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Hélène Conway-Mouret:  "Je continuerai à me battre pour répondre aux défis colossaux"

Engagement auprès des Français de l’étranger, accès aux services publics, valorisation de la mobilité internationale, tels sont les thèmes abordés par Hélène Conway-Mouret, candidate socialiste à sa réélection aux sénatoriales 2023.

Helene conway mouret candidate aux sénatoriales 2023Helene conway mouret candidate aux sénatoriales 2023
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 21 août 2023, mis à jour le 25 août 2023

Ce mandat a été particulier puisqu'il a été à la fois marqué par mon accession à la vice-présidence du Sénat et par la pandémie qui ne m'ont pas permis d'aller en circonscription autant que je l'aurais souhaité

 

Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on retienne de votre mandat ?

Tout d’abord, je souhaiterais que l'on retienne mon engagement sans faille au service de nos compatriotes en France comme à l’étranger. J'ai exercé mon mandat législatif pleinement et les chiffres en attestent puisque depuis 2017 j’ai défendu plusieurs milliers d'amendements, d'interventions en séance et en commissions. J'ai également co-signé 85 propositions de loi et proposé 3 propositions de loi sur des sujets majeurs : l'insertion des jeunes dans la fonction publique et dans les entreprises, la médiation en cas de divorce et, très récemment, l’instauration d’un congé menstruel et d’un congé pour grossesse arrêtée. Grâce à l'ensemble des outils à notre disposition, j’ai ainsi tenté d’insérer dans la loi des mesures améliorant la  justice sociale et fiscale, favorisant la défense de la lutte contre le changement climatique et promouvant  les droits des femmes et des minorités ainsi que l’accès aux services publics, à l’éducation, au logement et à la santé pour toutes et tous.

À ce travail législatif dont je suis fière et que j'ai porté sans relâche depuis 2017, s'est ajoutée une attention particulière aux problèmes rencontrés par nos concitoyennes et concitoyens à l'étranger. J'ai tenté de répondre le plus efficacement possible aux sollicitation de la communauté française, en venant à leur rencontre, en relayant leurs demandes. J’ai posé au gouvernement plusieurs dizaines de questions orales et questions écrites, envoyé des centaines de courriers et courriels aux administrations en m’appuyant sur mon expérience ministérielle pour identifier les meilleurs relais. J'ai aussi participé à de très nombreuses réunions afin de faire avancer les problématiques identifiées lors de mes missions sur le terrain. 

Chaque mois, ma lettre d’information a repris, pour les apporter à toutes et tous, les réponses aux questions posées et informer nos communautés sur le travail parlementaire. 

Je voudrais enfin que l’on retienne ma fidélité à mes convictions au service de la paix, de la fraternité, de l’humanisme, du féminisme et, d’une façon plus générale, pour la défense de toutes celles et tous ceux qui souffrent de discriminations et d’injustice sociale, fidélité qui est restée intacte au fil des ans.

J'aimerais ajouter que ce mandat a été particulier puisqu'il a été à la fois marqué par mon accession à la vice-présidence du Sénat et par la pandémie qui ne m'ont pas permis d'aller en circonscription autant que je l'aurais souhaité. Pour cette période, j'ai remplacé le contact de terrain dans lequel je puise tout ce dont j'ai besoin pour exercer au mieux mon mandat, par le travail à distance qui m’a permis finalement de garder le contact avec tout le monde. J’ai été par exemple très engagée auprès de nos compatriotes pour qu’ils puissent rentrer en France avec notamment le collectif "loveisnotourism", engagée également pour que celles et ceux restés à l’étranger puissent bénéficier de la solidarité nationale et pour les étudiants étrangers qui se sont retrouvés bloqués dans leur pays d’origine alors qu’une place leur avait été réservée dans une université française.

 

Je suis prête à relever les défis auxquels nous sommes confrontés en matière d’éducation et de recherche scientifique, de justice sociale et fiscale et proposer des solutions collectives

 

Pourquoi souhaitez-vous vous représenter aux prochaines  élections? 

Je me présente d'abord parce que je souhaite mettre mon expérience au service de celles et ceux que je représente dans un contexte particulièrement éprouvant pour les populations affectées par le réchauffement climatique et les déplacements de populations qu'il provoque, la guerre et les tensions sur plusieurs continents, la montée de l’extrémisme et l’instabilité économique, sécuritaire et politique dans de nombreux pays. Je suis prête à relever les défis auxquels nous sommes confrontés en matière d’éducation et de recherche scientifique, de justice sociale et fiscale et proposer des solutions collectives, toujours dans l'intérêt général. Ensuite, je voudrais transmettre aux élus tout ce qui leur sera utile pour exercer au mieux leur mandat au plus près de leurs compatriotes, répondre et résoudre les problèmes qui leur sont présentés. Enfin, je souhaite préparer le renouvellement.

J'aimerais également terminer une réflexion que j'ai entreprise sur notre diaspora, convaincue que tant que nous n'aurons pas changé la vision que les métropolitains ont de nous, rien ne pourra changer. Nous demanderons toujours plus sans être écoutés, notre valeur ajoutée à la diffusion de notre langue et culture ne sera jamais appréciée à sa juste valeur et nous n'obtiendrons jamais les moyens dont nous avons besoin pour soutenir nos réseaux économiques. Les ajustements budgétaires toucheront nos crédits tant que nous souffrirons des clichés liés à l'expatriation et à ses privilèges, disparus depuis longtemps. Je souhaite continuer à participer activement à changer tout cela après avoir donné aux près de trois millions de compatriotes vivant à l'étranger une représentation locale et de proximité avec les conseillères et conseillers des Français de l'étranger.  

 

Les questions de défense et de  sécurité sont pour moi primordiales alors que tant de populations civiles payent un immense prix du sang.

 

Comment voyez-vous ce possible nouveau mandat ?

Avec la même passion et la même sincérité dans mon engagement, je continuerai à me battre pour répondre aux défis colossaux que  j’évoquais à l’instant : les enjeux démocratiques, sociaux, culturels et éducatifs, climatiques dans un contexte de recrudescence des guerres et des tensions politiques. 

Les questions de défense et de  sécurité sont pour moi primordiales alors que tant de populations civiles payent un immense prix du sang. C'est le cas au Soudan, en Ethiopie, au Sahel ou en Ukraine mais également en Afghanistan et en Iran où les femmes sont souvent les premières concernées. Je continuerai à être toujours auprès de celles et ceux qui sont opprimés et menacés, et surtout auprès de nos compatriotes quand ils sont en danger. 

Je le conçois également comme un combat politique contre la montée des extrémismes qui mettent à mal nos institutions, menacent notre démocratie et nos valeurs. 

Je le vois enfin comme un mandat résolument internationaliste, au contact de nos compatriotes sur tous les continents pour faire avancer les sujets qui leur importent. Nous, les parlementaires, ne sommes que des relais entre les problèmes tels qu'ils nous sont présentés et les décideurs qui doivent les résoudre. Nous devons travailler avec les bons interlocuteurs qui apporteront ces solutions. Pour cela, nous devons être à l'écoute et au plus près de la réalité vécue au quotidien et non celle imaginée à Paris. 

 

Connaître , pour les avoir vécus, l’ensemble des sujets qui concernent les Françaises et Français de l’étranger, quel que soit leur pays ou leur continent.

 

Qu’est-ce qui caractérise selon vous le rôle du sénateur ?

Une sénatrice, pour moi, c’est avant tout la disponibilité dont nous devons faire preuve sept jour sur sept. C’est également une parfaite connaissance de sa circonscription, c'est à dire du monde pour nous. Connaître , pour les avoir vécus, l’ensemble des sujets qui concernent les Françaises et Français de l’étranger, quel que soit leur pays ou leur continent. Pour cela, il faut être le plus souvent possible sur le terrain , être à l’écoute, enregistrer toutes les sollicitations et, de retour à Paris, y apporter des solutions rapidement. Parfois, il suffit de saisir l'administration compétente, parfois, il faut  changer la loi. Mon bilan montre que je ne lâche jamais rien. 

 

J’ai tenté de différentes façons, à travers les différentes fonctions que j’ai occupées, de faire disparaitre certains clichés anciens qui relèvent de l'idée que l’expatriation serait faite de privilèges divers et variés ou liés à de l’exil fiscal

 

Les Français peuvent se sentir, à tort ou à raison, parfois oubliés par l’Etat français. Quel est votre sentiment ?

C’est une réalité car ils sont loin. Certains souhaitent d’ailleurs se faire oublier en ne s’enregistrant pas au registre des Français de l’étranger dans les consulats et en évitant de s’engager ou de se faire connaître auprès d’associations françaises locales jusqu’au moment où ils ont besoin de se rattacher à leur pays natal. 

En allant en circonscription, il faut s’assurer de pouvoir avoir accès à ces communautés. Cela se fait par le biais des associations et sociétés d'entraide qui sont nombreuses. Je fais un point d’honneur à les rencontrer à chaque déplacement. Ce sont elles qui sont à l’écoute et au contact des plus vulnérables et de celles et ceux qui rencontrent des difficultés mais qui ne sont pas forcément connus de nos représentations consulaires.

Pour les entrepreneurs, les cercles économiques tels les chambres de commerce, les sections des conseillers du commerce extérieur et Business France offrent les conseils et le soutien dont ils peuvent avoir besoin. En fait, dans tous les secteurs, nous avons souvent tous les outils pour venir en aide mais ceux-ci ne sont pas suffisamment connus, ni soutenus d'où le sentiment d'être oublié. 

J’ai tenté de différentes façons, à travers les différentes fonctions que j’ai occupées, de faire disparaitre certains clichés anciens qui relèvent de l'idée que l’expatriation serait faite de privilèges divers et variés ou liés à de l’exil fiscal. Et pourtant celui-ci perdure et ne fait pas de nous une priorité pour le gouvernement quand nous réclamons plus de solidarité nationale. 

Il est important de prendre le temps d'écouter, comprendre, apprendre et ensuite analyser et répondre au mieux à toutes les demandes. Cela se fait notamment par le travail législatif en rattachant à chaque texte de loi examiné au Sénat un amendement ou un article qui va faire la différence et qui va inclure les Français de l’étranger dans les nouvelles mesures proposées dans les textes afin de rappeler dans le débat public l’existence de ces communautés et les nombreux défis qui leur sont inhérents.

Mon sentiment est qu’il faut faire preuve de tenacité, que ce combat pour changer la vision que l’on peut avoir de l’étranger doit continuer à être travaillé pour montrer la façon dont les Français de l’étranger vivent réellement au quotidien. Cela commence au Parlement puisque les sujets qui nous intéressent ne sont pas nécessairement partagés par nos autres collègues parlementaires.

 

Les changements de mentalité autour de l’expatriation et des Français de l’étranger demandent du temps et de l’expérience.

 

Quels sont les principaux défis des Français de l’étranger ?

Le premier défi est de renforcer l’accès aux services publics, notamment dans les consulats. Pour cela, nous avons besoin d'augmenter les effectifs et les moyens consulaires. J’ai défendu de très nombreux amendements en ce sens, rejeté à chaque fois par la droite sénatoriale majoritaire et le gouvernement. Dans la même logique, il faut faire en sorte que toutes les familles aient accès facilement au réseau éducatif français à l’étranger : les écoles françaises conventionnées et homologuées par l’AEFE, les établissements scolaires de la mission Laïque Française, les programmes FLAM, les Alliances françaises et Instituts français ou encore les écoles locales détenant le label FrancEducation. La privatisation du réseau scolaire n'est certainement pas la réponse à apporter. En matière d’économie, le réseau actuel mérite d'être renforcé en améliorant ses connections et ses performances pour former une équipe France compétitive. Nous pouvons compter sur l’engagement de Business France, des chambres de commerce et des conseillers du commerce extérieur avec lesquels j’entretiens des contacts permanents.

Le deuxième défi est de répondre aux demandes d’une population française à l’étranger de plus en plus importante. Grâce à la mobilité grandement facilitée aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont en capacité de s’établir à l’étranger. Une bonne préparation s'impose avant le départ, avec une meilleure communication, davantage accessible et une fois sur place, une communication autour des relais français à l’étranger : les conseillers des Français de l'étranger,  les services publics via les consulats, les entreprises via Business France et les sections des conseillers français du commerce extérieur, les écoles et les sociétés d'entraide .

Les changements de mentalité autour de l’expatriation et des Français de l’étranger demandent du temps et de l’expérience. Je suis déterminée à poursuivre les efforts engagés depuis 2017 et à relever  avec les Français du monde,  les nombreux et grands défis qui nous attendent. 

 

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