Union des droites, travail de terrain, expérience d’élu local, tels ont été les thèmes abordés par Marc Guyon, candidat sans étiquette pour les prochaines sénatoriales 2023.
Dans le cadre des sénatoriales 2023, lepetitjournal.com a interviewé tous les candidats. Marc Guyon, Conseiller des Français de l'étranger pour Hong Kong et Macao, se présente sans étiquette mais comme le candidat de “l'Union des droites, des patriotes, et des indépendants”. Les Sénatoriales 2023 remettent en jeu six des douze sièges des sénateurs établis hors de France.
Pourquoi souhaitez-vous vous présenter aux prochaines Sénatoriales ?
Tout d’abord, comme la plupart des autres candidats, c’est la suite logique de mon engagement politique. En tant qu’élu conseiller des Français de l’étranger pour Hong Kong et Macao, il est tout à fait normal que je sois candidat à toutes les échéances pour mener le combat que beaucoup attendent de moi. J’ai été candidat aux législatives en 2022 pour la 11e circonscription des Français de l’étranger (Asie, Océanie, Europe orientale), j’ai fait l’un des meilleurs scores des candidats de droite pour les Français de l’étranger ; ma candidature est tout à fait logique et naturelle pour représenter une nouvelle droite au Sénat en 2023.
Je m’engage donc dans ce combat pour représenter une partie non négligeable des FDE : ceux qui sont pour l’union des droites.
Mais je ne suis pas là pour simplement raconter mon parcours et pourquoi je souhaite me présenter à ces élections. Ce sont surtout nos compatriotes qui souhaitent que je représente cette nouvelle offre politique. On m’y a en quelque sorte poussé, et j’ai le devoir de m’engager dans ce combat car beaucoup comptent sur moi pour le mener. C’est un devoir pour les représenter. N’oublions pas qu’historiquement, la chambre haute est celle dans laquelle les Français de l’étranger sont représentés ; c’était la seule jusqu’en 2012 lorsque nous avons commencé à avoir des députés des FDE. Curieusement, nous avons plus de sénateurs FDE (12) que de députés FDE (11) alors qu’il y a au total moins de sénateurs que de députés. Sur les nombreux sénateurs FDE, il faudrait une diversité de la représentativité, qui soit la plus juste possible.
Je m’engage donc dans ce combat pour représenter une partie non négligeable des FDE : ceux qui sont pour l’union des droites. Je suis en lice car aucun autre candidat n’a osé se prononcer dans ce sens. Cela fait des mois, depuis la campagne présidentielle, que j’appelle « les droites » à travailler ensemble. Ceux qui veulent une union à droite sont beaucoup plus nombreux que 8% (un sénateur sur les 12) des FDE, il est donc anormal qu’aucun sénateur ne les représente. Les élus qui sont pour cette union ont donc la responsabilité morale de voter par convictions pour avoir au moins un sénateur sur les douze pour les représenter. Récemment, un groupe d’élus de gauche a partagé une tribune appelant à faire l’union des gauches. Je sais que beaucoup veulent la même chose à droite, souvent sans souhaiter l’afficher publiquement pour des raisons compréhensibles. Cependant, dans le secret de l’isoloir, je compte sur l’expression de leurs sincères convictions. Je suis celui qui se mouillera et parlera en leur nom, et dira ce qu’ils ne peuvent pas se permettre de dire publiquement.
La droite a besoin d’une nouvelle génération de sénateurs qui puissent faire bouger les choses, chez les Français de l’étranger tout comme au niveau national.
Car là est bien le problème. Les élections sénatoriales sont réputées pour être des élections de notables, qui relèvent plus du copinage que des convictions. On me dit que rien n’a changé. Je pense au contraire que tout est en train de changer. Beaucoup se reconnaissent dans cette approche de convictions et de nécessité d’un réel changement du paysage politique des FDE, et avec des élus LR, Reconquête, RN, et indépendants, nous avions travaillé sur une liste d’union, sans étiquette. Finalement, ce projet n’a pas abouti. Je suis désormais, en tout cas à l’heure où j’écris ces lignes, le seul candidat à proposer clairement une union des droites, des patriotes, et des indépendants. Je sais que d’autres candidats sont plutôt favorables à cela, mais n’osent pas se positionner dans ce sens publiquement, de peur de froisser certains et perdre des voix. A l’inverse, mes convictions me guident.
Enfin, je suis le candidat du renouveau de la droite. De tous les sénateurs apparentés « de droite », beaucoup font un excellent travail de terrain mais restent inaudibles sur le plan politique et surtout au niveau national. Sur les 12 sénateurs des Français de l’étranger, j’estime qu’un seul a une envergure nationale : une sénatrice écologiste élue en 2021. Je suis en totale opposition avec son idéologie, mais j’observe qu’elle représente bien le renouveau à gauche, et donc tout simplement le renouveau en politique chez les FDE. De la même manière, il est temps de renverser la table et secouer le cocotier ; la droite a besoin d’une nouvelle génération de sénateurs qui puissent faire bouger les choses, chez les Français de l’étranger tout comme au niveau national.
Sous quelle étiquette vous présentez-vous ?
Sans étiquette. Une description qui pourrait correspondre serait « l’union des droites, des patriotes, et des indépendants ».
J’ai été élu en menant une liste sans étiquette en 2021, la seule liste indépendante à Hong Kong et Macao. Je suis la même logique en 2023, à une différence près que cette fois je mène une liste indépendante mais clairement de droite et patriote, et non pas une liste « apolitique » car l’apolitisme n’existe pas au Sénat.
Vous sentez-vous proche des Français vivant à l’étranger ?
Evidemment, en tant que Français de l’étranger moi-même, ce qui me semble logique pour un candidat aux sénatoriales FDE.
Tous ces déplacements me font rencontrer beaucoup de Français de l’étranger qui partagent leur expérience avec moi ; me confient les raisons de leur expatriation, leurs craintes, et leur vision de la France depuis l’étranger.
J’ai été Français à l’étranger depuis ma vie étudiante, avec deux échanges universitaires, l’un à la University of Wesminster à Londres, et un autre à la European Business School à Oestrich-Winkel, en Allemagne. Puis j’ai effectué un stage à Londres, et un VIE de deux ans à Birmingham, au Royaume-Uni. Après mon VIE, je suis allé m’installer à Hong Kong, où je vis depuis 11 ans. Depuis 2022, je voyage également beaucoup à travers le monde, dans un premier temps dans le cadre de ma campagne législative, puis dans le reste du monde pour des raisons professionnelles.
En 2022, j’ai créé le CFI, Club France International, qui m’occupe désormais à temps plein. L’objectif de ce réseau privé est d’agir en complémentarité avec tout ce qui existe déjà actuellement, avec une dimension business mais aussi culturelle et de convivialité. Tous ces déplacements me font rencontrer beaucoup de Français de l’étranger qui partagent leur expérience avec moi ; me confient les raisons de leur expatriation, leurs craintes, et leur vision de la France depuis l’étranger.
D’autre part, mon expérience au niveau associatif en tant que président de l’UFE Hong Kong pendant 6 ans et membre du Conseil d’Administration de l’UFE Monde m’ont fait rencontrer beaucoup de Français et de représentants de la communauté française à l’étranger.
Je pense que les élus doivent certes avoir de bonnes idées, mais ils doivent aussi connaître le terrain.
Je participe également régulièrement à différents événements associatifs et business partout dans le monde, UFE mais aussi les Accueils et autres associations locales, French Tech, divers cercles d’entrepreneurs, etc… Je pense que les élus doivent certes avoir de bonnes idées, mais ils doivent aussi connaître le terrain.
Or, je trouve que peu de candidats ont cette double compétence. Certains ont de bonnes idées mais ne sont pas proches des Français de l’étranger et encore moins des élus ; ils ne font que découvrir cette élection cette année. D’autres sont très proches de nos compatriotes et font un excellent travail de terrain, mais n’ont pas vraiment d’idées politiques à défendre clairement et publiquement.
En réalité, pour être proche des Français de l’étranger, il faut une proximité de terrain, mais aussi une proximité idéologique. Dans le cas des expatriés, il faut comprendre pourquoi ils sont partis, et quelles raisons politiques pourraient avoir provoqué cela, consciemment ou non. Je rencontre souvent des Français pour la première fois mais avec qui je me sens proche dès les premières minutes, et la raison est simple : nous partageons les mêmes valeurs et constats sur de nombreux sujets. Nous sommes déjà proches alors que nous venons de nous rencontrer.
Les Français expatriés peuvent se sentir, à tort ou à raison, parfois oubliés par l’Etat français. Quel est votre sentiment ?
C’est vrai, les Français expatriés sont souvent oubliés dans beaucoup de domaines, de la part du gouvernement mais aussi tout simplement de la population générale. Prenez un Français au hasard dans la rue en France, demandez-lui s’il est au courant qu’il existe des sénateurs représentant les Français de l’étranger ; combien sont au courant ? Certains vont même plus loin, en disant que les FDE ne devraient même pas avoir le droit de voter car ne résident pas en France. Nous sommes souvent incompris, parfois même détestés, comme si nous étions tous des évadés fiscaux, ou des traîtres à la patrie.
Je pense qu’il y a un véritable travail de communication à faire, auprès des instances politiques, mais aussi de la population française de manière générale. Ce travail de communication, malgré toutes les qualités des sénateurs sortants, n’a pas été suffisamment effectué jusqu’à présent. Je fais partie d’une nouvelle génération d’élus qui ont de nouvelles méthodes de communication. Je serai ce renouveau dont les FDE ont besoin pour être mieux compris.
En conséquence, le travail des grands partis est inefficace et contribue au fait que l’Etat français nous oublie.
De mémoire, les LR avaient mené une campagne sur le thème « Français de l’étranger, Français à part entière ». C’était une excellente initiative, car effectivement les Français de l’étranger sont souvent oubliés par l’Etat dans beaucoup de domaines, alors qu’ils sont les premiers ambassadeurs de la France dans le monde en contribuant à son rayonnement. Or, le gouvernement ne se soucie pas toujours des FDE ; il s’occupe beaucoup plus des étrangers en France que des Français à l’étranger, le tout bien sûr avec l’argent des Français.
Cependant, même si les « grands » partis nationaux font ce qu’ils peuvent pour s’adresser aux problématiques des Français de l’étranger, en réalité peu de cadres dans leurs bureaux parisiens se soucient suffisamment de nous. Je ne dis pas qu’ils ne s’en soucient pas, je dis qu’ils n’ont pas la disponibilité pour bien le faire ; ils ont déjà trop à gérer au niveau national et n’ont pas le temps de regarder précisément ce qu’il se passe dans leurs fédérations FDE. A cette problématique s'ajoutent les conflits d’intérêts. Par exemple, les FDE qui vivent en dehors de l’UE paient toujours cette fameuse CSG-CRDS que même les députés FDE macronistes veulent supprimer ; cependant ils sont obligés de voter contre les intérêts de leurs propres électeurs FDE et de suivre une « discipline de parti » dictée depuis un bureau parisien.
En conséquence, le travail des grands partis est inefficace et contribue au fait que l’Etat français nous oublie.
Ainsi fut créée l’ASFE, que je trouve être une excellente initiative. Je pense effectivement que les Français de l’étranger ont besoin de partis qui soient consacrés à leurs problématiques. Il faut des élus FDE indépendants capables de travailler avec les grands partis, sans pour autant y être soumis.
Un sénateur doit certes être sur le terrain, mais il doit surtout faire de la politique et voter les lois.
L’ASFE a cependant ses limites. Bien que siégeant avec les LR, cette organisation se présente comme « apolitique » et traite effectivement surtout du terrain. C’est ainsi qu’elle arrive à avoir quelques grands électeurs de gauche, qui votent pour des sénateurs qui siègent avec les LR. En tout cas, l’ASFE dans son ensemble effectue un travail de terrain remarquable, avec une bonne newsletter et un site Internet bourré d’informations utiles.
Il faut quand même du changement. Je pense que le travail « apolitique » doit être laissé aux associations et aux organisations apolitiques, et non pas aux partis politiques. Les parlementaires doivent soutenir l’action associative, et non pas s’y substituer. Un sénateur n’est pas une assistante sociale. Soit on fait de la politique, soit on fait du terrain. Un sénateur doit certes être sur le terrain, mais il doit surtout faire de la politique et voter les lois.
J’ai été moi-même dans cette confusion entre la vie associative et la vie politique ; et c’est justement fort de cette expérience que je vois désormais clairement ce qui manque chez les Français de l’étranger.
Pour que nous ne soyons plus oubliés par l’Etat français, nous devons avoir nos propres groupes et partis politiques des Français de l’étranger. Ainsi, sur un modèle similaire à l’ASFE, il faut des partis politiques, de gauche et de droite, qui se consacrent exclusivement aux Français de l’étranger, tout en effectuant un travail national car ils sont avant tout des élus de la nation entière.
Ensemble, nous serons ceux qui feront que les FDE ne soient plus des oubliés du système.
Mon sentiment est que de nouveaux partis politiques dédiés aux Français de l’étranger verront le jour très prochainement, dans la perspective des élections des conseillers des Français de l’étranger et délégués consulaires en mai 2026… et bien entendu des sénatoriales de septembre 2026.
Ces sénatoriales de septembre 2023… ont un avant-goût de première étape avant une refondation complète du paysage politique des Français de l’étranger. Il faut donc ne pas hésiter à s’engager maintenant, car 2026 se prépare aujourd’hui.
Je sais que beaucoup ont compris cela et ont cette vision à long terme, je les invite à me contacter et à rejoindre mon combat dès aujourd’hui, qu’ils soient actuellement élus, ou qu’ils envisagent de se présenter en 2026. Ensemble, nous serons ceux qui feront que les FDE ne soient plus des oubliés du système. L’avenir, ce n’est pas seulement ce qui va se passer, c’est ce que nous allons faire ensemble.
Quels sont les principaux défis des Français de l’étranger ?
Je vois les défis de trois ordres :
1) Les « petites choses » :
Les sujets sont nombreux et les élus des Français de l’étranger les connaissent bien : éducation, santé, retraites, visas, entrepreneuriat, culture, politique etc… on pourrait en écrire des pages.
Sur ces sujets, tout le monde travaille généralement bien ensemble, que l’on soit de gauche ou de droite.
Ces « choses » ne sont pas petites car peu importantes, elles sont petites car elles n’ont pas d’enjeu véritablement politique. Elles devraient avant tout être le travail de l’administration et des associations.
Je pense qu’il faut dire clairement ce qui distingue chaque candidature ; car avouons-le, la plupart des élus FDE s’engagent dans les mêmes combats sur les sujets de terrain. Nous voulons tous de meilleurs moyens pour l’AEFE, de meilleurs services consulaires, etc…
Les Français de l’étranger se désintéressent souvent de la politique.
Ainsi, les élus de gauche comme de droite, sans oublier les nombreux indépendants, savent travailler tous ensemble dans la même direction. Même les élus de gauche, qui normalement sont ceux qui veulent augmenter les taxes et impôts tous azimuts, sont pour supprimer la CSG-CRDS.
Je souhaite donc ne pas faire comme tout le monde, je souhaite parler des autres défis.
2) Le défi politique :
Les Français de l’étranger se désintéressent souvent de la politique. Or, les Français sont par nature très politiques, philosophes ; ils aiment critiquer, débattre, avoir un avis sur tout.
Il y a cependant une déconnexion entre la politique et les élus, et par conséquent entre la politique et les FDE.
A l’inverse, nous travaillerons avec tous les parlementaires et tous les élus, et serons le lien privilégié entre les élus de droite et le Sénat.
Beaucoup de nos compatriotes ne se retrouvent pas dans l’offre actuelle au niveau des parlementaires FDE, c’est pourquoi aussi beaucoup d’élus locaux sont indépendants et pourquoi moi-même j’ai présenté une liste indépendante aux élections des conseillers FDE en 2021. Cependant, cela peut changer car la situation de la France nécessite du changement.
Il manque une voix à droite chez les Français de l’étranger qui parle de l’union des droites, des problématiques nationales (insécurité, immigration, l’image de la France dans le monde, son déclin économique…).
Notre liste sera la seule qui parle de tous ces sujets. Aujourd’hui, beaucoup de sénateurs travaillent exclusivement avec leur groupe de soutien parmi les élus FDE. Nous serons différents. A l’inverse, nous travaillerons avec tous les parlementaires et tous les élus, et serons le lien privilégié entre les élus de droite et le Sénat.
3) Le défi de la représentation :
Je ne parle pas d’un simple changement de statut essentiellement symbolique, je parle d’une profonde réforme économique.
15% de participation pour les élections des conseillers des FDE, 30% pour les législatives, cela ne peut plus durer. Il faut créer un véritable lien entre les élus et nos compatriotes, et « professionnaliser » le rôle des élus ; leur donner de véritables moyens.
Les conditions de travail des élus FDE ne sont pas à la hauteur des enjeux, et certainement pas au même niveau que les élus en France. Je ne parle pas d’un simple changement de statut essentiellement symbolique, je parle d’une profonde réforme économique.
Il faut reformer tout le système pour améliorer la représentation des Français de l’étranger.
La plupart des élus se consacrent quasiment à temps plein, ou sacrifient beaucoup de leur travail afin de consacrer du temps à leur mandat. Ils ne sont pas ou peu remboursés pour la plupart de leurs déplacements, et encore moins pour le manque à gagner quand ils sont obligés de prendre des congés pour aller à des réunions ou à la semaine de l’AFE à Paris.
Cela pose un problème soit d’indépendance, soit de représentativité. Indépendance car les élus peuvent être dépendants de leur activité professionnelle ou d’un soutien financier. Représentativité car les élus qui peuvent se consacrer à temps plein ou quasiment à temps plein à leur mandat sont ceux qui correspondent à certains profils, et donc pas représentatifs de la population dans son ensemble.
Il faut reformer tout le système pour améliorer la représentation des Français de l’étranger. Il faut au moins doubler les indemnités des élus, ou les aligner sur le salaire le plus bas des équipes du consulat. Il faut leur affecter des bureaux spécifiques dans les consulats ou autres locaux de l’administration française, afin de pouvoir y tenir leurs permanences « officielles » et recevoir nos compatriotes. Le but n’est pas ici de proposer une réforme complète en quelques lignes, mais je propose la mise en place d’un groupe de travail pour réformer profondément tout le système, et bien sûr étudier la faisabilité et le financement d’une telle réforme.
Les élus FDE veulent bien agir bénévolement pour la communauté dans certains domaines, mais ils ne sont pas là pour effectuer gratuitement le travail que d’autres sont payés pour faire.
Encore une fois, il y a beaucoup d’argent français gaspillé pour des étrangers en France ou même en Europe, mais insuffisamment dédiés aux élus FDE qui servent la patrie quasiment bénévolement et font souvent ce que des agents de l’administration française devraient faire. Cela ne peut plus durer. Les élus FDE veulent bien agir bénévolement pour la communauté dans certains domaines, mais ils ne sont pas là pour effectuer gratuitement le travail que d’autres sont payés pour faire.
Comment voyez-vous le rôle de sénateur ?
Tout d’abord, le sénateur représente la nation entière, mais représente aussi et avant tout les Français de l’étranger. J’estime donc qu’on ne peut pas être un candidat légitime à cette élection lorsqu’on n’a pas été soi-même Français de l’étranger pendant une durée suffisante pour avoir vécu les problématiques des FDE, et pas seulement en avoir entendu parler théoriquement. Certes, certaines personnes travaillent sur les sujets des FDE et connaissent bien les dossiers tout en travaillant depuis la France, mais au-delà des compétences il faut aussi du vécu.
Un sénateur des FDE doit aussi être un lien entre les élus locaux et le parlement ; or il est important d’avoir été soi-même un élu local afin de bien comprendre comment être un lien entre ce rôle local et un rôle national tel que celui de sénateur.
Être soi-même FDE est donc une première forme de légitimité. Ensuite, je pense qu’il faut aussi être un élu des FDE. Je ne trouve pas légitime d’être candidat à cette élection lorsqu’on n’a pas été soi-même un élu, et qu’on découvre le monde des élections FDE et le fonctionnement d’un conseil consulaire avec cette campagne sénatoriale. Un sénateur des FDE doit aussi être un lien entre les élus locaux et le parlement ; or il est important d’avoir été soi-même un élu local afin de bien comprendre comment être un lien entre ce rôle local et un rôle national tel que celui de sénateur.
Ensuite, concrètement, le rôle de sénateur des FDE doit être à la fois le travail de terrain et le travail politique. Être sur le terrain pour comprendre les problématiques des FDE en rencontrant et en écoutant les élus, les ambassades, consulats, lycées français, Alliances Françaises, Instituts Français, associations, chambres de commerce, cercles d’entrepreneurs, etc… tout cela est indispensable. En 11 ans d’expatriation à Hong Kong, nombreux sont les sénateurs que je n’ai jamais vu venir nous rencontrer.
A l’inverse, je suis un homme de débats et d’échanges.
Il ne faut cependant pas faire que ça et tomber dans le piège de ce que j’appelle le « sénateur touriste ». Il voyage au frais du contribuable, il fait le tour du monde, il va visiter les élus, consulats, écoles etc, il fait des cocktails, prend des photos, et fait un compte rendu de son « déplacement ». Et il reproduit l’exercice de ville en ville dans le monde, sans jamais vraiment apporter quelque chose de concret, si ce n’est de la convivialité, car c’est toujours sympa d’avoir un sénateur de passage. Certains sont encore pire et entrent dans des dérives ; ils sont tentés de voyager et rencontrer uniquement les zones dans lesquelles ils ont leurs soutiens, ou travaillent pour avoir des soutiens. On entre dans un cercle vicieux de clientélisme et de campagne permanente durant tout le mandat de sénateur, le tout aux frais du contribuable.
A l’inverse, je suis un homme de débats et d’échanges. J’aime le débat et le combat politique. J’irai partout, y compris dans les territoires « les plus à gauche », à la rencontre de tous les élus de tous bords, dans un respect républicain. D’ailleurs, je sais que beaucoup d’élus et compatriotes de gauche ne se reconnaissent plus dans l’offre de gauche actuelle, beaucoup trop « wokiste ». Il en est de même pour les centristes, ou plutôt ce que j’appelle « l’extrême-centre » car certains sont vraiment extrêmement wokes. En réalité, à gauche et au centre, je sais qu’il y a des patriotes. J’irai avec plaisir à la rencontre de tout le monde afin de parler de nos points de convergence et de nos désaccords, car il n’y a rien de plus ennuyant que de faire de l’entre-soi et de ne parler qu’avec ceux qui sont toujours d’accord avec nous.
Au sujet du concret et des résultats, je comprends bien que les pouvoirs d’un seul sénateur sont limités, et d’ailleurs que les pouvoirs du Sénat, l’institution elle-même, sont limités. Mais il faut bien un rôle politique, car les petits combats sont souvent les plus importants, et tout simplement car c’est la mission principale d’un sénateur : voter les lois. Avec une bonne communication, les actions d’un seul sénateur FDE peuvent influencer considérablement la politique nationale.
Encore une fois, je trouve que peu de sénateurs actuels remplissent un rôle politique. Beaucoup font un excellent travail de terrain, mais à vrai dire je ne vois pas la différence entre la gauche et la droite. Il manque un sénateur à droite qui puisse faire bouger les choses, avoir une approche « disruptive » par rapport à l’offre actuelle. Je ne veux pas seulement des sénateurs qui soient politiquement corrects, soumis à l’administration et à la diplomatie, et qui ne font qu’entretenir un système vicieux qui n’est rien de plus qu’un cercle mondain et une bande de copains. Je veux une nouvelle génération de sénateurs qui inspire les prochaines générations, qui parle de patriotisme et de la France qui continue à rayonner dans le monde entier.
Osez penser à la France avant tout, car la France est plus importante que nos relations personnelles avec les uns et les autres.
J’invite donc tous les élus à franchir le cap et ne pas craindre de prendre un risque, celui de soutenir l’union des droites. Osez penser à la France avant tout, car la France est plus importante que nos relations personnelles avec les uns et les autres. Mettons nos convictions avant tout ; nous perdrons quelques amis mais nous en gagnerons beaucoup d’autres. Soyez parmi mes amis.
Pour finir, permettez-moi de citer Nicolas Sarkozy : « Il n'est pas de pire risque pour la France, aujourd'hui, que celui qui consisterait à ne pas en prendre. »
Le 24 septembre 2023, le Sénat renouvelle la moitié de ses sénateurs et sénatrices. Pour l'occasion, lepetitjournal.com va à la rencontre de tous les candidats.
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