Un extraordinaire aperçu de l’Italie, signé du photographe français Henri Cartier-Bresson, défini comme l’œil du siècle. Une exposition incontournable à voir à Turin jusqu’au 2 juin 2025.


Un voyage en images du Nord au Sud de l’Italie. C’est ce qu’offre l’exposition Henri Cartier-Bresson et l’Italie, visitable du 14 février au 2 juin au Centre Italien pour la Photographie – CAMERA, à Turin.
Réalisée en collaboration avec la Fondation Henri Cartier-Bresson de Paris, la rétrospective a été inaugurée ce jeudi en présence de la consule générale adjointe de France à Milan, Rachel Caruhel, du consul honoraire de France à Turin Emanuele Chieli (également président de CAMERA) et Florence Alibert, directrice de l’Institut français Italia.
Organisée par les curateurs Clément Chéroux et Walter Guadagnini, « Henri Cartier-Bresson, l’œil du siècle », est la première exposition à offrir un récit dédié au lien entre le photographe français et l’Italie, l’un des pays qu’il a le plus fréquenté et aimé.
La rétrospective s’articule chronologiquement, au rythme des voyages du photographe à travers le territoire, du Nord au Sud, de l’effervescence et la profondeur que le paysage de l’Italie, surtout humain, lui transmet, et de la richesse des témoignages apportés par les journaux, magazines et livres, en mesure de raconter les étapes du rapport du Maître avec l’Italie.
Les 160 clichés à admirer se rapportent aux quelques périodes centrales de la carrière du photojournaliste, à partir des années 1930.

L’Italie du nord au sud
Né en 1908 dans une famille aisée, après avoir étudié la peinture avec André Lhote, Henri Cartier-Bresson rejoint le cercle surréaliste parisien et visite l'Italie pour la première fois en 1932, à l'âge de 24 ans. Bien qu'il soit au début de sa carrière, Cartier-Bresson définit à cette époque certains thèmes qui caractériseront toute sa production, comme l'extraordinaire gestion de l'espace de l'image, le rapport entre la réalité et l'invention et la capacité à saisir l'instant. Une signature stylistique qui le rendra reconnaissable dans le monde entier.
Après avoir fondé avec Robert Capa, David « Chim » Seymour, George Rodger et William Vandivert l'agence Magnum Photos en 1947, le photographe retourne en Italie en 1951, dans un pays profondément changé, qui se relève de la tragédie de la Seconde Guerre mondiale et qui est en pleine reconstruction.
En tant que photojournaliste, il réalise alors des reportages pour diverses publications internationales, en se concentrant principalement sur Rome et le sud de l'Italie, deux lieux aux caractéristiques sociales et visuelles clairement reconnaissables. Ces clichés témoignent du malaise et de la criticité du contexte social méridional, mais aussi de l'extraordinaire richesse de ses traditions et des nouveautés introduites par la réforme agraire.
Un témoignage de l'évolution de l'Italie
En 1953, Henri Cartier-Bresson a entrepris un véritable Grand Tour entre les villes de Gênes, Vérone, Venise, Bologne, Florence ou encore Sienne. Ses photos sont publiées dans des revues illustrées telles que Life, Harper's Bazaar, Holiday et Vogue, qui transforment le Belpaese en un Eden hors du temps. Il continue à arpenter l'Italie jusque dans les années 1960, réalisant de nombreux reportages sur les villes de Rome, Naples et Venise, dans lesquels on peut apprécier sa capacité à interpréter la vie quotidienne des villes et de leurs habitants, mais aussi son talent de portraitiste comme ceux des intellectuels de l'époque, parmi lesquels Pier Paolo Pasolini, Luchino Visconti, Roberto Rossellini et Giorgio de Chirico.
Sa dernière période italienne remonte aux années 1970, peu avant qu'il ne se détourne de la photographie professionnelle. Durant ce voyage, l’artiste se concentre sur la relation entre l'homme et la machine et sur l'industrialisation du Sud en particulier, avec notamment ses reportages sur l'usine Olivetti de Pozzuoli et l'usine Alfa Romeo de Pomigliano d'Arco.
L'exposition se termine idéalement par un retour à Matera, pour raconter, dans les mêmes lieux photographiés vingt ans plus tôt, la nouvelle réalité qui avance vers la modernité, tout en restant attachée à l'incontournable identité locale. Un véritable témoignage de l'évolution d'un pays sous toutes ses facettes.
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