Invité par la Chambre de commerce France Italie dans le cadre de ses nombreux webinars développés au cours de ces derniers mois, l’Ambassadeur de France en Italie Christian Masset, s’est exprimé sur les opportunités à développer entre les deux pays pour le « monde d’après ».
Au lendemain de la venue du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian à Rome les 3 et 4 juin 2020 pour rencontrer son homologue italien, le jour de la réouverture des frontières italiennes - « un signal fort qui traduit la force des relations franco-italiennes », souligne l’Ambassadeur de France en Italie -, Christian Masset a été invité par la Chambre de commerce France Italie à partager un moment avec sa communauté d’affaire franco-italienne, en streaming.
« Cette crise inédite est un moment de vérité, un moment d’opportunités qui doivent se nourrir de ce sursaut pour trouver les moyens de surmonter cette crise », affirme avec confiance l’Ambassadeur.
Et dans cet enjeu crucial, l’Europe est essentielle soutient Christian Masset : « Aucun Etat ne peut s’en sortir seul », souligne-t-il. Malgré le manque de coordination au début de la crise (sur le plan de la fermeture des frontières, au niveau sanitaire avec les masques ou encore l’attente de réponses économiques), « le retard a été rattrapé », fait remarquer Christian Masset. Il cite notamment la coordination mise en place sur les frontières, celle sur la santé avec le lancement d’une alliance sur les vaccins, et encore le plan de relance de la commission européenne de 750 milliards d’euros, qui constitue un pas historique dans la construction européenne.
Armer l’Europe au monde d’après
Lors de leur rencontre à Rome, les ministres Jean-Yves Le Drian et Luigi Di Maio ont souligné l’importance de développer la souveraineté de l’Europe pour apporter une réponse européenne à la hauteur de la crise, mais aussi armer l’Europe au monde d’après. Car tout en pointant du doigt l’interdépendance des Etats européens, la crise a aussi souligné une dépendance vis-à-vis de l’extérieur. A l’image des masques, que l’Italie ne produisait pas, des respirateurs, ou encore des principes actifs des médicaments, dont 80% sont fabriqués en Inde ou en Chine. Pour Christian Masset, face à cette « vulnérabilité de l’Europe dans des sujets qui sont au cœur de la protection des citoyens, il faut penser à la souveraineté européenne et à l’autonomie stratégique dans un certain nombre de secteurs critiques ». Il faut ainsi s’attendre à un débat européen sur les stocks stratégiques, les relocalisations de chaines de valeurs, la diversification des approvisionnements. « Dans ce cadre, la France et l’Italie doivent continuer à travailler ensemble pour que l’Europe apporte les réponses nécessaires ».
Développer des partenariats entre la France et l’Italie
Les deux pays bénéficient en effet d’une relation solidifiée depuis le « sommet de la relance » organisé à Naples le 27 février dernier. Il s’agissait du premier sommet franco-italien depuis trois ans, après des années de relations et de confiance écornées entre les deux pays. L’Ambassadeur de France en Italie appelle à développer des partenariats entre les deux pays, au-delà des secteurs automobiles et de la défense, où ils existent déjà. Dans le domaine de la santé par exemple, afin de bâtir une Europe de la santé, comme le souhaite le président de la République française, les Italiens et les Français pourraient avoir un rôle à jouer.
La semaine dernière, dans l’idée de développer une alliance industrielle franco italienne dans le domaine de la pharmacie et du biomédical, Hubert de Ruty, président de Sanofi Italie et président du club français Italie qui regroupe 40 entreprises françaises présentes en Italie dans le domaine de la Santé, a présenté l’ensemble ce qui a été réalisé par ces entreprises françaises en Italie. De la même façon, les représentants italiens ont signalé les actions du Club Leonardo da Vinci pharma, qui regroupe plusieurs entreprises pharmaceutiques importantes italiennes, très bien implantées en France.
Dans d’autres domaines, deux institutions dans les deux pays - la caisse des dépôts et des prêts en Italie et la Banque publique d’investissements (Bpi) en France -, auront un rôle accru pour venir en aide aux entreprises afin de les soutenir à sortir de la crise. Or, le sommet de Naples de février avait déjà prévu que ces deux institutions travaillent ensemble afin d’évaluer les entreprises de leurs portefeuilles, pouvant faire des partenariats. « Pour ces deux entités, qui auront des responsabilités accrues, leur mission doit être montée encore d’un cran, considère Christian Masset. Elles doivent devenir une machine à fabriquer des partenariats franco-italiens ».
Convaincu que la saison qui commence va être « une saison favorable à la coopération franco-italienne en Europe », Christian Masset appelle le monde économique à être acteur de cette reprise. « Et là aussi, la Chambre de commerce France Italie aura un rôle important », conclu-t-il.
Enfin, alors que la culture a été très touchée par la crise, l’Ambassadeur demande aux entreprises d’apporter une importance toute particulière à la relance de nos relations culturelles entre la France et l’Italie afin de développer la double exposition à la culture française et italienne.