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Concessions balnéaires : nouvel avis de tempête entre l’Italie et Bruxelles

plages Amalfi en Italie(1)plages Amalfi en Italie(1)
@Sylvain Perona on Unsplash
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 28 février 2023, mis à jour le 28 février 2023

Le Parlement italien a approuvé le décret-loi prévoyant l’énième renvoi de la question de la libéralisation des concessions balnéaires italiennes à fin 2024. De quoi provoquer l’inquiétude de Bruxelles et la « réserve » du président de la République Sergio Mattarella.


La révolution sur les plages italiennes n’aura finalement pas lieu cette année. Le Parlement italien a en effet approuvé le décret-loi prévoyant l’énième renvoi de la question de la libéralisation des concessions balnéaires italiennes à fin 2024. De quoi provoquer l’inquiétude de Bruxelles. La porte-parole de la Commission européenne pour le marché intérieur Sonya Gospodinova a jugé le « développement assez inquiétant ». Le président de la République italien Sergio Mattarella ne se montre pas plus enthousiaste. Il a promulgué le décret-loi le 24 février dernier « avec réserve », accompagnant sa signature d’une lettre envoyée aux présidents de la Chambre des députés et du Sénat, ainsi qu’à la Première ministre Giorgia Meloni, afin de leur demander de corriger le décret Milleproroghe. Le décret-loi a aujourd’hui été promulgué et est donc entré en vigueur.


Une révolution avortée

Il y a un an pourtant, le gouvernement Draghi s’était attaqué à l’épineuse question de la gestion des plages privées, pour lequel l’Italie s’est de nombreuses fois fait taper sur les doigts par Bruxelles. Le précédent gouvernement italien avait en effet adopté un projet de réforme demandé par l’Union européenne afin de se conformer, enfin, à la directive Bolkestein de 2010 sur la libéralisation des services. Le premier ministre de l’époque, Mario Draghi, s’était engagé auprès de Bruxelles afin que les textes de loi soient publiés avant la fin de l’année 2023.

Le texte prévoyait un changement fondamental pour les 7.500 kilomètres de côtes italiennes, dont 42% sont occupées par des plages privées appelées « lidos » (ou lidi en italien). En Émilie-Romagne, en Campanie et en Ligurie, ce sont jusqu’à 70 % des plages qui sont occupées par les lidos, selon un rapport de l’association environnementale Legambiante.

Deux procédures d'infraction à l'encontre de l'Italie

L’objectif (qui ne plaît pas à tout le monde), vise donc à mettre fin aux concessions balnéaires existantes au 31 décembre 2023, afin de les soumettre de nouveau à la concurrence à travers des appels d’offres dès 2024.
Car pratiquement toutes payantes, les plages italiennes sont exploitées par des concessions accordées sans appel d’offres et renouvelées automatiquement. Ce mécanisme a donné lieu à la création de parcelles de côtes devenues des propriétés privées, détenues par les mêmes familles depuis des générations.

Comme le rappelle la porte-parole de la Commission européenne Sonya Gospodinova, « une procédure d’infraction à l’encontre de l’Italie a été ouverte en 2020 pour la non application des normes européennes sur la concurrence ». Il s’agit de la deuxième procédure d’infraction en la matière en 15 ans à l’égard de l’Italie.
Aujourd’hui, accéder aux bords de mer en Italie peut coûter la coquette somme de 75 euros par jour pour deux personnes. Un onéreux farniente.

MAR
Publié le 28 février 2023, mis à jour le 28 février 2023

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