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Pierre Brochet: “Ma tâche est de porter leurs attentes et leurs espoirs au Sénat”

Services consulaires, fiscalité, sécurité, citoyenneté, tels ont été les thèmes abordés par Pierre Brochet, candidat du Rassemblement National pour les prochaines sénatoriales 2023. 

Interview de Pierre Brocher pour les SénatorialesInterview de Pierre Brocher pour les Sénatoriales
Écrit par Sophie Sager
Publié le 7 juin 2023, mis à jour le 25 août 2023

Pierre Brochet, avocat d'affaires et Français de l'étranger, a été investi par le Rassemblement National dans la lice aux sièges des sénateurs des Français de l’étranger. Les Sénatoriales 2023 remettent en jeu six des douze sièges des sénateurs établis hors de France. Présentation du candidat Pierre Brochet. 

 

Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines Sénatoriales ?

Personnellement, cela fait longtemps qu'une petite musique joue dans ma tête, sur le thème de « qu'est-ce que je ferais si c’était à moi de décider ? », « quel est l’intérêt de la France et des Français ? ». Je crois pouvoir dire qu’il ne se passe pas un jour sans que je me pose ces questions, en tout cas ces dernières années certainement, une coïncidence temporelle alors que je suis plus libre professionnellement et que notre pays et les Français font face à des problèmes sociaux et économiques de plus en plus aigus. Mon engagement politique dans les élections sénatoriales de septembre n’est que l’aboutissement de ces interrogations et je suis prêt à participer aux réponses. 

Je souhaite que ma candidature et celle de mes colistiers portent enfin la voix de celles et ceux qui rejettent le projet de société, le projet économique, même hélas le projet diplomatique qui sont menés par Emmanuel Macron et ses gouvernements. 

Politiquement, et en ce qui concerne précisément ces élections à venir, et en particulier les six sièges ouverts à la représentation des Français établis hors de France au Sénat, je dirais simplement qu’il est temps que ceux d’entre nous qui souhaitent une nouvelle politique, une véritable alternance, y aient droit à leur voix ; à la députation des Français établis hors de France également, le jour venu. Et même si le Sénat a vocation, constitutionnellement, à amortir les chocs politiques et tend donc à un certain statu quo, les courants politiques qui y sont représentés aujourd’hui n’ont pas pour autant un droit de primogéniture à siéger et occulter le réel débat national ; comme on a pu le constater à l’occasion du travail législatif sur la réforme des retraites, les sénateurs en place ont parlé fort mais la chambre haute s'est finalement inclinée. Je souhaite que ma candidature et celle de mes colistiers portent enfin la voix de celles et ceux qui rejettent le projet de société, le projet économique, même hélas le projet diplomatique qui sont menés par Emmanuel Macron et ses gouvernements. 

 

Sous quelle étiquette vous présentez-vous ?

J'ai été investi par le Rassemblement National et je mène une liste Rassemblement National. C’est le mouvement qui reflète le mieux les valeurs de liberté, de responsabilité individuelle et de communauté nationale qui me sont chères ; le respect de la condition humaine, le courage et la compassion aussi. Ce sont des idéaux qui ont façonné ma vie et qui m’animent dans tout ce que je fais. J’y ai également forgé de grandes amitiés qui ont été déterminantes dans mon engagement aujourd’hui. Le programme politique que je dévoilerai dans les semaines qui viennent est inspiré de part en part de ces idéaux, que je m’attache à transcrire concrètement dans des propositions qui répondent aux préoccupations des Français de l’étranger. Pour moi, c’est donc une question de philosophie politique et de vie. 

 

Mon projet n’est pas une lubie solitaire, ma tâche est de porter leurs attentes et leurs espoirs au Sénat.

Le Rassemblement National est aussi le mouvement qui est le plus à même d’apporter un vrai changement de politique – chaque année qui passe nous le montre, il est urgent de réengager la France sur une voie de réel progrès économique et social. Aujourd’hui, il est criant que les votes qui se sont portés sur les candidats du Rassemblement National aux élections présidentielles et législatives de 2022 n’ont pas de représentation effective au Sénat, ce qui est une anomalie de la représentation populaire que nous espérons pouvoir corriger. Je pense précisément à tous les conseillers des Français de l'étranger qui à travers le monde, parfois élus sous des listes indépendantes, rejettent en tout ou partie la politique de ceux qui se sont succédé au gouvernement de la France depuis une vingtaine d'années, et qui sont à l'écoute de nos idées. Il est important que ces Français-là, élus au suffrage direct par les Français établis hors de France puissent être entendus au Sénat. Comme vous le savez, cette élection concerne la moitié des douze sénateurs des Français établis hors de France, nous espérons pourvoir au moins un siège et plus dans trois ans. Mon projet n’est pas une lubie solitaire, ma tâche est de porter leurs attentes et leurs espoirs au Sénat.

 

Vous sentez-vous proche des Français vivant à l’étranger ?

Il y a autant de manières d'être un Français de l'étranger qu'il y a de Français de l'étranger.

Absolument : je suis moi-même un Français de l'étranger, depuis 1990, cela fera trente-trois ans presque jour pour jour au moment du scrutin du 24 septembre 2023. J’ai été tour à tour étudiant « Erasmus » puis étudiant local, stagiaire et avocat salarié d'un grand cabinet international, puis associé-salarié sous contrat local et depuis 8 ans j’exerce en profession libérale indépendante depuis Kuala Lumpur en Malaisie. J'ai été successivement affilié à une sécurité sociale européenne puis couvert par des assurances médicales privées et enfin affilié à la Caisse des Français de l'étranger. Célibataire, puis mariage à l'étranger puis naissance à l'étranger et enfin comme beaucoup de nos compatriotes pendant la période de pandémie, j’ai été confronté au décès de parents en France.  

Il y a autant de manières d'être un Français de l'étranger qu'il y a de Français de l'étranger, c'est certain, mais l'exposition que j'ai eue au fil des années, allant d'une expatriation de proximité dans les pays européens – Hongrie, Italie, Royaume-Uni – à une expatriation aux États-Unis et finalement aujourd'hui en Asie m’en a donné une vision très large. J’ai d'une part eu le loisir de rencontrer et d’écouter beaucoup de nos compatriotes de l'étranger, mais aussi bien entendu d’être confronté à de multiples situations locales, ce qui fait qu'aujourd'hui je crois pouvoir dire bien connaître les joies et les peines d'être établi hors de France… 

Ceux qui nous lisent savent parfaitement le cycle quasi-ininterrompu des démarches administratives imposées, autant françaises que locales. C'est certes un prix à payer et un choix personnel mais je dis volontiers que du côté français, la simplicité et l'efficacité de ces démarches et la compréhension des contraintes locales que nous avons sont essentielles mais ne sont pas toujours au rendez-vous. 

Où qu’ils vivent, où qu’ils étudient ou travaillent, où qu’ils jouissent de leur retraite, tous les Français ont le droit aux égards de la nation, sans discrimination.

Je me sens également très proche des conseillers des Français de l'étranger dont je connais un bon nombre à travers le monde, certains amicalement. Tous sont des élus de premier rang qui font un travail remarquable avec des moyens très limités, au vu de l’étendue de leurs circonscriptions en particulier. Il est évident que nous devons les aider dans leur mission : c’est d’ailleurs un leitmotiv omniprésent dans les bilans des sénateurs sortants (sic) mais les années passent et les mêmes problèmes demeurent… il est urgent de les régler. A l’Assemblée des Français de l’étranger qui s’est tenue en mars dernier, j’ai rencontré beaucoup de conseillers désabusés. 

 

Les Français expatriés peuvent se sentir, à tort ou à raison, parfois oubliés par l’Etat français. Quel est votre sentiment ?

Oubliés, je ne le crois pas et c'est certainement de moins en moins vrai. Rappelons qu'il y a sans doute entre 2,5 et 3 millions de Français établis hors de France et que leur nombre ne cesse d’augmenter. Cela inclut évidemment beaucoup de va-et-vient, certains rentrent, d’autres partent, il y a donc forcément de plus en plus de familles en France qui connaissent indirectement la vie à l’étranger et pèsent dans la nécessaire prise en compte de la situation particulière dans laquelle ils se trouvent – avec des parents hors de France. Et donc, l’Etat français ne peut pas l’ignorer. 

Mal compris ou incompris, oui, c’est certain… on a souvent du mal à imaginer ce que les autres vivent. Avec une pointe d'envie parfois, qui est liée aux mythes de la vie hors de France qui rimerait avec exil fiscal… si tous les Français établis hors de France vivaient dans des eldorados, ça se saurait ! Il n’en demeure pas moins que la tâche est immense pour assurer la cohésion et la continuité de la communauté nationale « au-delà des mers », c’est essentiel, dans le respect de la liberté qu’expriment (souvent ? toujours ?) celles et ceux qui partent vivre hors de France. Où qu’ils vivent, où qu’ils étudient ou travaillent, où qu’ils jouissent de leur retraite, tous les Français ont le droit aux égards de la nation, sans discrimination. C’est une question de principe et de moralité.  

 

Quels sont les principaux défis des Français de l’étranger ?

Les défis sont multiples et apparaissent de plus en plus complexes et de plus en plus pertinents puisqu’ils touchent un nombre grandissant de Français. Il y a d’une part les défis classiques tels que ceux qui s'attachent aux services consulaires, à la fiscalité (l’inégalité face à l’imposition à la CSG-CRDS dure toujours), à la citoyenneté et à la sécurité des Français, en particulier les plus isolés. En somme les fonctions régaliennes de l’Etat. Défis classiques mais non moins causes de beaucoup de gêne : traductions, attestations, certifications, actes notariés, droits de chancellerie, il y a pléthore. A ce sujet les fermetures de consulats aggravent les problèmes alors que la numérisation des services crée de nouvelles inégalités, c’est un vrai sujet d’inquiétude pour beaucoup de nos compatriotes. Même ceux qui résident dans l’Union européenne, l’Espace économique européen ou la Suisse le ressentent, c’est évident. A fortiori, nos compatriotes du bout du monde… 

Fort heureusement le tissu associatif des Français de l’étranger est là mais ces associations ont elles-mêmes besoin de notre aide. 

Il y a aussi des défis nouveaux et qui touchent de plus en plus de Français comme je le disais plus haut. Parce que les familles se dissolvent et se recomposent, couvrant de fait plusieurs pays ; parce que les carrières sont de plus en plus diverses avec tour-à-tour des contrats d’expatriation et des contrats locaux, des couvertures sociales aussi diverses qu’il y a de pays, des régimes de retraites qui ne s’alignent pas, bref une certaine précarité professionnelle, juridique et financière. L’Etat français doit y répondre, protéger tous ceux qui se retrouvent isolés ou vulnérables, les enfants, les femmes, les malades. En fait, quand on vit hors de France, tout va bien quand tout va bien… quand les difficultés surviennent, que ce soit la perte d’un emploi qui entraine la perte du visa, le divorce et le casse-tête de la garde des enfants, la maladie, etc. tout devient plus difficile, critique parfois et presque toujours très coûteux. La solidarité nationale est d’autant plus nécessaire. Fort heureusement le tissu associatif des Français de l’étranger est là mais ces associations ont elles-mêmes besoin de notre aide. 

J’ai des propositions à faire dans ce sens, afin que les Français de l’étranger puissent se financer et garantir leur financement hors de France.

Un mot sur un sujet qui me tient à cœur, il s’agit de l’accès des Français de l’étranger aux moyens financiers dont ils ont besoin que ce soit pour louer ou acheter une habitation ou pour développer leurs activités économiques : beaucoup d’entre eux sont désormais des entrepreneurs, seuls ou à charge d’emplois. Le problème peut se résumer ainsi : « ni français aux yeux de la France, ni locaux aux yeux de leur pays de résidence » et il en découle l’impossibilité pratique d’apporter des garanties et de recourir à des financements bancaires. Vu de France, il est assez facile d'accompagner les grandes entreprises multinationales françaises et de soutenir le commerce extérieur avec de grands contrats, et c’est nécessaire, mais il est tout autant nécessaire de se pencher sur les besoins de développement des Français de l’étranger. J’ai des propositions à faire dans ce sens, afin que les Français de l’étranger puissent se financer et garantir leur financement hors de France. J’ajoute qu’il faut leur garantir l’accès au système bancaire en France ; ça parait assez incroyable mais vous savez que beaucoup de leurs comptes en France ont été fermés d’office, du jamais vu !

Equité entre eux, équité avec les Français de France. C’est le minimum, mais ce n’est ni garanti ni pérenne, il faut donc toujours y travailler. 

Le panorama ne serait pas complet sans parler de l’éducation : à de rares exceptions, les Français de l’étranger vivent non seulement les problèmes que supportent les Français de France (baisse du niveau scolaire et dérives éthiques en tout genre) mais avec les coûts exorbitants des écoles en plus. Là, il faut réagir sans attendre, aider mieux un plus grand nombre des Français de l’étranger en particulier dans le contexte inflationniste global qui, là encore, affecte les familles les plus modestes. En ce qui concerne l’Education nationale en général, seul le Rassemblement national est à même de reprendre la main sur des décennies de déclin – dont le monde entier est le témoin : dégringolade dans les classements mondiaux, ça augure mal de notre capacité d’influence et de rayonnement. Force est de constater que nous sommes désormais en position de sous-développement éducatif. Regardons vers ceux qui sont aux premières places et rejetons les méthodes et les idéologies au pouvoir. Elles ont échoué, reprenons le travail. 

 

Comment voyez-vous le rôle de sénateur ?

Elu sénateur des Français de l’étranger, je m’engagerai à défendre les intérêts de tous les Français de l’étranger, comme l’exige la Constitution de la France et comme je le conçois naturellement. Equité entre eux, équité avec les Français de France. C’est le minimum, mais ce n’est ni garanti ni pérenne, il faut donc toujours y travailler. 

Je m’engagerai aussi résolument à la défense et à la reconstruction de notre nation conformément au programme de gouvernement du Rassemblement National, ainsi qu’à l’œuvre de la question existentielle de la France dans le monde : les sénateurs des Français de l’étranger ont l’unique opportunité d’y participer, aux côtés des ambassadeurs en poste et des millions d’« ambassadeurs » que nous sommes, nous Français de l’étranger. Incroyable chance et incroyable gageure que d’être toujours, un peu, les représentants de la France.

Je le dis, on ne peut pas progresser, régler les désordres et affronter les défis, sans le concours des Français de l’étranger et sans en appeler et se rallier au destin de la France.

Je serai inlassable à porter les valeurs qui vivent dans le cœur de nos compatriotes : valeurs de mérite et de bravoure, d'élégance intellectuelle et morale, d'amour de la France et des accomplissements des Français à travers les âges, d’innovation technique et scientifique, d'ouverture au monde et de soif de découverte, de la dignité de l’homme et de son inaliénabilité, bref une certaine idée de la vie et une certaine idée de la France. 

Il faut se donner les moyens de le faire ensemble, avec cohésion et en bonne entente. Je le dis, on ne peut pas progresser, régler les désordres et affronter les défis, sans le concours des Français de l’étranger et sans en appeler et se rallier au destin de la France. Il est donc temps que la voix de tous les nationaux français se porte au Sénat. Je sais que nombreux sont les conseillers des Français de l’étranger à désirer que les choses changent enfin pour le meilleur. Beaucoup de leurs électeurs le leur demandent. Vous connaîtrez bientôt les noms de mes colistiers et notre programme politique. Merci de m’avoir permis de me présenter à vous.

 

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