissance de l’équivalence des diplômes pour les Français de l’étranger ou encore les donations depuis l’étranger.
La double-imposition des retraités français résidant en Italie - qui subissent de lourds redressements fiscaux depuis 2021 - a été un sujet prioritaire au cours de ces dernières années. Comment avez-vous agi concrètement ces derniers mois ? Et où en est la situation ?
Nos compatriotes qui ont fait l’objet de ces redressements fiscaux ont dû faire face à des paiements astronomiques pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros qui ont bouleversé leurs vies.
Dès mon élection, j’ai fait de ce sujet une priorité. J’ai d’abord agi au niveau ministériel puisqu’il s’agit d’une question d’interprétation de convention fiscale.
J’ai d’abord posé une question écrite au gouvernement, j’ai aussi alerté les ministres successifs chargés des Français de l’étranger - Sophie Primas, puis Laurent Saint-Martin et désormais Éléonore Caroit, entretenu des contacts réguliers avec nos équipes diplomatiques, les conseillers des Français de l’étranger et le collectif des retraités.
Sous mon impulsion, un moment décisif a été le déplacement à Rome, le 13 juin dernier, aux côtés du ministre Laurent Saint-Martin. Nous y avons rencontré le vice-ministre italien de l’Économie, M. Maurizio Leo, pour un échange consacré à la fiscalité des retraites françaises. Un rendez-vous productif, à l’issue duquel le ministre a indiqué qu’il renoncerait aux pénalités de retard dès lors qu’il n’y avait pas de mauvaise foi de la part de ces retraités qui n’ont pas déclaré leurs revenus.
Il s’agit d’avancée considérable grâce à la mobilisation collective de ministre, agents diplomatiques et consulaires et des conseillers des Français de l’étranger mais aussi parce que la France et l'Italie entretiennent une relation d'amitié qui est précieuse.
Le problème continue malgré tout aujourd’hui car les agenzie delle entrate sont indépendantes les unes des autres. Je continue donc à me mobiliser avec la nouvelle ministre pour que la décision du vice-ministre italien soit effectivement exécutée.

Vous êtes venue à Rome à plusieurs reprises, vous étiez au Vatican en septembre dernier, aujourd’hui à Milan… Que retenez-vous de ces déplacements en Italie ?
C’est un magnifique pays ! Au-delà de ça, c’est toujours enrichissant de rencontrer les acteurs économiques, les élus consulaires et le réseau associatif. Ces 48 heures à Milan sont rythmées par la cérémonie du 11 novembre à laquelle j’ai pu assister, des rencontres avec Business France, la CCI et Atout France, avec le corps enseignant de l’Institut français, une visite au lycée Stendhal et une rencontre avec les associations Milan Accueil et Solidarité France Italia. J’ai également plusieurs rendez-vous avec nos compatriotes lors du « Café avec votre députée ».
C’est pour eux un lien direct avec l’Assemblée nationale, une occasion de me faire porter des sujets, comme ce soir par exemple ceux liés au retour sur le territoire français de nos compatriotes.
Quels axes souhaitez-vous désormais prioriser ?
Dans le cadre du projet de loi de finances et de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale, je défends le maintien des aides sociales, ainsi que la suppression de l’assujettissement à la CSG-CRDS pour l’ensemble des Français établis hors de France dès lors qu’ils bénéficient d’une couverture sociale locale. Je pense également nécessaire d’améliorer le traitement fiscal des dons réalisés depuis l’étranger.
Je demande par ailleurs un audit interne en matière de reconnaissance des équivalences de diplômes, car leur non-reconnaissance, principalement dans le domaine médical, représente souvent un frein à l’installation à l’étranger.
En tant qu’avocate en droit de la famille, je suis également très investie sur les violences intra familiales, et notamment pour les Français de l’étranger. A ce titre, je viens d’organiser un grand webinaire sur l’ensemble de la circonscription, qui a rencontré une grande participation.
Vous organisez également un concours de photographie. De quoi s’agit-il ?
Je voulais rapprocher les pays de ma circonscription sur une thématique qui parle à tout le monde. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un concours photo sur le thème « Ma Méditerranée », ouvert aux lycées de ma circonscription. La classe gagnante recevra un cadeau de l’Assemblée nationale et la photo lauréate illustrera ma carte de vœux pour l’année 2026.
Quelles sont vos prochaines visites prévues dans la circonscription, notamment en Italie, dans les mois à venir ?
Pour l’instant je navigue à vue car je dois d’abord être l’assemblée pour voter le budget, la stabilité économique du pays en dépend. Mais de manière générale, je me déplace tous les mois et demi.
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