Malgré le contexte actuel, Le Bridge Milan, organisé par la CCI France Italie le 12 novembre entre les start up et les grandes entreprises, témoigne d’un dynamisme économique presque inattendu.
A l’occasion de Le Bridge Milan, organisé le 12 novembre à la CCI France Italie (en présence et en streaming), cette dernière s’est placée comme facilitateur d’une relation win win entre start up et grandes entreprises françaises et italiennes. Une première pour la Chambre, qui, forte de ses quelque 300 adhérents (entre grands groupes et PME), a souhaité mettre à profit ses instruments et affirmer sa volonté de créer des relations de business fécondes.
« Dans un contexte de crise, organiser un tel événement représente à la fois un défi et une opportunité. Tout le monde est en difficulté et a encore plus besoin de contacts. La Chambre a de nombreuses cartes à jouer sur ce point », affirme Cécile Bourland, directrice de la CCI France Italie.
215 rencontres franco-italiennes
L’objectif de Le Bridge : soutenir et accompagner le changement en favorisant les synergies entre deux réalités différentes, mais complémentaires.
24 grandes entreprises ont répondu favorablement à l’appel pour rencontrer 92 start-up françaises et italiennes. Au total, 215 rencontres en speed dating, en streaming, (chaque rencontre a duré 20 minutes) ont été générées suite à un minutieux matching réalisé par la Chambre. Un succès tel, qu’une deuxième session est organisée le 23 novembre.
Tous les secteurs étaient représentés. Les grandes entreprises – à travers les responsables de l’Innovation, mais aussi les responsables achat, finance et marketing - œuvrant dans les transports, l’énergie, la banque, la mode ou encore le luxe, ont dialogué avec des start up Fintech, Healthtech, Biotech, FoodTech, Bigdata, Industries, Retail/GDO, de Mode et Design, de Tourisme et Communication.
« L’événement est le résultat du développement de l’un des quatre clubs de la Chambre, le club Start up, mais aussi le fruit de notre travail dans l’écosystème start up », explique Cécile Bourland. Et de souligner le précieux soutien de plusieurs incubateurs et entités tant françaises qu’italiennes dans la diffusion du message du Bridge (BPI France, Réseau entreprendre Piémont, Associazione 3060, I3P, la Bocconi, Innovup, Tag, Primo Miglio, EarlyMetrics, Le Village).
« Le programme 2020 s’est développé autour de workshops concrets pour le développement des start up, ajoute Cécile Bourland, en se concentrant toujours sur une mise en relation avec les grandes entreprises, les faire dialoguer autour du thème de l’open innovation. On a ainsi réussi à convaincre les grands groupes, une communauté que l’on connaît bien, que dans ce cadre, la Chambre pouvait leur apporter quelque chose ».
Des écosystèmes favorables
La séquence de speed dating a été introduite par deux tables rondes - l'une plus institutionnelle, l'autre abordait le sujet de l'Open Innovation - avec la présence d’incubateurs et d’entités françaises et italiennes fondamentales dans les deux pays, et animées par Alessio Beverina, General Partner de Panakès, société d’investissement œuvrant dans le capital-risque, qui exerce sa mission en Italie et en Europe. A ses côtés également, en direct de la Chambre, Michael Lagarde, directeur de Leyton Italia, cabinet de conseil international dédié à l'amélioration de la performance globale des organisations, et notamment des start up.
Invitée en streaming, Céline Grufat, chargée de missions politiques publiques à la FrenchTech, a souligné le succès d’un écosystème « toujours plus attractif pour les investisseurs, positionnant la France comme l’un des principaux player en Europe dans le domaine de la tech ». On compte plus de 10.000 startups en France, soit moins qu’au Royaume-Uni mais plus qu’en Allemagne et à peu près comme en Italie. Et l’Hexagone séduit de plus en plus les investisseurs étrangers - le montant qu'ils ont globalement misé a plus que doublé en passant de 1,15 milliard entre 2016 et 2017, à 2,76 milliards d'euros sur la période 2018-2019 -, boosté par une politique gouvernementale qui fait de l’innovation son cheval de bataille, notamment par le biais d’aides publiques et d’une fiscalité favorable à l’innovation.
« La France se distingue au classement des pays les plus innovants », assure en outre Cécile Grufat. L’Hexagone figure en effet en 12ème position du global innovation index 2020, grimpant de quatre places en un an. Il ne reste toutefois que le huitième pays européen, derrière notamment les deux autres pays européens comparables, le Royaume-Uni (4ème) et l'Allemagne (9ème). L’Italie quant à elle, figure 28ème, gagnant 2 places par rapport à l’année précédente de ce classement établi par la grande école de management Insead.
Côté italien, l’écosystème connaît également une forte croissance. Stefano Nigro, directeur du service Coordination à l’Attraction des Investissements Etrangers de l’Agence gouvernementale ICE (pour la promotion à l’étranger et l’internationalisation des entreprises italiennes), a illustré « l’attention majeure de la part du gouvernement et des secteurs privés en matière d’innovation avec un développement notamment des incubateurs, l’existence d’un ministère de l’Innovation, des incentive pour les start up qui investissent en Italie ». L’année dernière, le gouvernement italien a en outre créé un fonds national pour l’innovation d’1 milliard d’euro, géré par la caisse des Dépôts et des Prêts italienne, pour supporter l’innovation dans les prochaines années.
Un nouvel accélérateur ciblé franco-italien
BPI France, qui assure, entre autres, des services d’accompagnement aux entreprises et de soutien renforcé à l’innovation, à la croissance externe et à l’export, s’engage auprès des start up avec son « diagnostique croissance ». « Par ce biais, nous aidons les entrepreneurs dans leur plan de croissance mais aussi à trouver des fonds européens », détaille Simon Robert, en charge du programme d’accélération chez BPIfrance, en précisant que « nos entrepreneurs en France et en Italie, ne pensent pas assez à accéder à ces fonds ».
Dans le cadre de sa dimension international, BPI vient de développer un programme spécial franco-italien qui sera lancé en mars 2021 en partenariat avec la Cassa deposizione prestiti, côté italien. L’accélérateur transfrontalier, composé tant d’entreprises françaises qu’italiennes, prévoit un programme d’accompagnement complet et innovant de 18 mois, porté sur le développement des relations business transalpines. Au menu : « de la formation, du conseil et de la mise en réseau privilégiée en entrepreneurs français et italiens », ajoute Simon Robert, tout en invitant les start up matures à candidater.
En attendant, la Chambre de commerce France Italie a vu dans le succès de Le Bridge un message d’optimisme pour l’avenir, venant consolider son intention de réitérer l’expérience en 2021.